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Afghanistan: le bilan moyenâgeux du premier ministre Harper

En lieu et place des11 milliards de dollars investis dans la guerre en Afghanistan, le Canada aurait plutôt dû trouver des façons de réorienter la culture du pavot par les paysans appauvris.
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De 2001 à 2014, 40 000 soldats canadiens ont combattu en Afghanistan. De ce nombre, 158 militaires et 4 civils, dont un diplomate, sont morts. De 2002 à 2014, le coût approximatif de cette déclaration de guerre a été de 11 milliards de dollars.

Pour les jeunes et moins jeunes Québécois et Canadiens qui iront voter pour une première fois le 19 octobre prochain, 11 milliards ne veulent rien dire, sinon dépassent l'imagination et l'entendement. En comparaison, c'est l'équivalent annuel de ce que dépense le Québec en entier pour toutes ses universités, cégeps, collèges et écoles (que l'on ferme à Montréal et Laval pour raison de moisissures), soit le ministère de l'Éducation, des Loisirs et des Sports au complet!

Le Canada en Afghanistan: la première déclaration de guerre du Canada depuis celle contre la Corée en 1950

Cette décision et escalade guerrières amorcée sous le gouvernement libéral de Jean Chrétien a fait perdre comme jamais la tradition d'artisan de paix du Canada depuis la création des Casques Bleus de l'ONU par l'ex-prix Nobel et premier ministre canadien Lester B. Pearson. Elle a surtout mis fin à 87 missions humanitaires , opérations d'aide, campagnes et forces de paix successives sous l'égide de l'ONU, comme au Rwanda (1994), en Bosnie (1998), au Kosovo (1999) ou en Haïti (2004).

Le bilan est si catastrophique qu'au moment de la prise du pouvoir par les talibans en 1996, l'Afghanistan était au 169e rang (sur 187 pays) selon l'Indice de développement humain (IDH) des Nations unies. Dix-huit ans plus tard, soit après l'invasion par la coalition internationale menée, entre autres, par les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada, l'Afghanistan est... toujours au 169e rang de cet Indice de l'ONU.

Rien pour que le Canada regagne une place de choix au Conseil de sécurité de l'ONU.

Aussi insensible à ce jour au million de signataires dans le monde (dont 77 842 au Canada francophone) d'une pétition d'Amnistie internationale demandant de libérer le blogueur Raif Badawi, condamné à 1000 coups de fouet par l'Arabie saoudite (pays principal bailleur de fonds d'Oussama ben Laden en Afghanistan), le premier ministre Stephen Harper a signé avec la pétromonarchie du Moyen-Orient - qualifiée il y a quelques jours de moyenâgeuse par la chef de la diplomatie suédoise - le plus important contrat de vente d'armes dans toute l'histoire du Canada.

Au lieu d'investir dans cette guerre inutile...

Monsieur Harper aurait dû plutôt investir dans la santé infantile et, surtout, l'éducation de toutes ces Afghanes voilées qui n'ont jamais pu fréquenter les écoles de Kandahar ou de la capitale, Kaboul. Spécialement celles construites par des incompétents, comme l'affirmait une enquête de la journaliste Michèle Ouimet de La Presse.

Même mieux, en lieu et place de ces 11 milliards de dollars qui ont servi à maintenir en place les nombreux talibans dans les gouvernements de l'ex-président Hamid Karzai et de l'actuel président Ashraf Ghani, le Canada de Stephen Harper - qui a perdu plus de jeunes militaires par suicide après la guerre qu'au combat - aurait été définitivement mieux de trouver des façons de réorienter la culture du pavot par les paysans appauvris. Comment? En achetant plutôt leur production à un prix compétitif afin d'encourager ces petits agriculteurs (aidés par des ONG) et déstabiliser ainsi ces seigneurs de la guerre et les talibans.

Dans quel but? Simplement pour favoriser ainsi la production de morphine, ici et ailleurs. La morphine étant un alcaloïde extrait de l'opium du pavot, très utile pour soulager les douleurs de milliers de personnes, jeunes et moins jeunes, atteints d'un cancer. Que ce soit ceux de Leucan, dont les familles et amis doivent ces temps-ci se raser la tête, faute de fonds pour la recherche, et tous les autres qui font des «Relais pour la vie» pour contrer tous ces cancers des poumons et de la gorge maintenant devenus principale cause de mortalité au Canada.

Malheureusement, je ne crois pas qu'un tel enjeu humanitaire contemporain, même porté par une superstar telle Bono, de U2, en visite à Ottawa et dans les tribunes de la Chambre des communes la semaine dernière, fasse l'objet d'une promesse ou d'un engagement quelconque d'ici l'élection fédérale d'octobre prochain. Spécialement d'un premier ministre conservateur tel Stephen Harper, plus préoccupé de promouvoir ses sables bitumineux albertains, ou encore qui préfère de loin prendre le café dans un Tim Hortons ontarien plutôt que d'assister à toute Assemblée générale des Nations-Unies pour la paix.

En fait, je crois que nous avons véritablement les politiciens que l'on mérite dans notre confort et indifférence totale.

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