Je m'appelle Alex, 9 ans et je n'irai pas à l'école cette année

- Alex, c'est la rentrée scolaire cette semaine, on recommence à se coucher plus tôt.

- Mais... je vais pas à l'école cette année.

- OK, oui, tu ne vas pas à l'école-école, mais tu sais que c'est maman qui va te faire l'école dans le VR toute l'année.

- Justement, on n'est pas encore partis. Alors j'ai pas d'école.

- On part dans quelques jours et on débute l'école aujourd'hui.

- Non, l'école commence jeudi.

- Mais t'as pas de vraie école cette année. Le fait que ta vraie école débute jeudi n'est pas important. Pour la seule fois de ta vie, on peut décider quand ça commence.

- C'est ça, j'ai décidé que ça commence quand on part.

- ...

La non-rentrée scolaire

La rentrée arrive et, pour la première fois, Alex n'ira pas à l'école. En fait, c'est aussi ma première fois en tant que parent. Nos deux cégépiens qui ne nous accompagnent pas durant le voyage n'ont jamais manqué une rentrée eux non plus.

Aucun magasinage de fournitures scolaires. Pas de course dans les allées du Bureau en gros pour tenter d'attraper un commis débordé afin qu'il m'indique la seule chose qui compte vraiment sur cette planète: « Ils sont où les cahiers millimétriques 40 pages rouges, parce que les autres couleurs cette année, ça sera pas accepté».

Pas de nouveaux vêtements non plus. Aucune discussion sur la limite de swag qu'il peut afficher.

Et que dire des interminables argumentations que nous n'aurons pas sur le sac d'école, qu'il veut avec le maximum de pochettes pour les remplir de restants de nourriture. Parce qu'utiliser une poubelle pour ton reste de lunch au primaire, c'est tellement moins le fun que de le laisser pourrir dans un recoin de ton sac à dos.

Pas de rentrée pour Alex.

Pas de rentrée pour nous non plus.

En fait, rien - tout court - supporté par le réseau scolaire pour lui cette année.

On s'en faisait trop pour la portion académique

On s'est beaucoup questionnés sur la progression scolaire d'Alex pendant le voyage. On s'en faisait un peu trop pour pas grand-chose.

Puisqu'on quitte le Québec, on nous a informés qu'il n'existe juste plus pour le réseau scolaire et que lorsque l'on reviendrait, il serait réintégré comme s'il n'avait jamais quitté, sans examen ou évaluation. C'est un peu comme le rail 9 3/4 d'Harry Potter.

Le mauvais côté de la chose, c'est qu'on a dû se débrouiller par nous-mêmes. Le bon, c'est de voir la générosité des gens qui nous entourent dès qu'on tombe hors des programmes gouvernementaux. Des amis profs nous ont fourni les manuels et cahiers requis, les plans de cours, des activités multiples, pour qu'on puisse s'assurer qu'il n'ait pas de retard sur les autres au retour.

Alex aura aussi quelques responsabilités à caractère pédagogiques pendant le voyage.

- Le suivi des dépenses dans Excel

- La planification des distances de conduite et du temps requis selon la vitesse moyenne

- Faire des présentations sur les endroits qu'on croise et visite, incluant faune, flore et un peu d'histoire

On fait quoi toutefois pour le social?

Là où ça se complique, c'est pour la portion «socialisation». Alex va à la même école de quartier depuis la maternelle. Cinq minutes de marche et on y est. Huit quand ça lui tente moins d'y aller. Tous ses amis sont de là. À neuf ans, il n'a pas de Facebook, d'Instagram, de Twitter, de Snapchat. L'école c'est l'endroit d'où à peu près tout son «social» émerge depuis quatre ans. Et le «social, à son âge», c'est pas mal plus important que tout le reste.

Il y a plusieurs années, on a offert au plus vieux de faire du homeschooling tant il était doué académiquement. Il a refusé. La raison: les amis.

Toi, tu te souviens de tes cours du primaire? Pas tellement, non? Mais le social... Ah, le social!

La fois où t'as descendu les pantalons d'un ami dans les casiers, juste pour faire rire. En voyant sa réaction, l'empathie vient d'être apprise pour toujours. Et cette sensation d'être une force de la nature indestructible quand t'es le dernier de ton équipe au ballon-chasseur et que ta classe t'encourage. Puis tu t'enfarges dans tes lacets, tout le monde s'esclaffe, et l'humilité est là pour le reste de tes jours.

L'école, c'est du social enrobé d'académique. Alors un petit stress nous envahit là, à la veille du départ.

- Est-ce qu'on va rencontrer assez de familles ?

- Est-ce qu'Alex sera en mesure de rester concentré pour apprendre sans être entouré d'autres enfants qui en font autant?

- Est-ce que le fait qu'il soit avec nous presque 24h sur 24, 7 jours sur 7, le rendra désagréable et que pour réduire les conflits, nous ferons trop de concessions?

Je ne sais pas. L'aventure se situe sur plusieurs plans et elle débute officiellement ce jeudi 27 août. Le jour même de la vraie rentrée, celle qu'Alex ne fera pas.

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