Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.
J'aimerais oublier ton geste, mais je me souviendrai de chacune des victimes. Celles qui nous ont quittés ou qui vivront pour toujours avec le souvenir des cris, des larmes et du sang. Tous victimes d'avoir savouré et profité de la vie, cette chose dont tu n'as visiblement pas compris la valeur.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Non, je ne changerai pas ma photo de profil pour y ajouter mes couleurs, un logo ou quelconque slogan. Non, je ne vais pas m'époumoner en «Je suis..», car non tu ne verras pas ma peur.

Je suis de cette génération de l'acquis, celle qui n'a connu les grandes batailles que dans mes manuels scolaires. Je suis de ceux qui croient qu'ils n'ont point de compte à rendre. Je suis né dans une famille qui m'a élevé à être qui je suis. Je ne vis d'aucun drame.

Je ne crois pas que tout est complètement gagné et je ne nie pas que tous n'ont pas le même sort que moi. Je sais bien que je n'ai qu'à sortir de mon périmètre pour voir que certaines personnes sont restées avec les mentalités des décennies passées. Cependant, je crois que le monde a changé, je ne crois plus que cette bataille est la nôtre, mais plutôt celle d'une société entière contre des récalcitrants.

Alors, ton attaque n'est pas pour moi qu'un geste homophobe, mais une attaque contre un des symboles de la liberté. Cette nuit-là, tu t'es attaqué à l'amitié, l'amour et l'égalité. Des valeurs qui, à mon sens, sont partagées par toutes les grandes religions. Toi qui te prétends soldat d'un certain Dieu, n'y as-tu point vu la contradiction?

Croire à ce point à des doctrines qui détruisent sans construire relève de la santé mentale bien davantage que de la religion ou des quelconques valeurs morales ou sociales. En cela, j'ai pitié de toi.

Je pourrais t'appeler par ton nom, t'en attribuer un autre ou te donner un qualificatif, mais je t'avouerais que je ne préférerais pas. J'aimerais mieux qu'on t'oublie rapidement, que tu disparaisses des radars. Parce que bien que tu aimerais qu'on te prenne pour un homme appartenant à un groupe, tu n'es rien d'autre qu'un homme seul, encore plus isolé que jamais contre des gens de partout sur la planète qui se serrent les coudes.

J'aimerais aussi oublier ton geste, mais je me souviendrai de chacune des victimes. Celles qui nous ont quittés ou qui vivront pour toujours avec le souvenir des cris, des larmes et du sang. Tous victimes d'avoir savouré et profité de la vie, cette chose dont tu n'as visiblement pas compris la valeur.

Je me souviendrai d'eux et m'efforcerai d'honorer leur mémoire. Pour ce faire, je ne ferai pas un geste qui chaque fois que j'irai sur les réseaux sociaux me rappellera toi. Je ne me lancerai pas dans une grande bataille contre des moulins à vent. Je rendrai hommage à ces gens en vivant chaque jour comme il se doit. Sans me cacher, sans avoir peur de quiconque et surtout sans gêne.

Je vais continuer d'aimer, parfois maladroitement, parfois mal, parfois pas de façon réciproque, parfois follement, parfois passionnément, mais toujours complètement et de manière plus libre que jamais.

Nous continuerons d'être des millions à sortir dans les bars et vivre sans se soucier qu'il y a parfois dans la nature des êtres à ce point perdus qui croient que la violence est leur devoir.

Moi, je n'ai qu'un seul devoir, celui d'être moi, ici, maintenant.

Maintenant que c'est dit, retourne dans l'oubli, moi je retourne à ma vie!

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Tuerie d'Orlando: les hommages aux victimes

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.