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Mitt Romney ne se serait pas présenté s'il avait su qu'il devrait donner ses feuilles d'impôts

Romney ne se serait pas présenté s'il avait pensé devoir révéler sa fortune
Getty Images

Depuis l'annonce de sa candidature pour le poste de gouverneur du Massachusetts en 2002, Mitt Romney s'était toujours refusé à rendre public ses feuilles d'imposition et il pensait bien ne jamais devoir à le faire, comme l'ont confié au Huffington Post plusieurs dirigeants et anciens dirigeants de la compagnie Bain Capital (co-fondée par le candidat républicain). Ces sources, qui côtoient et connaissent Mitt Romney depuis longtemps, affirment que si ce dernier avait pensé devoir un jour le faire, il ne se serait jamais lancé dans la course à la présidentielle.

Les dirigeants de Bain Capital ont par ailleurs déclaré qu'on leur avait demandé de garder toute information relative à l'entreprise et, plus spécifiquement, aux rôle et revenus de Mitt Romney, strictement confidentiel, renforçant un peu plus le secret qui entoure cette société.

Cependant les pressions se sont accentuées sur le candidat républicain. Et mardi, ce fut au tour de la très conservatrice National Review d'ajouter sa voix au concert des élus républicains qui exhortent Mitt Romney de rendre ses feuilles d'imposition public, notamment celles concernant les années antérieures à 2010. En effet, depuis quelques semaines, l'équipe de campagne d'Obama ne cesse d'alimenter les polémiques sur les activités de Romney au sein de Bain Capital. Car alors que ce dernier affirme avoir cessé toute activité en février 1999, des documents, ainsi que son propre témoignage, viendraient prouver le contraire, si bien que la publication des feuilles d'imposition de Romney est devenue l'objectif premier de tout le camp Obama.

Pour l'instant, l'intense polémique autour de ses années passées à Bain Capital ne semble avoir fait que renforcer l'opposition de Romney concernant toute publication de ses finances. Ainsi a-t-il déclaré à la National Review qu'il n'était "guère enthousiaste" à l'idée de fournir aux démocrates des milliers de pages qu'ils n'hésiteront pas à retourner contre lui, en "déformant et faisant mentir" les chiffres.

Interrogée sur les déclarations des dirigeants de Bain Capital, la porte-parole de Romney, Andrea Paul, a répondu, elle, que "des rumeurs colportées par des gens que Mitt Romney n'a peut-être jamais côtoyés et qui ne font que répéter des propos d'une source tout aussi inconnue ne devraient pas justifier la publication de tels articles".

Alors que de son côté, Mitt Romney préfère de nouveau botter en touche plutôt que de rendre public ses feuilles d'imposition antérieures, les gens qui affirment le connaître ont fait remarquer que le candidat ne faisait pas toujours ce qu'il voulait.

Partagé entre son désir d'être président et sa conviction profonde quant au fait que personne ne devrait l'obliger à publier des informations personnelles, Mitt Romney pourrait s'en remettre aux analyses des derniers sondages, comme il le fait souvent pour les décisions importantes. Et si sa chute dans les sondages se confirmait et si la peur de la défaite se faisait plus pressante, le candidat républicain pourrait alors bien revoir sa stratégie.

Pendant ce temps et face au peu d'informations données par le clan Romney, toute un série d'explications sur l'entêtement du candidat républicain sont venues attiser le débat. L'équipe de campagne d'Obama a laissé sous-entendre l'idée que leur adversaire n'aurait peut-être pas tout déclaré aux impôts certaines années. D'autres se sont demandés si le refus de Romney ne pourrait peut-être pas s'expliquer par le fait qu'il serait lié au scandale des évasions fiscales vers la Suisse, qui avait éclaté en 2009.

Devant la levée de boucliers que suscite cette affaire, des sources proches de Romney s'évertuent à répéter que le candidat républicain pense tout simplement que les électeurs n'ont pas de droit regard sur ce qui devrait rester des informations financières strictement privées.

Toujours est-il que vu la façon dont les déclarations de revenus de Romney pour l'année 2010 ont été passées au crible, le candidat républicain peut redouter le pire. En effet, le fait qu'il possède, comme il l'a déclaré sur sa feuille d'imposition de 2010, un compte en Suisse (fait sans précédent pour un candidat à la présidentielle) a renforcé auprès de l'opinion publique l'image d'un homme riche, peu familier avec les soucis quotidiens des Américains ordinaires. De même, les déclarations fiscales de Bain Capital, qui montrent que plusieurs de ses filiales sont basées dans les Bermudes ou les îles CaÏmans, deux lieux réputés pour être des paradis fiscaux, ne sont pas venues améliorer l'image du candidat Romney.

Pour sa défense, le chef de file des Républicains a expliqué à la National Review que la société établie dans les îles Caïmans avait été créée justement là-bas pour permettre aux compagnies étrangères d'investir aux Etats-Unis sans devoir payer les taxes américaines. "Le soi-disant compte offshore basé dans les îles Caïmans est un compte ouvert par une société américaine qui permet aux entrepreneurs étrangers d'investir dans les entreprises américaines sans être soumis aux impositions en dehors de leur propre juridiction. Aussi, dans la plupart des cas, ces investissements contribuent à l'économie américaine. Le monde de la finance n'est pas aussi simple que certains aimeraient le croire", a déclaré le candidat à la présidentielle.

Pour l'heure, Romney réaffirme vouloir garder ses déclarations de revenus confidentiels: "vu le contexte politique actuel, l'équipe de campagne d'Obama cherche n'importe quel moyen pour détourner l'attention des Américains du vrai problème, c'est-à-dire de l'échec du président américain à relancer notre économie. Et je ne suis tout simplement pas enthousiaste à l'idée de leur fournir des centaines ou des milliers de pages qu'ils pourraient déformer et détourner en leur faveur."

Cet article a été actualisé avec les éléments de réponse apportés par l'équipe de campagne de Mitt Romney.

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Ed Conard

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