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Sida: sauver toujours plus de vies

Quand je suis devenue secrétaire d'Etat, j'ai demandé à nos diplomates et nos experts en développement: "Comment pouvons-nous faire mieux?" Je pouvais bien voir nos forces, comprenant des dizaines de milliers de fonctionnaires se levant chaque matin en pensant à la façon de faire avancer les intérêts américains et de promouvoir nos valeurs à travers le monde.
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U.S. Secretary of State Hillary Rodham Clinton speaks before a meeting with the Independent Electoral and Boundaries Commission and Civil Society at the Intercontinental Hotel in Nairobi, Kenya, Saturday, Aug. 4, 2012. (AP Photo/Jacquelyn Martin, Pool)
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U.S. Secretary of State Hillary Rodham Clinton speaks before a meeting with the Independent Electoral and Boundaries Commission and Civil Society at the Intercontinental Hotel in Nairobi, Kenya, Saturday, Aug. 4, 2012. (AP Photo/Jacquelyn Martin, Pool)

Quand je suis devenue secrétaire d'Etat, j'ai demandé à nos diplomates et nos experts en développement: "Comment pouvons-nous faire mieux ?" Je pouvais bien voir nos forces, comprenant des dizaines de milliers de fonctionnaires se levant chaque matin en pensant à la façon de faire avancer les intérêts américains et de promouvoir nos valeurs à travers le monde.

Dans le même temps, je pouvais également voir des domaines dans lesquels nous pourrions être des partenaires plus forts, et où nous pourrions faire plus pour tirer le meilleur parti de nos heures de travail et de nos financements. Je l'ai vu dans notre diplomatie, dans nos efforts de développement, et surtout dans notre action pour une meilleure santé dans le monde.

L'Amérique a été en tête de la lutte pour une meilleure santé dans le monde depuis des décennies. Durant l'administration de mon mari, nous avons commencé à rendre les traitements contre le sida plus abordables, intensifié le combat contre l'expansion du sida en Inde et en Afrique, et augmenté les investissements pour la recherche scientifique. Sous la présidence de George W. Bush, nous avons pris des engagements historiques -contre le sida et la malaria en particulier- qui ont sauvé des millions de vies.

Le peuple américain est fier avec raison de tous ces investissements. Même durant la pire récession économique depuis plus d'une génération, l'administration d'Obama s'est engagée à les maintenir et à les étendre. Mais nous avons reconnu que pour soutenir l'impact de notre travail, nous devions changer notre façon d'agir.

Par exemple, alors que nos agences agissent très bien toutes seules, elles pourraient faire encore mieux en collaborant ensemble. Les équipes du PEPFAR (le plan présidentiel d'aide d'urgence à la lutte contre le sida à l'étranger) travaillent avec un pays pour développer un plan de lutte contre le sida ; or, notre équipe "malaria" travaille à un plan anti-malaria avec ce même pays de façon isolée. Souvent, nous ne faisons pas non plus assez pour coordonner nos efforts avec les autres donateurs ou nos partenaires dans les autres pays. Et nous ne construisons pas de systèmes assez solides pour permettre à nos pays partenaires de mieux gérer leurs propres besoins dans le domaine de la santé.

Le résultat? Nous étions involontairement en train de mettre une limite aux nombre de vies que nous pouvions sauver. Non seulement nous pouvions devenir plus efficaces, mais surtout nous le devions. Et nous devions passer d'un système d'aide globale à la santé, à un système d'investissement global dans la santé -en utilisant nos fonds comme détonateurs pour provoquer des progrès venant du pays lui-même.

Nous avons commencé par définir un ensemble de sept principes conduisant notre travail sous le nom de Global Health Initiative. Parmi ceux-ci, nous avons souligné l'indépendance du pays -l'objectif étant que les efforts d'une nation soient conduits, implantés, et finalement payés par son propre gouvernement, ses communautés, sa société civile et son secteur privé. Nous avons élevé le rôle des femmes dans tous nos programmes, parce que preuve a été faite que des femmes en bonne santé entraînent des familles et des entreprises aussi en bonne santé. Et nous avons augmenté la solidité des systèmes de santé pour qu'ils soient durables et pour s'assurer que ces programmes travaillent plus ensemble.

Nous avons réorganisé beaucoup de nos programmes pour qu'ils soient en adéquation avec ces principes. Chacune de nos équipes locales sait maintenant se situer au sein d'une vision et d'un programme plus cohérents, basé sur un système de santé établi par le pays où elle se déploie. Nous avons également franchi plusieurs étapes pratiques pour diminuer nos coûts, comme utiliser désormais les génériques des médicaments contre le sida, ce qui a permis de réaliser une économie de 380 millions de dollars juste en 2010.

Et nous avons fait de la santé dans le monde l'une de nos priorités diplomatiques -parce que combattre la maladie nécessite une direction politique. Les donateurs et les partenaires locaux doivent faire de la santé une priorité budgétaire. Leurs politiques doivent refléter un engagement à long terme pour améliorer l'accès aux soins pour tous, et non pas réservé à quelques privilégiés. Ils doivent lutter contre la corruption. Tout ceci constitue en soi des défis politiques. J'ai donc demandé à nos ambassadeurs à travers le monde de mettre la santé au centre de leurs discussions avec les présidents, les premiers ministres et les responsables hors gouvernement.

Qu'est-ce que cela signifie en termes concrets ?

A travers notre diplomatie pour une meilleure santé dans le monde, nous avons aidé à amener de nouveaux partenaires à la table tout en y gardant les anciens. Quand nous avons placé 4 milliards de dollars au Fonds Global pour la lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria, nos autres donateurs y ont rajouté 7 milliards de dollars.

Nous sommes en train d'abattre les murs qui séparaient auparavant nos équipes et -plus important encore- en y intégrant les services de santé dont les patients avaient besoin. Par exemple, nous soutenons l'encadrement de professionnels de santé dans la partie rurale du Malawi, qui font du porte-à-porte pour proposer de nombreux services, incluant test du sida et consultations à ce sujet, bilan nutritif, planning familial, et radios pour la tuberculose.

Nous avons aussi constaté que les pays à faibles et moyens revenus sont désormais plus nombreux à investir plus d'argent dans la santé de leurs habitants. En début d'année, l'USAID (Agence des États-Unis pour le développement international) a ainsi travaillé avec l'Inde et l'Ethiopie pour amener 80 pays à s'accorder sur une feuille de route devant mettre fin aux morts d'enfants pouvant être évitées. Ensemble, nous avons pris des engagements concrets sur cinq stratégies spécifiques -du placement de fonds prioritaires aux populations les plus touchées à l'encouragement à de nouvelles recherches et innovations- qui accélèreront nos progrès pour qu'un jour tous les enfants puissent fêter leur cinquième anniversaire.

Et tous nos efforts pour promouvoir l'indépendance des états en matière de santé sont en train de payer. Le PEPFAR, par exemple, est en train de sortir de son "mode urgence" pour construire des systèmes de santé durables. Il est difficile d'exagérer l'importance de ce bouleversement. Un peu plus tôt cette année, je me suis rendue en Afrique du Sud, où nous nous étions mis d'accord sur une série d'étapes visant à placer ce pays en tête de la lutte contre le sida, en même temps que les deux pays s'engageait à élargir l'accès à la prévention, aux soins, et aux traitements à plus de gens. En se plaçant en tête de cet effort, le gouvernement sud-africain s'assure que sa stratégie nationale sera durable et répondra encore mieux aux besoins spécifiques de ses différentes communautés. Nous voulons voir plus de pays partenaires prendre ce type de rôle prépondérant quand ils seront prêts.

Tout ce travail donne des résultats. Avec nos partenaires, nous procurons des traitements vitaux contre le sida à 4,5 millions de personnes, un chiffre qui a augmenté de 160% depuis 2008. Dans le même temps, le nombre de personnes bénéficiant de mesures de prévention de la malaria est passé à 58 millions, une augmentation de 132 %. La mortalité des mères dans nos pays partenaires a baissé de 15% ces quatre dernières années, et devrait atteindre 26% de moins l'an prochain.

Bien sûr, mettre tous ces principes en pratique n'a pas toujours été facile. Il y a eu des remous en chemin. Des pays ont fait plus de progrès que d'autres. Mais notre mission reste la même : continuer à faire des progrès ensemble et à les étendre à plus de gens dans plus d'endroits. Nous poursuivrons donc notre travail avec nos partenaires locaux pour maximiser l'impact de tous nos investissements.

Nous avons aussi élevé le rôle critique que joue la diplomatie en faveur de la santé mondiale pour s'assurer de la poursuite des avancées. Le département d'Etat est en train de créer un nouvel Office of Global Health Diplomacy, dirigé par un Ambassadeur Extraordinaire, qui apportera les pleins pouvoirs à la diplomatie américaine pour faire avancer nos objectifs en termes de santé mondiale. Cela veut dire encourager les autres donateurs à maintenir ou à augmenter leurs contributions ; encourager les pays partenaires à prendre leurs responsabilités, et coordonner les organisations internationales de santé, les acteurs de la société civile, ceux du secteur privé, les organisations religieuses et les fondations. Ce bureau soutiendra aussi nos ambassadeurs en leur donnant les informations et les outils dont ils ont besoin pour avoir un plus grand impact sur les lieux où le travail réel sur l'accès aux soins se fait.

Pour finir, dans l'esprit du vieil adage: "Ce qui est mesuré sera fait", nous sommes en train de tester une fiche d'évaluation qui nous permettra, ainsi que nos partenaires, de faire le point sur nos progrès dans la création de systèmes de santé durables et indépendants dans le pays. Nous établissons des objectifs et nous vérifierons régulièrement pour voir où nous en sommes. Nous voulons que nos progrès soient visibles et que nos partenaires nous mettent au défi. Ils peuvent s'attendre à ce que nous fassions de même.

Pour résumer, les investissements de l'Amérique pour une meilleure santé dans le monde, sauvent des vies. Ils nous rassurent sur nos valeurs et les améliorent. Chaque nation -pays partenaires et donateurs- a besoin d'investir dans la santé. C'est une des étapes indispensables pour construire le monde plus sécurisé et plus juste que nous voulons tous.

Ce texte a d'abord été publié sur Global Health and Diplomacy Magazine.

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