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Sécurité d'emploi: ça vaut combien au minimum?

La sécurité d'emploi quasi-absolue existe au Québec, celle que l'État garantit de près ou de loin.
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La sécurité d'emploi quasi-absolue existe au Québec, celle que l'État garantit de près ou de loin. En plus d'échapper aux tracas (financiers, psychologiques) d'être viré, l'employé profite d'un salaire sûr assorti de hausses modestes, voire d'extras. Or, cette sûreté lui confère l'option permanente, en cas de sous-production, voulue ou pas, d'encaisser quand même plein salaire à date prévue. D'où la logique que la sécurité d'emploi vaille au minimum cette option de plein salaire. Nos calculs suggèrent qu'elle équivaudrait à majorer d'environ 12% un salaire sécurisé sur au moins 25 ans.

Peu s'évertuent à chiffrer la sécurité d'emploi. Même l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) avoue son impuissance (Rémunération des salariés, 2014, p. 25), alors qu'il établit des rémunérations globales en chiffrant plein d'autres avantages. L'ISQ nous renvoie au vaste rapport de l'IRIR (1994). Mais ses auteurs ne trouvent ni comment (donc ni pourquoi?) chiffrer la sécurité d'emploi. Surprise! Dans le Ivey Business Journal (2005), le consultant Patrice Gélinas dévoile en gros comment il la chiffre. Un résultat accrocheur veut qu'elle majore de 20% un salaire sûr de 50 000 $. OK, mais sécurité d'emploi sur quel horizon? Jointe, ou pas, à la sécurité salariale?

Quant à nous, sa valeur minimale sur divers horizons s'obtient en chiffrant l'option de plein salaire déjà définie. On s'y prend via une adaptation sensée du modèle d'évaluation d'option classique en finance, avec des prix, taux, échéances et variabilités justifiables. Parmi nos hypothèses commodes figurent: retraite pour tous à 60 ans, sécurisation sur 35 ans ou moins et salaires annualisés soumis aux facteurs de croissance (à 2%) et de survie. Également, un triple classement (A, B, C) des employés fraîchement sécurisés selon leur inconstance, ayant pour mesure la variation annuelle typique (VAT%) de leur rendement. L'inconstance attribuée aux classes va de notable (pour A à 15%) à normale (pour B à 10%) à faible (pour C à 5%). Les «déviants» sont hors propos.

Les courbes du graphique, une par classe d'employés, synthétisent nos calculs des majorations minimales de salaire (Min%) auxquelles équivaudrait la sécurisation à divers âges. Or, les trois courbes évoluent en baisse continue avec l'âge. Forcément: plus la sécurisation tarde, moins elle est précieuse. Par ailleurs, la majoration pour la classe plus inconstante A, domine celle pour la normale B qui domine celle pour la faible C. Par exemple, si la sécurité s'obtient à 25 ans, les majorations arrondies pour A, B et C sont, dans l'ordre, 20%, 13% et 6%. Drôle de sécurité selon nos calculs: elle rassure certes mais invite à l'inconstance.

«Déchiffrons» surtout la courbe B visant l'employé à variabilité jugée normale. Or le sécuriser dès ses 25 ans (sur 35 ans de carrière) équivaudrait à majorer son salaire d'au moins 12,9% en moyenne, contre 11,4% pour la sécurisation à 35 ans (sur 25 ans), etc. D'où notre prétention chiffrée que la sécurité d'emploi pourrait au moins équivaloir à majorer d'environ 12% un salaire sécurisé sur au moins 25 ans.

Notre initiative ici se veut opportune, vu les négociations salariales massives en cours au Québec. Savoir chiffrer un précieux avantage qu'on négocie, ça devrait aider. Non? Oui?

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