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Négociations suspendues: les étudiants solidaires

La CLASSE amère
PC

La Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) et la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) suspendent les discussions avec le gouvernement en réaction à l'exclusion de la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE).

Les deux fédérations accusent la ministre Line Beauchamp de court-circuiter les discussions au moment où le premier délai de 48 heures n'était pas encore expiré. Selon elles, le gouvernement n'avait aucune raison valable d'exclure la CLASSE de la table de négociations, dans la mesure où les manifestations évoquées par la ministre pour exclure la CLASSE n'étaient pas organisées par la coalition.

Les présidents de la FEUQ et de la FECQ, respectivement Martine Desjardins et Léo Bureau-Blouin, se sont dits « extrêmement déçus » et ont fait appel au « sens des responsabilités » de la ministre.

« Pour nous, c'est une très grande déception de voir qu'on cherche comme ça à tout prix à éjecter un des acteurs importants du mouvement de mobilisation. Donc dans ce contexte-là, on n'a d'autre choix que de suspendre le processus de discussion jusqu'à ce que la situation se clarifie. » - Léo Bureau-Blouin

Quant à la teneur des discussions, les deux représentants ont affirmé que le gouvernement ne semblait pas avoir de réelle volonté de s'attaquer au noeud du problème, soit la hausse des droits de scolarité.

« C'est assez. On n'est pas présentement dans une classe, la ministre doit arrêter de jouer à la maîtresse d'école, à donner des punitions et des conséquences à tout le monde. Elle doit s'asseoir et négocier de bonne foi avec nous, parce que visiblement, il n'y a aucune ouverture claire de la part de la ministre qui a été là 1 heure sur les 40 dernières heures, c'est inadmissible. » - Martine Desjardins

Trêve « unilatérale », selon la FEUQ

Martine Desjardins a jugé que la trêve décrétée par Mme Beauchamp était « encore une fois une condition qui venait jeter de l'huile sur le feu », disant du même coup que cette trêve était « unilatérale ». La présidente de la FEUQ a déploré que les conditions que devait remplir le gouvernement n'aient pas été remplies, le premier ministre Charest ayant appelé les étudiants à rentrer en classe et à mettre fin à la grève. « On a vu aussi plusieurs administrations demander des injonctions face aux associations étudiantes. Ce n'est pas comme ça qu'on réussit à avoir un climat qui favorise la discussion », a-t-elle affirmé.

La FEUQ a par ailleurs réitéré son offre d'offrir deux places à la CLASSE au sein de sa délégation à la table de discussion. La CLASSE a indiqué qu'elle comptait accepter les places proposées par la FEUQ au cas où les pourparlers reprendraient. « Nous accepterons la main tendue », a déclaré Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de la CLASSE.

La FECQ et la FEUQ disent maintenant attendre la réaction du cabinet de la ministre de l'Éducation quant à cette proposition.

Line Beauchamp avait, quelques instants auparavant, annoncé que la CLASSE ne prendrait plus part aux discussions avec le gouvernement. Selon la ministre, la CLASSE s'est « exclue elle-même » des discussions, puisqu'une manifestation marquée par des gestes de violence, mardi soir à Montréal, avait été annoncée sur son site web. Mme Beauchamp a déploré que la CLASSE n'ait pas dénoncé les violences commises lors de cet événement. Elle a ajouté que d'autres manifestations annoncées sur le site de la coalition le sont « sur un ton provocateur ».

« Nous ne pouvons tolérer les actes de violence commis au cours des dernières heures. Nous avions clairement demandé une trêve de la part des manifestants pendant la période de discussion amorcée lundi après-midi », a précisé la ministre.

« On ne peut plus jouer sur les mots. On ne peut plus utiliser l'ambiguïté pour échapper à ses responsabilités. On ne peut pas dire qu'on se dissocie d'un événement et en faire la promotion en même temps sur son site Internet. Je déplore sincèrement que la CLASSE ait choisi son camp, soit celui de la perturbation. » - Line Beauchamp

Une tentative de diversion, estime la CLASSE

La CLASSE affirme se son côté que son exclusion des négociations n'est qu'une tentative de diversion de la part de la ministre de l'Éducation pour éviter d'aborder de front la question du financement de l'éducation supérieure.

En conférence de presse, l'un des deux porte-parole de la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois, a précisé que loin de contribuer à régler le conflit, la ministre ne fait que jeter de l'huile sur le feu, après 40 heures de négociations.

« L'enjeu de fond n'est pas quelques bombes fumigènes, c'est la hausse des frais de scolarité. » - Gabriel Nadeau-Dubois

Pour le porte-parole, il ne s'agit de la part du gouvernement que d'une manoeuvre de sabotage. « Nous avions des initiatives concrètes à proposer. Mais en 40 heures, le sujet de la hausse des frais a à peine été effleuré, ce qui est problématique », a-t-il ajouté.

M. Nadeau-Dubois a encore une fois rappelé les limites de son rôle dans la structure démocratique de la CLASSE, affirmant ne pas avoir « le pouvoir d'appeler au calme », et que cela n'était pas son rôle. « Il n'y a aucun individu qui soit capable de contrôler 86 000 personnes », a-t-il ajouté.

Gabriel Nadeau-Dubois a par ailleurs pris les devants et précisé que la manifestation prévue mercredi soir, à Montréal, n'est pas une manifestation organisée par la CLASSE.

L'autre porte-parole de la CLASSE, Jeanne Reynolds, a de son côté précisé, lors d'une manifestation à Montréal en après-midi, que le site web de la CLASSE est tenu par des bénévoles, qui y annoncent les événements liés à la grève, dont des événements organisés par diverses associations étudiantes. « On l'a clairement dit que ce n'est pas nous qui avons organisé la manifestation d'hier, et quand on organise une manifestation, on ne se gêne pas pour le dire non plus », a dit Jeanne Reynolds.

Si le porte-parole de la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois, s'est dissocié de ce rassemblement et a déclaré ne pas savoir qui l'avait organisé, il n'en reste pas moins que les organisateurs avaient annoncé leurs intentions sur le site de la CLASSE.

Des étudiants ont manifesté spontanément à Québec, mercredi, pour protester contre la décision de la ministre Line Beauchamp d'exclure la CLASSE des négociations.

À Montréal, une manifestation déjà programmée s'est mise en branle au parc Émilie-Gamelin vers 14 h. Après avoir appris la décision de la ministre, les manifestants ont emprunté un parcours qui n'avait pas été dévoilé aux autorités pour se rendre devant les bureaux montréalais du premier ministre Jean Charest.

Le PQ suggère une suspension de la hausse pour 2012

Le chef péquiste Pauline Marois réagit à la suspension des négociations entre le gouvernement et les étudiants.

La chef de l'opposition officielle à Québec, Pauline Marois, a estimé que dans le climat actuel, la seule chose à faire pour le gouvernement est de suspendre la hausse pour 2012. « C'est assez, le gouvernement doit prendre ses responsabilités et régler le conflit », a dit la chef péquiste.

Mme Marois a par ailleurs tenu à condamner « sans réserve » les violences, « comme nous l'avons toujours fait depuis le début du conflit », et a appelé les manifestants au calme. « Il est temps que les esprits se refroidissent, un dialogue ne peut avoir lieu présentement », a déclaré Mme Marois.

« J'en appelle aux étudiants : les gestes que nous avons vus au cours des dernières heures ne servent que les intérêts du premier ministre. » - Pauline Marois

Pour Amir Khadir, co-porte-parole de Québec solidaire, la balle est dans le camp du premier ministre. « Aucun gouvernement ne gagne en entrant en confrontation avec sa jeunesse », a-t-il dit.

« M. Charest doit cesser d'écouter uniquement le patronat et des entreprises minières », a-t-il souligné, tout en disant comprendre les étudiants qui ne veulent pas tomber dans le piège de la division.

De son côté, François Legault, chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), est d'accord avec la décision de la ministre Line Beauchamp, même si le processus de négociation est venu très tard.

M. Legault pense que la FEUQ et la FECQ doivent revenir à la table des négociations, « sinon elles devront porter l'odieux de l'échec des négociations ».

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