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Monsieur Trudeau, quand dites-vous la vérité?

De façon cynique, on pourrait dire qu'après les belles promesses du leader libéral, puis la belle répartie du «», le Canada reprend la politique du business
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Dans Le Devoir du 3 mars, nous apprenons que « Justin Trudeau sera le conférencier vedette d'un événement qui réunira, au Texas, les principales multinationales des énergies fossiles, dont celles actives dans l'exploitation des sables bitumineux » et que « M. Trudeau prononcera le discours principal de la conférence CERAWeek, qui se tient du 6 au 10 mars à Houston, au Texas ». Dans ma naïveté, je croyais que M. Trudeau s'était autoproclamé un leader dans la lutte aux changements climatiques lors de la Conférence de Paris! Quelle déception de voir ses rêves de jeunesse s'évanouir devant la dure réalité!

De façon cynique, on pourrait dire qu'après les belles promesses du leader libéral, puis la belle répartie du « parce que nous sommes en 2015 », le Canada reprend la politique du business as usual. Et pour la transparence, nous aurions droit à l'évolution normale de la politique canadienne puisqu'une conférence avec M. Trudeau ne coûte plus seulement 1 500 $ à chaque participant comme en 2016. Lorsque M. Trudeau va à « Trumpland », les participants qui souhaitent assister à l'événement durant toute la semaine doivent débourser l'équivalent de 10 300 $ canadiens. Le beau Justin qui a fait de beaux discours au sujet de la transition énergétique et de la réduction des émissions de carbone recevra des dirigeants de l'industrie des hydrocarbures « le prix du leadership mondial en matière d'énergie et d'environnement... pour souligner son engagement envers la durabilité énergétique et environnementale ».

Est-ce que les dirigeants de l'industrie pétrolière lui décerneraient un prix parce qu'il condamne leur industrie au nom de l'environnement?

Parler de « durabilité énergétique et environnementale » devant les promoteurs des énergies fossiles non renouvelables lesquels, pour la plupart, sont d'ardents climatonégationnistes, faut le faire! Pourtant, le commissaire de l'Union européenne chargé de l'action pour le climat et de l'énergie, M. Miguel Arias Cañete, déclare : « Le Canada et l'UE sont engagés à mettre en vigueur Paris...Désormais, nous avons une tâche commune -- nous devons implanter la convention-cadre de Paris. » Diantre! Est-ce que les dirigeants de l'industrie pétrolière lui décerneraient un prix parce qu'il condamne leur industrie au nom de l'environnement?

Cette conférence de M. Trudeau à Houston le mettrait-elle en contradiction avec tous les objectifs de réduction des GES? Comme le dit un rapport que je traduis, il n'y a aucun scénario où une augmentation de la production des sables bitumineux permette d'atteindre les objectifs de Paris. Malgré une action diplomatique positive à Paris, l'approbation d'un pipeline rend ces objectifs impossibles.

M. Trudeau n'a pas approuvé un pipeline, mais trois! Il a approuvé la réfection de la ligne 3 d'Enbridge, celle de TransMountain de Kinder-Morgan sans oublier le gazoduc Pacific NorthWest LNG. Et voilà qu'il se réjouit de l'approbation de Keystone XL! Il est même tout heureux que l'acier pour les tuyaux ne soit pas soumis aux visées protectionnistes de M. Trump; cela s'appelle branler la queue comme un gentil petit chien devant ses patrons qui ont payé une fortune pour venir le voir faire le pitre durant la grand-messe de l'industrie pétrolière!

Avec cette conférence, M. Trudeau semble avoir choisi définitivement son camp; ce n'est plus simplement tenter de réconcilier les intérêts disparates des diverses régions du Canada; ce que j'ai appelé jouer avec la patate chaude. Il choisit de poursuivre la politique de M. Harper tout en y mettant un visage plus photogénique. Toutes les belles paroles en faveur de la lutte aux changements climatiques sont les leurres d'un grand parleur qui n'est qu'un petit (très petit) faiseur.

Les actions concrètes de M. Trudeau en faveur de l'industrie pétrolière peuvent se résumer dans ce vers du dramaturge Jean Racine : « Je perds trop de moments en des discours frivoles :

Il faut des actions, et non pas des paroles. »

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