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Jean-François Fortin ou l'art de nuire à une cause par simple ego

Au lieu d'effectuer une sortie honorable sans faire de vague, on préfère salir au passage en usant de démagogie. Mais bon, cela ne surprend guère, puisque c'est devenu une tradition chez nos politiciens modernes.
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Mettons immédiatement une chose au clair: l'indépendance du Québec est une solution radicale en soi. C'est-à-dire que c'est une solution efficace pour mettre un terme à un débat qui n'en finit plus sur la place du Québec dans le Canada, situation qui pose beaucoup plus de problèmes qu'elle n'en résout.

En ce sens, tous les indépendantistes peuvent être considérés comme étant radicaux, sans que cela ne soit interprété comme étant négatif. Or, Jean-François Fortin, en jouant le jeu des médias qui utilisent uniquement le mot radical au sens péjoratif, démontre précisément ce qui a paralysé les élites du projet indépendantiste depuis près de 20 ans.

Soit la peur d'avoir peur. C'est cette peur qui empêche d'affirmer haut et fort ce que l'on pense en toute transparence, simplement parce que cela pourrait déplaire à certains. Que ce soit au sujet de l'indépendance ou sur d'autres enjeux, c'est une peur qui est malheureusement devenue pandémique dans le milieu politique.

Or les indépendantistes, comme tous les citoyens ont soif d'avoir des meneurs qui n'ont pas peur de prendre position et de s'exprimer sur des sujets qui ne font pas consensus.

Quand on croit sincèrement au bien-fondé de l'indépendance et qu'on maîtrise bien l'argumentaire qui en justifie la démarche, il n'y a pas lieu d'avoir peur. Non, il faut avoir le courage de dire ce qu'on pense et l'expliquer concrètement avec des exemples sur toutes les tribunes.

Il faut prendre la balle au bond lorsqu'on essuie la critique, d'une part en la déconstruisant à l'aide d'un argumentaire appuyé et détaillé, puis en pointant les contradictions de nos adversaires.

En fait, les indépendantistes sont sur la défensive depuis près de 20 ans, alors que les fédéralistes sont sur l'offensive et malgré tout, le projet rejoint toujours près de 40% des Québécois! L'approche de Mario Beaulieu vise à inverser cette situation en mettant les indépendantistes sur l'offensive.

Mario Beaulieu veut réinvestir le terrain et faire la pédagogie de l'indépendance, il veut utiliser les tribunes pour promouvoir et expliquer un projet inclusif qui ferait de tous les immigrants du Québec des fondateurs! Il veut mettre en place la nécessaire alliance des forces indépendantistes entre les différents partis politiques provinciaux et les organisations civiles!

Il veut rencontrer les plus jeunes générations, soit les 2 millions de Québécois qui n'ont été exposés à aucun argument en faveur de l'indépendance depuis près de 20 ans et qui n'ont pas eu l'occasion de s'exprimer en 1995.

Ces jeunes dont je fais partie sont ouverts d'esprit et ouverts sur le monde. Il est donc essentiel que nous allions à leur rencontre pour leur expliquer que le Québec a tout à gagner sur la scène mondiale à parler en son propre nom. Avec la mondialisation, c'est le fait d'être une province prise dans un système fédéral qui nous isole du monde et qui force un certain repli sur soi.

Il faut leur expliquer les avantages sur le plan économique, social, environnemental, politique et j'en passe, de réaliser cette nécessaire indépendance. Ces jeunes dont le niveau d'éducation n'a jamais été aussi élevé demandent à ce qu'on s'adresse à leur intelligence et pas qu'on les tienne pour acquis. Il faut impérativement aller au-devant d'eux.

Mario Beaulieu est déjà en tournée à travers le Québec pour accomplir cette tâche et je suis heureux d'avoir eu l'occasion de le rencontrer et de discuter personnellement avec lui lors de son récent passage en Abitibi-Témiscamingue. L'image que certains tentent de lui donner, comme monsieur Fortin, n'est pas représentative de l'homme et je peux le confirmer.

Malheureusement, Jean-François Fortin, comme d'autres, a été froissé par la sortie de monsieur Beaulieu sur l'attentisme des élites indépendantistes. Attentisme décrié depuis longtemps par de nombreux militants dans le milieu indépendantiste et qui est à l'origine de la division des forces en présence. Monsieur Beaulieu a eu le courage de dire tout haut ce que les autres grandes figures du milieu n'osaient pas dire ou n'osaient pas admettre.

Mais c'est compréhensible de la part de M. Fortin, car telle est la nature humaine, personne n'aime se faire critiquer ou n'aime devoir remettre en question ses croyances.

Pour un fédéraliste, il est difficile après 40 ans d'admettre d'avoir tort sur le projet d'indépendance, car c'est comme renier tout un pan de sa vie. Idem pour l'indépendantiste qui a utilisé la mauvaise stratégie pendant 20 ans pour promouvoir son projet. Dans un cas comme dans l'autre, cela prend énormément de courage pour revoir sa position et c'est pourquoi je peux comprendre que cela soit impossible pour certains.

Or, dans son communiqué, Jean-François Fortin, pour éviter d'être associé à Mario Beaulieu, dépasse les bornes en allant même jusqu'à reprendre les accusations mensongères régulièrement véhiculées par les fédéralistes à l'endroit des indépendantistes pour critiquer le nouveau chef.

Au lieu d'effectuer une sortie honorable sans faire de vague, on préfère salir au passage en usant de démagogie. Mais bon, cela ne surprend guère, puisque c'est devenu une tradition chez nos politiciens modernes. Une chose demeure cependant, le Bloc et le projet indépendantiste se porteront mieux sans monsieur Fortin. Son communiqué en étant la preuve.

Au final, c'est l'espoir qu'apporte le renouveau de l'approche indépendantiste proposée par Mario Beaulieu qui m'a ramené au Bloc. Donc, que des têtes d'affiche dont l'ego a été froissé, car elles sont incapables de reconnaître leurs erreurs quittent le Bloc, je n'y vois pas d'inconvénient. J'y vois au contraire le début d'un renouveau avec des gens de convictions qui n'ont pas peur d'aller au front pour la cause!

Vive la liberté!

Vive l'indépendance!

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