Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Cannes: festival de films ou films de festival?

Contrairement à une croyance établie, ce ne sont pas les frères Lumière qui ont inventé le cinématographe, mais le mathématicien Archimède. Selon Archimède, en effet, tout film plongé dans un festival reçoit, de par la notoriété que cette présentation lui confère, une poussée qui attribue au film considéré un regain de gloire pour son metteur en scène, de recettes pour son producteur et de classement au Guinness des records pour l'œuvre elle-même.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
AFP

Quand des individus aux yeux rougis se réunissent en un même lieu pour visionner des films, on a coutume d'appeler cet attroupement festival de cinéma.

Contrairement à une croyance établie ce ne sont pas les frères Lumière qui ont inventé le cinématographe mais le mathématicien Archimède (287-212 av. J.-C.).

Selon Archimède, en effet, tout film plongé dans un festival reçoit, de par la notoriété que cette présentation lui confère, une poussée égale à:

Ce qui attribue au film considéré un regain de gloire pour son metteur en scène, de recettes pour son producteur et de classement au Guinness des records pour l'œuvre elle-même.

Quelles sont donc les caractéristiques censées justifier la dénomination "film-de-festival"?

Contrairement aux œuvres de grands réalisateurs, un film-de-festival est conçu à seule fin d'être sélectionné dans un de ces festivals internationaux dont le Festival de Cannes est le nec plus ultra, si l'on en croit Platon d'Athènes (-427/-348). Le même Platon auquel le mythe de la caverne a permis de revendiquer l'invention de la salle de cinéma.

Les prétendants au titre de film-de-festival ont longtemps cru qu'il suffisait d'imaginer des rôles sortant de l'ordinaire pour faire béer d'admiration les sélectionneurs, critiques, jurés, et spectateurs de cette tambouille démente: entre sœur déchue et sœur dépendante qui donc, de Bette Davis ou de Joan Crawford, l'emportera dans les simagrées et les grands-guignolades, les gesticulations et les véhémences? Tout ce que l'épate, pire: l'esbroufe, peut apporter pour se faire remarquer et admirer.

Ce peut être l'attitude du bossu courbé en qui s'identifieront tous les Quasimodo post-Charles Laughton, ce peut être un viol dans un couloir du métro où, simulation ou pas, l'infortunée Monica Bellucci se tortille sous l'ignoble agresseur, ce peut être Jack Nicholson quand il soulève ses sourcils comme une danseuse de flamenco sa jupe, ce peut être enfin un requin articulé dont les soubresauts de l'aileron montre qu'il a les crocs, Ô président Spielberg !

Bref, tout ce qui est bon pour magnifier la vertu cardinale du film-de-festival, l'exagération en première ligne. L'outrance sous toutes ses formes.

À d'autres moments, le film-de-festival s'assagit et la ruse change d'optique. Ce ne sont plus que mimiques intériorisées, sobriété de rigueur, minimalisme affiché. Un imperceptible frémissement de narine de Meryl Streep dans Sur la route de Madison au moment où est censée culminer l'émotion et voici la récompense suprême préemptée.

Force est d'admettre qu'une larme a perlé, parfois, au coin des paupières de pourtant secs comités de sélection, mais on finissait toujours par trouver un être assez insensible pour crier: "Ah! Non: pas à moi...". Et le film n'était pas retenu tant il est vrai que l'avis d'un seul asséné de manière catégorique peut faire pencher la balance en faveur de la défaveur.

Apparut, vers les années 1910/20, le snobisme du "film d'art" puis du "film d'avant-garde", et ainsi de suite, d'un genre à l'autre, mais le temps qu'on s'avisât de leur existence, la mode en était passée, ce qui démontre une fois encore avec Euclide (300 avant notre ère) que la somme des nombres premiers tend bien vers l'infini, soit:

C'est pourquoi, après des essais et des essais, la notion même de film-de-festival tomba en désuétude et la pratique revint de réaliser les meilleurs films possibles, tout simplement.

Ce qui n'était déjà pas si mal.

La sélection officielle de la 66e édition du Festival de Cannes

Michael Kohlhaas d'Arnaud Despallieres

Les films en compétition à Cannes 2013

Le jury 2013

Steven Spielberg

La composition du jury du 66e festival de Cannes

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.