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Pluies diluviennes en France: les retombées psychologiques

En plus des pertes de vies et des dommages qu'ils causent sur leur passage, les tempêtes et les désastres naturels ont de graves impacts psychologiques sur les populations touchées.
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Les inondations de Paris ont fait couler beaucoup d'encre. Des pluies abondantes dans le nord de la France ont provoqué la plus importante hausse des eaux de la Seine depuis 30 ans. Le phénomène est étonnant, car ce type d'inondations ne se produit qu'en janvier ou février. En général, la Seine et ses affluents ne débordent qu'en hiver. Dans la saison où il pleut davantage. Les Parisiens ont eu chaud. Si la situation météo avait perduré, la crise aurait tourné en catastrophe.

En plus des pertes de vies et des dommages qu'ils causent sur leur passage, les tempêtes et les désastres naturels ont de graves impacts psychologiques sur les populations touchées. Voir sa demeure inondée ou endommagée par des orages violents, ou encore, être jeté dans le froid et le noir en plein hiver pendant des jours à cause du verglas n'est pas une expérience heureuse.

Les répercussions des tempêtes sur la santé mentale sont étudiées de près depuis l'ouragan Katrina. Les conclusions de ces études suggèrent que les impacts les plus sournois sont ceux qui viennent après la tempête. Les femmes qui étaient enceintes au moment de la tempête de verglas de janvier 1998 ont vécu un stress sévère pendant la crise. Celles qui habitaient la région du triangle noir, en Montérégie, ont même mis au monde des enfants avec un quotient intellectuel moins élevé que la normale . Des chercheurs de l'Institut universitaire en santé mentale de l'Hôpital Douglas de Montréal ont détecté certains retards de développement chez ces enfants, comparé à des enfants de mères qui n'avaient pas été affectées par le verglas.

Ces résultats corroborent les conclusions de chercheurs en stress prénatal de l'Université McGill qui ont suivi 178 femmes enceintes exposées au stress causé par la crise. Non seulement les enfants nés après la tempête présentaient un niveau d'anxiété, de dépression et d'agressivité plus élevé que la moyenne, mais des effets marqués ont été remarqués sur le développement moteur et le langage.

Les tempêtes n'apportent pas seulement la destruction, mais aussi des émotions négatives, de la frustration et de la peur. Ces situations constituent un terrain fertile pour les criminels. L'ouragan Katrina l'a bien démontré. Cet ouragan qui a frappé la Nouvelle-Orléans en 2005 en faisant plus de 125 milliards $ en dommages a causé un chaos social total, marqué par le pillage et la violence à grande échelle. Des policiers ont été filmés en train de se remplir les poches dans les commerces qu'ils étaient censés protéger. Les rumeurs les plus folles de viols, de tueries et de snipers ont terrorisé les survivants qui essayaient de s'organiser en attendant des secours de l'État. Des secours qui ne venaient toujours pas!

Les tempêtes et les désastres de la nature ont aussi une influence sur les tendances suicidaires. Aux États-Unis, suite à des catastrophes météorologiques survenues entre 1982 et 1989, on a constaté dans les régions touchées une augmentation de 14 % des suicides. En mars 2011, après un tsunami qui a fait 19 000 morts sur la côte nord-est du Japon, le suicide a augmenté de 20 % le mois suivant. Même au Québec, on a observé une hausse du suicide après le grand Verglas.

Le Bureau du Coroner a piloté une étude sur les impacts de la tempête de verglas, notamment sur l'évolution du taux de suicide dans le triangle noir, la région en Montérégie la plus touchée par les pannes durant la tempête. Les résultats, rendus publics en 2001 dans le cadre d'un colloque de l'Association des psychiatres du Canada, ont révélé une hausse du taux de suicide moyen de 16,3 par 100 000, dans la période pré-verglas, à 16,9 par 100 000 après le verglas.

Références:

>Suzanne King Laboratory, Project Ice Storm, Institut universitaire en santé mentale Douglas

>«Suicide after natural disasters», New England Journal of Medecine fév 1998 5;338(6):373-8.

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