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Lente reprise économique dans le marché de l'art au Québec

À l'ère du numérique, où même l'art traditionnel est menacé par un art de reproduction, vers quelle qualité d'œuvres allons-nous si on néglige aujourd'hui nos artistes peintres, sculpteurs, photographes d'art ? Quel héritage laisserons-nous aux prochaines générations d'artistes ?
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Au Québec, on assiste depuis plus d'un an à une reprise économique dans le secteur du marché de l'art. Si certains artistes, choyés par la fidélité d'une clientèle aisée, ont à peine senti la crise économique de ces dernières années, d'autres, par contre, ont été contraints de trouver refuge dans un boulot de survie.

Il est de plus en plus rare, de nos jours, de trouver des artistes en arts visuels qui vivent entièrement des ventes de leurs œuvres. Ils ont, pour la plupart, un boulot alimentaire qui les aide à poursuivre parallèlement leur carrière artistique. Certains artistes proposent des cours de peinture ou des ateliers de perfectionnement en dessin pour rester dans le contexte, d'autres n'ont pas d'autres choix: ils doivent aller travailler chez un employeur. Une situation qui nuit à la quantité et à la qualité d'œuvres produites chez l'artiste qui n'a plus le temps ni l'énergie de reprendre ses outils de travail comme avant. Cette perte d'artistes professionnels à temps plein pourrait marquer le visage du marché québécois de l'art contemporain, déjà en mauvaise santé par rapport au marché de l'art en Europe.

Les symposiums de peinture au Québec, qui ont généralement lieu l'été, à la belle saison, sont une nécessité pour les artistes qui ne sont pas dans des galeries et une épine dans le pied pour les galeries d'art qui ont vu leur clientèle, au plus fort de la crise, se tourner vers des œuvres moins dispendieuses trouvées dans des symposiums. Aujourd'hui, il existe plus de 285 symposiums de peinture répertoriés auxquels participent les artistes québécois pour vendre leurs œuvres et se faire connaître auprès d'une plus large clientèle.

Si les galeries ont des ententes d'exclusivité avec leurs artistes permanents, leur interdisant de vendre hors galerie, certains artistes de symposiums s'étonnent encore de ne pas être repérés par des galeristes après une imposante expérience d'une centaine de symposiums. Ce clivage artistico-économique fait partie des réalités du marché de l'art québécois; on dissocie les artistes des symposiums des artistes qui sont dans des galeries, alors que la qualité peut se trouver aussi bien dans ces deux sphères du marché.

Dans une société de consommation comme la nôtre, on oublie souvent la condition de vie des artistes et leurs conditions de travail; ils vivent de peu et n'ont aucune sécurité financière. L'art est une vocation de moins en moins valorisée; trop de gens qualifient encore la peinture de passe-temps ou de loisir. On coupe aveuglément dans les arts et la culture à grands coups de ciseaux, les subventions semblent être des mirages que seule une catégorie d'artistes extraterrestres peut atteindre et se partager, on négocie les œuvres au rabais directement auprès des artistes, etc. En un mot, on veut du beau-bon-pas-cher sans l'étiquette made in China... et sans devoir mettre un sou dans le développement culturel des générations futures.

À l'ère du numérique, où même l'art traditionnel est menacé par un art de reproduction où les giclées (rehaussées ou pas) prennent de plus en plus la place des œuvres originales, même dans certaines galeries, vers quelle qualité d'œuvres allons-nous si on néglige aujourd'hui nos artistes peintres, sculpteurs, photographes d'art ? Quel héritage laisserons-nous aux prochaines générations d'artistes ?

Quand un évènement de qualité est organisé - surtout dans un cadre délicieux et/ou pittoresque - c'est l'occasion de sortir rencontrer les artistes. Ils ont également besoin d'un contact direct avec leur public. Une reprise économique dans le secteur de l'art est en cours depuis peu. Nombreux sont les amateurs d'art qui se laissent plus facilement tenter par un coup de cœur. De plus, avec ce que les deux paliers du gouvernement ont instauré comme incitatif fiscal, sous forme d'amortissement pour une société ou un individu en affaires, même les investisseurs peuvent y trouver leur intérêt. Il faut se rappeler qu'une œuvre originale prend de la valeur avec le temps, une qualité qu'une reproduction ne pourra jamais offrir. En achetant une œuvre originale d'un artiste vivant, vous ne contribuez pas seulement à réanimer notre marché de l'art, vous aidez aussi un artiste à vivre de son art.

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