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Pourquoi le climat s'invite-t-il dans les rubriques «politique internationale»?

Depuis quelques semaines - enfin! - le changement climatique se fraye un chemin hors des rubriques «environnement».
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"Quelque chose a changé", comme le chantait Barbara. Sauf que, cette fois-ci, c'est parce que l'air semble moins léger. Depuis quelques semaines -enfin!- le changement climatique se fraye un chemin hors des rubriques "environnement". Sommet pour le climat rassemblant 120 chefs d'Etat à New York, annonce historique d'un accord sino-américain, accord au sein de l'Union européenne, ajout de dernière minute du changement climatique au communiqué final du G20 après que le Premier ministre australien ait finalement cédé à la pression de ses homologues... Tous les signes convergent: la conférence "Paris Climat 2015" approche et chacun en mesure l'importance.

Cette conférence, que la France accueillera en décembre 2015, a un sigle obscur mais un objectif clair. Le sigle, c'est "COP21" -il s'agit de la 21ème Conference of Parties- la réunion annuelle des 195 pays signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. L'objectif, c'est de fixer un nouveau cadre international pour la lutte contre le changement climatique. Le paradoxe, et le paradoxe souvent insupportable, c'est que son enjeu est aussi décisif pour l'avenir de l'humanité que son contenu est illisible pour l'immense majorité des citoyens -il faut donc expliquer- et cette mission pédagogique est l'une de celles que s'assigne la Fondation Jean-Jaurès.

Pourquoi la question se pose-t-elle maintenant?

  • Première raison: le cadre juridique existant est à bout de souffle -en tout état de cause, il expire en 2020. Le protocole de Kyoto a constitué un événement historique au moment de sa signature en 1997. Mais aujourd'hui, il ne couvre plus que 15% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. En effet, non seulement les Etats-Unis ne l'ont jamais ratifié, mais depuis, le Canada, la Nouvelle-Zélande, la Russie et le Japon s'en sont retirés. Et les pays émergents, qui n'ont pas d'obligation sous le protocole, sont devenus des émetteurs majeurs.
  • Deuxième raison: sur tous les continents, on perçoit de façon plus aiguë les risques que le changement climatique fait courir. Un consensus à la fois scientifique et politique existe désormais sur l'urgence à fixer ce nouveau cadre. Parce que le changement climatique fait déjà, aujourd'hui, sentir ses premiers effets dommageables -chacun le voit quotidiennement en regardant simplement le journal télévisé. Parce que, plus encore, le risque de voir la température augmenter de quatre à cinq degrés d'ici la fin du siècle est réel -avec des coûts humains, environnementaux mais aussi économiques si importants que l'on a parfois du mal à simplement se les figurer. Or les scientifiques l'ont dit il y a déjà plusieurs années: pour contenir les effets les plus dangereux du changement climatique, il faut que le réchauffement de la planète ne dépasse pas deux degrés.

La France, qui accueillera et présidera la conférence "Paris Climat", s'est fixée l'immense défi de transformer ce consensus théorique en un acte politique concret: la signature d'un accord international. L'exercice est à haut risque quand on connaît les hauts, et surtout les bas, qui caractérisent l'histoire des négociations sur le climat. Cela fait plusieurs années que la communauté internationale vole d'échec en échec sur la question de l'après-Kyoto -la conférence de Copenhague en 2009 en étant l'illustration la plus emblématique.

Pour comprendre le contexte de la gestation de ce nouvel accord, il faut expliciter les enjeux sur lesquels ces négociations se sont jusqu'à présent enlisées.

  • Premier enjeu: comment faire pour que tous les pays contribuent à l'effort de réduction des émissions mondiales, en dépassant la division entre le Nord, responsable historiquement, et le Sud, qui redoute que cet effort ne freine son développement?
  • Deuxième enjeu: comment va-t-on financer ces politiques climatiques? En 2009, les pays développés ont promis de mobiliser, dès 2020, 100 milliards de dollars par an pour la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement. Mais on ne voit pas encore très bien comment cet objectif sera atteint. Pour l'instant, les pays développés ont pris des engagements sur le financement du Fonds vert pour le climat, mais ceux-ci sont encore insuffisants par rapport à ces objectifs.
  • Troisième enjeu: comment va-t-on vérifier, à l'échelle internationale, la réalité des engagements pris par les uns et par les autres?

C'est donc un travail diplomatique intense qui est en cours pour trouver des compromis sur ces trois enjeux. Le mois dernier, les négociateurs du monde entier se sont réunis pour la COP20 à Lima, étape majeure en vue de la COP21 à Paris. Les négociations de Lima ont montré qu'il restait un long chemin à parcourir pour arriver à un accord.

Les gouvernements, partout dans le monde, sont en train de préparer leurs "contributions", c'est-à-dire les engagements nationaux en matière de réduction des émissions qu'ils apporteront à la table des négociations dans le courant de l'année 2015. D'autre part, des initiatives de la part des ONG, mais aussi, et c'est plus nouveau, de la part des villes et des régions, ainsi que du monde des affaires, foisonnent. Pour leur part, la Fondation Jean-Jaurès et la Fondation européenne d'études progressistes (FEPS), prennent part au débat en accueillant un dialogue sur ces enjeux, en apportant des perspectives internationales, et en jetant les bases d'une conversation progressiste sur le sujet. Un sitewww.progressistespourleclimat.fr vient d'être lancé pour faire vivre cette mission.

La conférence "Paris Climat" a, de fait, déjà commencé -un an avant son ouverture officielle. Une année complète ne sera pas de trop pour trouver le chemin d'un cadre de long terme, universel, et lutter efficacement contre le changement climatique.

La Fondation Jean-Jaurès et la Fondation européenne d'études progressistes (FEPS) s'impliquent dans les débats sur la lutte contre le réchauffement climatique, alors que Paris accueillera en décembre une conférence internationale décisive sur le sujet -la COP21, ou Paris Climat. Le projet "Progressistes pour le climat" a vocation à faire entendre des voix progressistes sur ces sujets, en faisant voir les enjeux politiques et de société qui sous-tendent ces négociations. A travers nos contenus en ligne et nos actions, notre ambition est de participer à la construction d'une vision partagée d'un avenir bas-carbone, respectueux de l'homme et de l'environnement, tout au long de l'année 2015, jusqu'à la conférence Paris Climat.

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