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L'Institut sur l'indépendance doit être non partisan

On débat actuellement du projet d'Institut sur l'indépendance comme s'il était interdit aux indépendantistes d'approfondir leur option en dehors des partis politiques, alors que les partisans du statuquo fédéraliste ont depuis longtemps leur Conseil de l'unité canadienne...
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On débat actuellement du projet d'Institut sur l'indépendance comme s'il était interdit aux indépendantistes d'approfondir leur option en dehors des partis politiques, alors que les partisans du statuquo fédéraliste ont depuis longtemps leur Conseil de l'unité canadienne, financé en sous-main par des organismes du Gouvernement du Canada, sans compter l'organisme «Idée fédérale» fondé par André Pratte, qui jouit du statut d'organisme de bienfaisance (sic) de la part d'Ottawa.

Disons-le d'emblée, l'idée d'un projet d'institut de recherche appliqué sur l'indépendance doit être appuyée par tous les indépendantistes. Jusqu'à la fin de sa vie, Jacques Parizeau a réclamé que l'on actualise les études sur la souveraineté et qu'on s'en serve, à la fois pour préparer le passage du Québec de province à pays, et pour alimenter le débat public sur les avantages de l'indépendance et sur les moyens d'y parvenir.

On a bien vu à l'élection de 2014 l'erreur stratégique, régulièrement répétée à toutes les campagnes électorales depuis 20 ans, qui consiste à faire des campagnes provinciales de «bon gouvernement». Le chef du Parti québécois a décidé d'y mettre fin en mettant en oeuvre les moyens de «démontrer les avantages concrets de l'indépendance, identifier les pertes causées par le régime canadien et à identifier les gestes devant conduire à l'indépendance du Québec». Il a également expliqué que cet institut recevra un financement «populaire» et «volontaire» et produira «des analyses très détaillées, très approfondies sur les bienfaits et les bénéfices de l'indépendance du Québec». Que l'on soit partisan ou non du Parti québécois ou de son chef, on ne peut qu'être d'accord avec lui sur ce point.

Sur le plan légal et surtout politique, il importe que cet Institut soit non partisan et distinct du Parti québécois. C'est à cette condition que le citoyen Péladeau pourra y souscrire financièrement, mais surtout, faut-il le rappeler, l'indépendance d'un peuple est d'abord l'affaire des citoyennes et des citoyens, engagés ou non dans un parti politique. Cet objectif dépasse les luttes partisanes. Il doit rallier une majorité de personnes, quelles que soient leurs allégeances partisanes, leurs origines ethno culturelles ou leurs orientations quant aux divers choix de société. Sans une convergence des meilleures énergies en dehors des luttes partisanes, l'indépendance politique demeurera un objectif difficile à atteindre.

Il est absolument nécessaire que l'Institut soit mis sur pied et financé au sein de la société civile avec un appui large des mouvements et des partis favorables à l'indépendance. Un tel organisme mis sur pied par un parti politique serait non seulement soumis aux règles maintenant très strictes de financement des partis politiques, mais il risquerait de ne pas être reconnu et utilisés par des membres d'autres formations politiques. Par ailleurs, on doit éviter que les conclusions des recherches de l'Institut soient perçues, à tort ou à raison, comme biaisées en faveur de l'élection d'une formation politique, particulièrement de la part des personnes non encore convaincues des bienfaits de l'indépendance du Québec. L'organisme le mieux placé pour recueillir le financement nécessaire au fonctionnement de l'Institut est sans contredit les Organisations Unies pour l'indépendance.

Le OUI Québec est un organisme à but non lucratif résolument non partisan. Il regroupe la plupart des principaux mouvements de la société civile qui appuient l'indépendance. D'autre part, il a créé et maintient une table de concertation avec les principaux partis indépendantistes, soit le Parti québécois, le Bloc québécois, Québec solidaire et Option nationale. Par ailleurs, l'Institut pourrait être géré par son propre comité scientifique, à distance des partis et des mouvements qui utiliseront et diffuseront ses résultats. Il devra fonctionner en toute transparence et sa crédibilité apparaître incontestable dès le départ.

Rien n'empêchera par la suite un gouvernement indépendantiste de mener ses études stratégiques plus pointues sur les méthodes d'accession, ce qui est le rôle d'un gouvernement. Mais dans la situation actuelle, nous avons besoin de données, de faits, d'analyses indiscutables pour gagner l'indispensable débat de société qui doit nous mener à l'indépendance.

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