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Revoir Mad Max, couchés, sans le son: le rêve!

Quelle peut bien être la vie d'un ancien président du festival de Cannes débarrassé de la pression et des obligations de sa charge, de la hantise que quelque chose d'inattendu n'arrive, qu'un metteur en scène refusé n'en fasse toute une histoire?
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Quelle peut bien être la vie d'un ancien président du festival de Cannes débarrassé de la pression et des obligations de sa charge, de la hantise que quelque chose d'inattendu n'arrive, qu'un metteur en scène refusé n'en fasse toute une histoire ? Et le reste, tout le reste (liste non limitative!)

Comme d'habitude depuis... 1964, je "descends" à Cannes, avec l'envie de découvrir, des films, des artistes, qui sait? Des idées...

Bien sûr, je préside toujours aux destinées de la Cinéfondation, mon jardin secret : ce sont les films d'étudiants, les futurs Fellini, les Bunuel de demain: section chérie que j'ai créée en 98.

Bien sûr, j'aide de mon mieux cette ville où il fait bon vivre et son maire qui se bat comme un chef. Cette année, à la suite des inondations catastrophiques d'octobre, nous organisons de concert une vente aux enchères pour l'opération Help Cannes! (voir ci-dessous). Cette récolte universelle, je l'ai baptisée : "Collection Gilles Jacob and Friends". Il a fallu faire le tour du monde en 80 jours des donateurs : 130 lots collectés, la générosité des artistes. Incroyable parfois quand, de son lit d'hôpital (Dieu merci, il va mieux!), le grand metteur en scène iranien Abbas Kiarostami donnait ses instructions pour l'envoi d'une sublime photo prise au musée du Louvre. Ou Jane Fonda abandonnant de grand cœur sa palme d'or, en un geste biblique: la terre retourne à la terre...

Tant d'autres qu'on ne remerciera jamais assez...

Je ne monterai pas les marches, il est temps d'avouer que je ne les ai jamais montées, m'avançant depuis le foyer de la grande salle pour recevoir les invités et les équipes de film.

Ceci dit, n'être plus en fonction n'est pas sans avantage: il arrive qu'on n'ait pas l'envie de se changer pour la soirée et qu'on sèche la séance. Je connais à Cannes des restaurants amis: la Table du chef, la Meissounière, Canelle, où je pourrai composer moi-même mon menu. Que diriez-vous, ce soir, d'un filet de bar et des fruits de saison sur une carafe de blanc? Je pourrai n'être pas très loquace sans que mon invitée ne s'en offusque puisque ce sera la femme qui m'a choisi il y a... 58 ans. Il sera encore tôt, même pas neuf heures et demie quand nous sortirons, la nuit sera douce, occasion pour en boire un petit dernier avec Georges Miller qui aura été trois fois au jury - je ne pourrai pas lui garantir d'être là pour la quatrième... Ni pour le 16ème film en compétition de Ken Loach, l'année prochaine... Si George est de sortie, je ne dis pas que nous ne nous ferons pas une petite série dans notre chambre, à titre de provocation! Ou encore revoir Mad Max, couchés, sans le son... le rêve!

Je dis ça mais le devoir m'appelle, le devoir et la passion, j'ai nommé la littérature. 5 livres en 6 ans, un 6ème en fabrication, un 7ème en gestation, je sais, je sais : n'est pas James Salter qui veut, ni Louise Erdrich, ni Laura Kasischke (on peut se jeter de confiance sur n'importe quel bouquin de ces maîtres) mais on progresse. On progresse de livre en livre, m'assure-t-on chez Grasset, mon éditeur, et on se demande si on n'a pas raté sa vocation...

Enfin, suis-je bête, il y a les demandes d'interviews, les rencontres, les propositions de jurys, de conférence comme à un vieux chef d'Etat. Justement, la dernière en date est sur un sujet bête comme chou : la fin du monde.

Hein, qu'est-ce que vous dites de ça ?

Quand on est sur la Croisette au chaud soleil de mai, que des cinéphiles de tous les pays se hâtent devant vous, courant je ne sais vers quelle projection de la Quinzaine ou de Un certain regard, autre section qui m'est chère, qu'est-ce qu'on peut bien avoir à dire sur la fin du monde, je vous demande un peu ?

Rien de probant, à première vue si ce n'est qu'en bon végétarien qui se respecte, je titrerai plutôt : la fin des haricots.

Mais j'y retourne.

Parrainée par Gilles Jacob et organisée par la Mairie de Cannes, une vente aux enchères exceptionnelle et de prestige d'objets liés au cinéma sera organisée pendant le Festival de Cannes 2016. Les fonds collectés lors de la vente seront intégralement reversés pour la reconstruction de la ville durement touchée par les intempéries du 3 octobre dernier. Plus d'informations à retrouver sur le site helpcannes-encheres.com

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