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Piquez l'UQAM afin d'appuyer Cactus Montréal

Je suis extrêmement choqué de la récente prise de position du vice-recteur à la vie universitaire contre l'un des quatre sites d'injection supervisée prévus, dont celui de Cactus Montréal, un organisme sans but lucratif ayant pignon sur rue près d'édifices de l'UQAM dans des locaux prêtés par la Ville.
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À madame Lise Bissonnette, présidente du Conseil et monsieur Robert Proulx, recteur de l'Université du Québec à Montréal, tous deux membres du Conseil d'administration de l'UQAM

Mesdames, Messieurs,

Je suis extrêmement choqué de la récente prise de position de M. Marc Turgeon, vice-recteur à la vie universitaire contre l'un des quatre sites d'injection supervisée (SIS) prévus dont celui de Cactus Montréal, un organisme sans but lucratif ayant pignon sur rue près d'édifices de l'UQAM dans des locaux prêtés par la Ville.

Je suis totalement abasourdi puisqu'un tel service a été reconnu par le passé pour avoir sauvé des vies et est autorisé depuis bientôt 3 ans suite au jugement unanime de la Cour suprême du Canada. Ce verdict a même été appuyé par des études sérieuses comme celles de chercheurs de la prestigieuse revue médicale The Lancet ; études reprises depuis dans des médias comme le Huffington Post. Combien faudra-t-il encore de toxicomanes à la dérive pour surmonter notre inertie collective et notre ignorance, universitaire ou pas? J'ose vous rappeler qu'un site d'injection supervisé est un endroit contrôlé par des membres du personnel médical afin de permettre aux personnes qui s'injectent des drogues de le faire en utilisant du matériel sécuritaire et hygiénique, sans être interpellées par les services policiers.

Cette prise de position de l'UQAM repose sur d'archaïques et persistants préjugés, totalement non fondés. Elle devrait plutôt se fier sur l'état des connaissances et les données scientifiques comme celles mises de l'avant par nos instances de santé publique ou, à tout le moins, dans de nombreuses facultés de cette université ; l'UQAM demeure LA première en Amérique du Nord à avoir proposé un programme de doctorat interdisciplinaire en santé et société, de maitrise en gestion de projet ou de baccalauréat en sexologie humaine.

J'ai nécessairement eu par le passé - en tant qu'un de ses 221 899 diplômés, de ses 43 140 actuels étudiants ou de ses 5 641 employés et chargés de cours - à circuler dans tous ses recoins et me rendre au petit coin... Je peux vous assurer que plusieurs toilettes sont toujours un site d'injection absolument non supervisé. Même plus, quand les gens ont des problèmes de toxicomanie et n'ont pas accès aux toilettes, c'est dans la rue, les ruelles et les parcs environnants qu'ils se piquent, soit à proximité des résidences du quartier et dans tout le comté de Sainte-Marie-Saint-Jacques, là où vivent toujours des centaines d'employés et d'étudiants de l'UQAM.

Sans hypocrisie sociale, ces quatre sites d'injection supervisée - dont l'un pourrait notoirement être aménagé dans un futur Îlot Voyageur financièrement à exorciser, pourquoi pas? - offriraient un lieu sécurisé pour les usagers de drogues dures et ce, sans risque d'être expulsés comme c'est le cas dans des espaces publics comme l'UQAM, le terminus Orléans, le parc Émilie-Gamelin et bien d'autres lieux communs et privés... Un tel service à la collectivité aurait un réel impact positif pour toute l'UQAM tout comme dans l'environnement social d'un grand centre métropolitain comme Montréal, qui convoite le titre de Ville intelligente du monde.

Je suis d'autant plus étonné de cette position que l'UQAM n'a-t-elle pas réussi sa mission et est leader dans le développement d'une vision globale, de la formation du plein potentiel des personnes et de la société et pour mobiliser celles-ci en privilégiant l'exploration de nouveaux créneaux, le regard critique et le partenariat avec les acteurs de la société ?

Piquer l'UQAM à appuyer Cactus et mieux, à légaliser et taxer le cannabis

pour dégeler le sous-financement chronique des universités...

En se sens et comme des milliers de citoyens, j'ai la profonde conviction qu'au surplus, l 'UQAM doit se joindre au concert grandissant de l'acceptabilité sociale et sondages favorables au pays sur la marijuana. Elle doit s'associer aux récentes prises de position comme celles des médecins, des chefs de police ou du président de l'Union des producteurs agricoles (UPA) lors de l'élection du 7 avril. Elle doit aussi se prononcer et agir sur l'urgence de la décriminalisation, la légalisation, la vente de qualité contrôlée et la taxation par l'État du cannabis et ses dérivés, soit dans les SAQ (pour le «pot» psycho récréatif) et dans les pharmacies (pour la mari médicale).

L'usage croissant et généralisé du cannabis depuis la fin la prohibition de l'alcool il y a 80 ans au Québec, profite exclusivement et à coups de milliards aux seuls groupes mafieux et motards criminels alors qu'il pourrait sans conteste profiter à l'indiscutable sous-financement chronique de la santé et de l'enseignement supérieur ! Scientifiquement en plus, c'est prouvé la marijuana n'a entrainé à ce jour aucun décès, contrairement aux 7 000 personnes qui, chaque année en Amérique, meurent d'une surconsommation de médicaments aussi banals que l'Aspirine, le Tylenol ou l'Advil !

En espérant que vous reviendrez au plus tôt sur cette décision pour appuyer plutôt et activement Cactus Montréal et que vous opterez en plus sur cette incontournable concertation continentale (appuyée par l'ex-Juge en chef de la Cour suprême, Louise Arbour) et cette tendance nord-américaine nettement porteuse - une douzaine d'États américains tiendront des référendums d'ici deux ans - quant à une nécessaire légalisation et taxation du cannabis au bénéfice de la santé publique et d'un meilleur financement de l'enseignement supérieur.

Sincèrement,

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