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L'abolition de la fonction de Lieutenant-gouverneur ne signifie pas pour autant de grandes économies comme vous semblez bien vouloir nous le faire croire. Si c'est le lien historique avec la monarchie britannique qui vous agace, M. Péladeau, dites-le, mais n'essayez pas de justifier votre position purement sur une base financière.
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En réponse à la position Pierre Karl Péladeau dans l'article intitulé - Lieutenant-gouverneur: l'argent devrait servir à prévenir le décrochage.

Cher M. Péladeau,

Votre argumentaire financier pour justifier l'abolition de la fonction de Lieutenant-gouverneur au Québec ne fait pas vraiment sérieux et est purement de la politique de basse-cour.

Premièrement, comme vous devriez le savoir, mis à part ses responsabilités protocolaires, le Lieutenant-gouverneur est le fonctionnaire exécutif en chef de la province ainsi que le représentant légitime de l'autorité au Québec. Étant le gardien de la légitimité et incarnant, de ce fait, la continuité de l'État, le Lieutenant-gouverneur doit faire preuve d'une impartialité absolue et s'imposer un « devoir de réserve ». À cet effet, une des responsabilités les plus importantes du Lieutenant-gouverneur consiste à veiller à ce que le Québec ait toujours un premier ministre. Cette responsabilité peut devenir cruciale lorsque le parti politique ayant fait élire le plus de députés à la Chambre des communes est minoritaire et ne réussit pas à former un gouvernement ou encore, dans le cas où un premier ministre agirait inconstitutionnellement. À moins de vivre sous une dictature, cette responsabilité de gardien de la légitimité si elle n'est celle du Lieutenant-gouverneur, devra obligatoirement être assumée par une institution quelconque.

Deuxièmement, si cette responsabilité est assumée par une autre institution, comme en Allemagne avec le Président fédéral de la République fédérale d'Allemagne, elle ne coûtera pas nécessairement moins cher. Le Président allemand assume une charge essentiellement honorifique, le président fédéral est, d'une manière générale, considéré comme une figure morale importante, garante des institutions du pays. Ainsi, il promulgue les lois, signe les traités et propose au Bundestag un candidat à la fonction de chancelier fédéral (comme le Lieutenant-gouverneur). En effet, l'élection d'un président honorifique sera probablement beaucoup plus dispendieuse pour les citoyens du Québec, car le gouvernement fédéral ne défraiera plus une partie du budget, comme c'est la pratique présentement avec le Lieutenant-gouverneur et de plus nous aurons à défrayer les coûts de l'élection du président par l'Assemblé National et du maintien de l'institution.

Enfin, du point de vue protocolaire, la nature apolitique de la fonction du Lieutenant-gouverneur rend la remise des honneurs de ce dernier, par exemple la médaille du lieutenant-gouverneur, beaucoup plus significative pour les récipiendaires plutôt que venant de politiciens qui n'ont que l'intérêt d'être réélu, n'en déplaise à ces derniers.

En somme, l'abolition de la fonction de Lieutenant-gouverneur ne signifie pas pour autant de grandes économies comme vous semblez bien vouloir nous le faire croire. Si c'est le lien historique avec la monarchie britannique qui vous agace, M. Péladeau, dites-le, mais n'essayez pas de justifier votre position purement sur une base financière. C'est insulter l'intelligence des Québécoises et Québécois.

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