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Liban: le chaos et l'absurde

Du 15 aout et le 23 août, au Liban: trois attentats à Beyrouth et à Tripoli, une cinquantaine de morts et plusieurs centaines de victimes civiles. Les Libanais, qui se déchirent sous prétexte de divisions politico-religieuses, vont-ils enfin ouvrir les yeux et comprendre que l'union fait la force?
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Du 15 aout et le 23 août, au Liban: trois attentats à Beyrouth et à Tripoli, une cinquantaine de morts et plusieurs centaines de victimes civiles.

Plutôt que de s'enfermer chez eux, dans leur petit quartier, avec une arme cachée sous leur oreiller et des portes fermées à triple tour, les Libanais, qui se déchirent sous prétexte de divisions politico-religieuses, vont-ils enfin ouvrir les yeux et comprendre que l'union fait la force? Que "l'ennemi", le fauteur de troubles n'est pas le détesté chrétien, druze ou musulman, Syrien ou Palestinien, partisan de tel ou tel politicien, mais que c'est juste un terroriste?

Un point commun: la peur

Les attentats récents sont analysés dans les déclarations officielles de l'armée et des politiciens comme des actes destinés à diviser encore plus les Libanais, bien souvent réduits à leur appartenance confessionnelle. Le général Jean Kahwaji, chef de l'armée, déclare "une guerre totale" contre le terrorisme. Les services de sécurité (eux-mêmes divisés en couleurs politiques) ont déjoué ces dernières semaines plusieurs projets d'attentats. Mais après? Les différents responsables des structures sécuritaires ne marchent pas pour autant main dans la main, et la méfiance envers son prochain reste le maître mot, surtout pour l'opinion publique.

La peur du voisin: en voilà un de point commun à beaucoup de Libanais, qui transcende la politique, la religion, et les communautés. Malheur à celui qui a des proches à la fois en banlieue sud de Beyrouth et à Tripoli, et qui a encore manqué de peu, de perdre un membre de sa famille ou un ami. Dans ce cas-là, ce ne sont pas seulement les terroristes qui devraient être condamnés par l'opinion - mais ce sont aussi ceux qui, parmi les Libanais, observent froidement le malheur de leurs compatriotes du "camp adverse", quel qu'il soit, et qui se réjouissent de l'attaque de telle ou telle "cible".

Plus d'un million de réfugiés

C'est absurde. Le Liban est un pays absurde. Un million de réfugiés syriens, des réfugiés palestiniens, des réfugiés kurdes, irakiens, une main d'œuvre du Sri Lanka, d'Éthiopie, du Bangladesh, majoritairement des femmes, qui subissent parfois des mauvais traitements. Des coupures quotidiennes d'électricité, des foyers sans eau courante, et des pauvres, plein de pauvres, dont certains meurent à quarante ans devant les hôpitaux à défaut de pouvoir payer les soins.

Vas faire un tour au Liban, ils disent. C'est un pays magnifique où se jouxtent la mer et la montagne, tu peux skier le matin et faire un tour à la plage l'après-midi. Les gens y sont hospitaliers, les femmes sont belles, la cuisine est bonne et l'alcool coule à flot.

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Des images des attentats au Liban en aout dernier

Une image déformée

C'est vrai que si on regarde les sujets réalisés par les médias sur le Liban, on y va au Liban, on y court. Une belle vision manichéenne: quelques barbus effrayants arpentant les rares quartiers dangereux, mais surtout d'autres gens sympas et accueillants, des super-bimbos qui s'amusent en s'aspergeant de champagne en bikini pendant que leurs voisins syriens se font massacrer, qui savent vaguement où se trouve Damas, et qui répètent en chœur un éternel: "Nous on veut vivre, nous sommes un peuple qui veut continuer à vivre". Bah oui mais non, pas tout le monde. L'augmentation du suicide chez les jeunes, la circulation généralisée de stupéfiants, la hausse de la prostitution, un niveau de pollution élevé, le chômage et l'exil des jeunes et des hommes, pourquoi ils n'en parlent pas aussi? Pourquoi on ne voit que des hôtels de luxe, des rooftops, et une femme voilée qui en croise une autre en mini-short fluo?

Alors qu'aujourd'hui planent de nouvelles menaces d'attentats, les gens persistent dans leur repli communautaire, cherchent à désigner un coupable unique, et se demandent encore et toujours la faute à qui (dans l'autre camp). Al-Qaïda ou Bachar El-Assad? Le Hezbollah ou les Salafistes? Les Palestiniens ou les Israéliens?

Certains disent encore "C'est Beyrouth ici" - cette fameuse expression populaire utilisée dans les années 1990 - pour désigner la destruction ou une situation dans laquelle règne le chaos. Inutile de chercher un coupable avant d'avoir commencé par admettre qu'aujourd'hui, le Liban du Nord au Sud, c'est Beyrouth.

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