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L'hiver: saison de la rage au volant?

Très peu de recherches ont été faites au Québec sur l'influence du froid sur l'agressivité et la violence. Et pourtant, la question est légitime.
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Les températures froides ont un très grand impact sur l'amabilité, l'esprit de communauté et de coopération. Essayez de demander l'heure à un passant sur la rue quand les températures sont glaciales, vous verrez.

Il a été démontré que les grands froids en hiver engendrent un stress social dans la population, en plus d'exercer une pression sur les services de santé. Selon d'autres études, le froid cinglant et les intempéries hivernales ont même le pouvoir de faire décrocher les criminels, du moins pour un temps. Ce qui est moins connu, c'est que l'effet du froid en hiver réduit encore plus le seuil de tolérance des gens que la chaleur en été.

Très peu de recherches ont été faites au Québec sur l'influence du froid sur l'agressivité et la violence. Et pourtant, la question est légitime. Après tout, le Québec est la province la plus froide du Canada. Mais aussi, le royaume de l'inconduite sur les routes, le paradis des chauffards selon l'ex-ministre de la Justice, Marc Bellemare, qui ne se prive pas de le dire à toutes les tribunes. En 2008, le Québec était aussi la province où la violence conjugale était la plus répandue au pays selon Statistique Canada. Bref, les Québécois sont loin d'être les anges de paix du paradis qu'on aime imaginer.

Le phénomène de la rage au volant semble donner du poids à l'hypothèse que l'hiver exacerbe davantage les sentiments hostiles que la chaleur peut le faire en été. En été, avec plus de gens sur les routes et avec une durée du jour plus longue, il serait normal que les cas de rage au volant soient plus nombreux. Or, c'est le contraire qu'on observe. Du moins, pour les cas les plus médiatisés. Ce n'est pas en été, mais en hiver que les cas de rage au volant semblent les plus nombreux. Mais aussi les plus graves et les plus meurtriers.

Depuis une douzaine d'années, cinq épisodes de rage au volant se sont terminés par un meurtre*. Quatre fois sur cinq, les cas se sont produits dans les mois les plus sombres et les plus froids de l'année. Malheureusement, il est impossible de se faire une idée juste sur l'ampleur du phénomène de la rage au volant au Québec. Il n'y a pas de statistiques. Ni la Sureté du Québec ni le Service de Police de la Ville de Montréal ne compilent de chiffres à ce sujet. Puisque la rage au volant n'est pas un acte criminel, ce type d'évènements n'est pas comptabilisé comme une infraction. Pas d'infractions, pas de statistiques.

À la Société de l'Assurance Automobile du Québec (SAAQ), la rage au volant est un sujet de préoccupation, mais pas d'études. Il est impossible de savoir si le phénomène est en croissance, ou si les cas varient avec les saisons ou la température ambiante. On ne sait même pas quelle proportion de cas de rage au volant est déclarée à la police...

Le froid cinglant fait partie du patrimoine commun au Québec. Et ce n'est pas le réchauffement climatique qui risque de changer les choses. Malgré un hiver très doux cette année, les records de froid n'ont pas fini d'être battus. De nouvelles études prévoient même que le Québec et tout l'hémisphère nord pourraient subir des hivers encore plus froids dans le futur. En cause: la fonte de glace polaire. En fondant, la glace contribue à la formation de «vortex polaire», comme ceux que les Québécois ont subis en 2014 et 2015.

Si jamais ces projections d'hivers encore plus rudes se matérialisent, les Québécois risquent de voir s'accentuer la violence sur nos routes. Ils auront alors une raison de plus de grincer les dents en hiver.

Note: Les cas de rage au volant meurtriers ont été recensés dans les médias (Journal de Montréal, La Presse) aux dates suivantes: 19 déc. 2003, 9 déc. 2010 et 20 juil. 2010 à Montréal, 16 fév. 2002 à Le Gardeur, 23 nov. 2011 et le 11 janv. 2009 à Laval (tentative de meurtre). Les données météo observées ces jours-là proviennent de Environnement Canada. Climat ec.gc.ca

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