Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Voyager seule? Es-tu malade?

Les gens qui voyagent seuls en ressortent habituellement profondément transformés. Se priver d'autant de bonheur serait vraiment malade.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

«J'aimerais ça avoir quelqu'un avec qui voyager, comme vous.»

J'ai dit ça il y a quelques années à un couple d'amis alors qu'ils me racontaient leur dernier voyage en Australie.

«T'as pas besoin d'un chum pour ça, tu peux partir seule.»

«Oui, c'est vrai...», que j'ai répondu, alors que dans ma tête, j'ai pensé : «Seule? Es-tu malade?»

Heureusement, une amie installée en Norvège m'a invitée à la rejoindre pour une semaine à Rome, alors j'allais enfin réaliser mon rêve de voir un peu d'Europe. On a coordonné nos vols respectifs, passé des jours au téléphone à planifier, à rêvasser, à penser au vino qui allait couler à flots, au Colisée, aux beaux Italiens : bref, ça allait être la plus belle semaine de nos vies.

Puis, comme deux belles nouilles, on s'est donné rendez-vous au Termini. Pour ceux qui ne le savent pas, le Termini, c'est seulement la plus grande gare de tout le pays. Et la plus achalandée de l'univers. La fatigue du voyage, la foule en mouvement, les indications incompréhensibles, les corridors qui se ressemblent... j'étais complètement désorientée, seule dans ce nouvel environnement, et mon stress avait atteint le niveau mille.

À ce moment précis, si elle m'avait dit que finalement elle ne viendrait pas, et que je devais passer mon séjour à Rome seule, j'aurais pleuré.

Mais quelques jours et de nombreux désaccords plus tard, et malgré notre amitié inébranlable, il m'est arrivée de me dire que finalement, ça aurait peut-être été mieux d'être seule.

Un an plus tard, c'est exactement ce que j'ai fait.

Et j'en suis revenue complètement transformée. Voici pourquoi.

Libre de choisir

Voyager seule, c'est être d'abord et avant tout être libre de ses choix, bons ou mauvais. C'est être libre de penser, d'aimer, de rencontrer et de découvrir, sans aucun compromis ni compte à rendre. Prendre le temps de se connaître et de faire les choses pour soi.

Sans les compromis qu'imposent les voyages à deux ou en groupe, on peut enfin porter attention à nos propres intérêts, sans jugements ni restrictions. De la destination principale au temps passé dans tel musée ou sur telle plage, on fait ce qui nous plaît, point à la ligne. On ne cherche pas à impressionner, on ne doit plaire à personne.

Libre de rencontrer

En voyage, la solitude n'existe que si elle est souhaitée.

On s'intéresse aux gens, ils s'intéressent à nous. Les rencontres en voyages sont nombreuses, et être seul permet justement d'en augmenter la fréquence. Quand on est avec des amis ou en couple, on est parfois «autosuffisant» et fermons la porte aux nouvelles rencontres. Seul, on est naturellement porté à entamer de nouvelles discussions, et comme le nombre de voyageurs solo est élevé, il est impossible de ne pas se faire des amis.

L'avion n'était même pas décollé que je rencontrais Fred, un étudiant en médecine, assis de l'autre côté de l'allée, son Lonely Planet à la main. C'était pour lui aussi un premier voyage solo, mais ce ne sera pas son dernier. Depuis notre rencontre, les liens d'amitié que j'ai créés avec d'autres voyageurs ont été si nombreux que je ne pourrais tous les énumérer. Surtout, je ne serais pas tombée en amour sur un toit ensoleillé de Séville si je n'étais pas partie seule!

Libre d'exister

L'élément le plus important. Lorsqu'ils renoncent à faire un voyage solitaire, les gens répètent souvent qu'ils préfèrent partager les moments vécus. Mais pourquoi ne pas vivre ces moments pour soi? S'émerveiller devant un coucher de soleil, surmonter sa peur des serpents, ressentir la fierté de pratiquer une nouvelle langue? Voyager seul nous permet de vivre nos émotions à fond. On ne s'appuie sur personne pour nous rassurer si on a peur, ou pour nous féliciter si on a réussi. On existe par nous-même.

Comme moi, les gens qui voyagent seuls en ressortent habituellement profondément transformés. Ils développent une plus fine compréhension d'eux-mêmes et une plus grande intolérance aux jugements des autres. Normal, puisqu'ils ont appris à s'écouter, à se dépasser et à vivre.

Se priver d'autant de bonheur serait vraiment malade.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Singapour

Top 10 des pays à visiter en 2015

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.