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Forum social mondial: par terre, pour la Terre

Le thème de la rencontre de Montréal est «Un autre monde est nécessaire». Un autre modèle l'est également. Imaginez qu'un jour les deux forums, le social et l'économique, marchent main dans la main sur un plan égalitaire pour un monde équilibré.
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Vous connaissez sans doute le Forum économique mondial (FEM), ou du moins sa rencontre annuelle de Davos. Tous les mois de janvier, 2500 des personnes les plus influentes au monde envahissent ce lieu de villégiature suisse pour faire bouger le monde, tout en s'assurant qu'il demeure solidement enraciné dans la mondialisation de l'économie.

Avez-vous déjà entendu parler du Forum social mondial (FSM)? Ce dernier risque d'attirer vingt fois plus de gens à Montréal le mois prochain, pour faire changer les choses d'une autre façon, par exemple pour déstabiliser les assises de ce qui est considéré comme la «crise du capitalisme». Le FSM en sera à sa douzième rencontre annuelle, mais ce sera la toute première dans le «Nord» (les autres rencontres ont eu lieu au Brésil, en Inde, en Tunisie, etc.).

Ne soyez pas honteux si vous n'avez jamais entendu parler du FSM. J'ai récemment prononcé une conférence devant 300 personnes à HEC Montréal. À peine dix personnes connaissaient déjà le FSM et savaient que la prochaine rencontre aurait lieu sous peu dans leur propre ville.

Un conte de deux forums

Tel est l'état actuel du monde: axé sur l'aspect économique au détriment de l'aspect social. Le FEM se targue d'être «l'organisation internationale de la coopération public-privé», de même que de la cooptation, grâce à sa promotion fructueuse de la globalisation. Le secteur privé mène le bal, le secteur public lui emboîte le pas, tandis que le secteur pluriel (la société civile) traîne derrière.

J'ai prononcé quelques conférences à Davos. En 2006, j'ai participé à une séance intitulée Global Business: Survivor or Scapegoat [Le commerce international : survivant ou souffre-douleur]. Un choix éloquent! (Évidemment, c'est le choix que se plaisent à répéter ces commentateurs qui ont eu tôt fait de rejeter le récent vote pour le Brexit.)

À Montréal, le mois prochain, ne vous attendez pas à quelque chose à l'image de Davos. Le FEM attire l'élite; son programme est truffé de grands noms, sans qu'ils aient nécessairement quelque chose de nouveau à dire; et l'organisation aime bien les «jeunes leaders mondiaux» (vraisemblablement choisis par les vétérans leaders mondiaux).

Le FSM attire les militants, organise ses rencontres autour d'ateliers autogérés et fait la promotion de la collaboration -, que je me plais à nommer communityship [le sens de la communauté] par opposition au leadership. Il s'agit d'une rencontre de personnes moins préoccupées par les transactions, les «deals», que par leurs répercussions.

La rencontre du FEM fait l'objet d'une importante couverture médiatique. Le FSM peine à faire parler de lui dans sa ville hôte, sans mentionner dans le monde entier. Si le FEM est une affaire de pouvoir au nom du changement, le FSM est plutôt une affaire de changement face au pouvoir.

Il s'agit là de deux principaux modèles de changement pour ce monde en bouleversement, mais aucun des deux ne fonctionne. Le premier échoue parce qu'il réunit les gens qui ont le plus profité de certains de nos principaux problèmes: les inégalités de revenus, l'économie de la consommation et la globalisation inéquitable. L'autre échoue parce qu'il n'a pas le pouvoir, et n'obtient pas l'attention nécessaire pour s'attaquer à ces problèmes, sans parler de son propre manque d'organisation. (Les entreprises se prennent en main collectivement pour obtenir ce qu'elles désirent -- comme des réductions d'impôt --, alors que les associations du secteur pluriel ne le font pas. Pour paraphraser une chanson de Tom Lehrer : le FSM fredonne peut-être les bonnes mélodies, mais le FEM gagne la partie.) Conjointement, ce n'est pas un mélange heureux pour un monde troublé.

Le thème de la rencontre de Montréal est «Un autre monde est nécessaire». Un autre modèle l'est également. Imaginez qu'un jour les deux forums, le social et l'économique, marchent main dans la main sur un plan égalitaire pour un monde équilibré. En attendant impatiemment ce moment, permettez-moi de vous présenter ce que nous avons organisé à Montréal pour donner un petit coup de pouce afin d'orienter le monde dans la bonne direction.

Notre marche

Notre petite équipe de McGill s'affaire à préparer trois activités. Je m'entretiendrai au sujet de mon dernier ouvrage, Rebalancing Society, alors qu'un groupe d'experts se questionnera sur la manière dont le secteur pluriel peut s'organiser collectivement pour aider à redonner un certain équilibre à ce monde bouleversé.

Nous sommes particulièrement emballés par notre atelier autogéré intitulé Par terre, pour la Terre : ensemble pour régénérer la planète. L'atelier se tiendra sur cette terre le mercredi 10 août de 9 h 15 à 15 h au (Pour de plus amples renseignements, cliquez ici) Des participants du monde entier se rencontreront et formeront de petits groupes; chacun se concentrera sur un enjeu donné, par exemple :

  • Qu'est-ce que je peux faire sur le plan personnel pour contrer les changements climatiques?
  • Comment peut-on remettre en question de façon créative les pratiques environnementales les plus destructrices?
  • Comment rendre notre ville plus respectueuse de l'environnement?
  • Comment bâtir des sociétés du mieux en mieux plutôt de que des économies du plus en plus?
  • Comment le FSM peut-il devenir le moteur qu'est devenu le FEM?

Les groupes mettront ensuite leurs propositions de changement en commun, et quelques propositions seront retenues pour être présentées à l'assemblée. Cinq propositions extraordinaires feront l'affaire (mais personne ne se plaindra si nous en avons 50). Nous réfléchirons ensuite à ce qui peut être rapporté chez soi pour passer à l'acte, dès la semaine suivante. Si 100 personnes rentrent à la maison résolues à faire une différence, nous en serons heureux; si 1000 personnes le font, nous serons comblés.

Soyez des nôtres! Nous garantissons des frais d'inscription peu élevés. À 40 $, cela représente 0,0005 du coût de Davos (enfin la chance de faire partie du 0,1 %!). Vous pouvez vous inscrire en cliquant ici. Nous pouvons également garantir bien plus de plaisir: un laboratoire vivant, un pique-nique climatique à développer soi-même, sur la terre. Sait-on jamais, peut-être pourrions-nous réussir à faire bouger la planète!

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