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Un grand défenseur du Québec nous quitte

Pour tous ceux qui, comme moi, ont eu la chance de côtoyer Marcel Masse ces dernières années, son fabuleux parcours ne fait guère mystère : c'est celui d'un grand patriote qui souhaitait d'abord le bien de son peuple et qui s'est donc montré prêt à l'écouter et à l'accompagner.
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De Marcel Masse (1936-2014), les grands médias rappelleront surtout la brillante carrière de ministre: tour à tour poids lourd dans les gouvernements de Daniel Johnson, de 1966 à 1970, puis de Brian Mulroney, de 1984 à 1993. On rappellera aussi qu'au sortir de la politique active, il fut l'inépuisable défenseur du droit du Québec à l'autodétermination : vice-président de la Commission nationale sur l'avenir du Québec en 1995, président du Conseil de la langue française, puis délégué général du Québec à Paris.

Des analystes tenteront ensuite de comprendre comment ce souverainiste de cœur a pu en même temps faire carrière dans des gouvernements fédéralistes, tant à Ottawa qu'à Québec. Pour la grande famille du Mouvement national des Québécoises et Québécois (MNQ) et pour tous ceux qui, comme moi, ont eu la chance de côtoyer M. Masse ces dernières années, son fabuleux parcours ne fait guère mystère : c'est celui d'un grand patriote souhaitant d'abord le bien de son peuple et qui se montre donc prêt à l'écouter et à l'accompagner. Tant dans ses hésitations que lors de ses grands rendez-vous avec l'histoire.

Comme le Québec tout entier, il participe à la Révolution tranquille sans s'en enivrer, il s'engage ensuite dans le « beau risque » pour que la voix du Québec soit entendue au niveau fédéral, puis choisit résolument la souveraineté quand le Canada anglais place le Québec devant des choix intolérables. À l'écoute du Québec, Marcel Masse finit par devenir une figure phare pour les tenants du principe consistant à défendre le « Québec d'abord », comme le formulait son mentor Daniel Johnson à l'élection de 1966. Entre la précipitation référendaire et le pessimisme national, il aura toujours choisi l'équilibre et surtout l'action, afin de préserver le consensus québécois et l'unité de son peuple.

Si le Québec tout entier perd un de ses plus vibrants défenseurs, la perte est encore plus cruelle pour les organisations vouées à la promotion de l'histoire, de la langue et de l'identité québécoise et au premier titre pour le MNQ.

Très tôt, Marcel Masse avait saisi que l'identité d'une nation se fonde d'abord sur la reconnaissance et la commémoration de son patrimoine historique. À la fois membre de la Commission des biens culturels du Québec et de la Fondation Lionel-Groulx, vouée à la promotion et à l'enseignement de l'histoire nationale, M. Masse fut aussi président fondateur du Comité des archives de l'Amicale des anciens parlementaires du Québec et de la Société du Patrimoine politique du Québec. Quand il fonde, en 1997 la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs, le premier ministre Lucien Bouchard lui écrit : « Votre expérience d'homme d'histoire, vos fonctions passées dans le domaine de la préservation et de la mise en valeur du patrimoine et de la culture française seront des atouts importants dans cette nouvelle entreprise. »

Sa formation universitaire impressionnante, sa vaste culture historique, l'étendue de son expérience politique et sa connaissance poussée des rouages gouvernementaux, tant au niveau fédéral que québécois, devaient s'avérer inestimable pour notre Mouvement, en particulier au moment d'élaborer en 2011 notre politique des commémorations nationales. Déjà durant les années 1960, M. Masse avait présidé la Société nationale des Québécois de Lanaudière. Nos liens n'ont fait ensuite que s'intensifier. On le retrouve donc au sein de notre comité des commémorations nationales en 2013.

Il y a un an à peine, presque jour pour jour, M. Masse était conférencier d'ouverture lors de notre université d'été qui se tenait symboliquement dans son village natal de Saint-Jean-de-Matha. Au sommet de son art et parfaitement au fait des dossiers, le tribun avait alors captivé les congressistes du MNQ sur les manières concrètes et modernes de promouvoir notre patrimoine et nos commémorations nationales. Notre politique des commémorations nationales visant à ce que l'État québécois s'implique dans la célébration de nos grands anniversaires et de nos lieux patrimoniaux doit beaucoup à l'œuvre de Marcel Masse. On peut d'ailleurs la considérer comme un testament qu'il lègue au peuple québécois.

Le MNQ et ses Sociétés membres souhaitent donc exprimer leurs plus profonds regrets suite à l'annonce du décès de M. Masse et offrir leurs sympathies à ses proches. Ils tiennent en même temps à réaffirmer leur engagement à poursuivre l'œuvre de M. Masse en vue de concourir à l'unité et à la fierté du peuple québécois, notamment par une meilleure reconnaissance de son patrimoine et de ses commémorations nationales.

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