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Mines, hydrocarbures, eau, forêts, dans tous ces secteurs, les mêmes principes doivent guider le Québec. Maximiser les retombées sur le long terme, respecter autant les communautés et l'environnement et surtout utiliser nos outils collectifs pour reprendre le pouvoir et être enfin «maîtres chez nous».
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Une chose est sûre, il y a des maîtres chez nous ! Les libéraux s'attaquent de plein fouet aux acquis de notre démocratie, de notre filet social, de l'égalité homme-femme; ils sabrent dans les soutiens aux scientifiques, aux chercheurs, aux artistes, aux passeurs de savoir.

Mais sont-ils encore maîtres de la situation ? Prenons les ressources naturelles, par exemple.

Depuis des années, le débat fait rage sur l'avenir des ressources naturelles. À l'échelle du Québec bien sûr, en raison de la crise économique dans laquelle nous demeurons embourbés, mais surtout dans les régions qui dépendent trop souvent des forêts ou des mines. Face aux pertes d'emplois qui se multiplient et face aux coupes dans l'assurance-emploi, il est compréhensible qu'on soit tenté de conserver l'ancien modèle économique du Québec. Pourtant, nous devons en sortir.

Aujourd'hui, ces mêmes régions sont laissées pour compte par le gouvernement de Philippe Couillard. Les compressions dans les Centres locaux de développement et l'abolition des CRÉ privent les régions de leurs principaux outils de développement économique sans leur présenter de modèle alternatif. Pire, les politiques d'austérité heurtent de plein fouet les employés du secteur public dont ces régions dépendent. Pendant ce temps, les libéraux annoncent le retour en force du Plan nord.

Le gouvernement fait la sourde oreille face aux demandes légitimes de décentralisation des pouvoirs, de consultation citoyenne, de prises de décisions collectives de la population. La coalition Touche pas à mes régions, par exemple, lance un appel clair : « Nous voulons des régions où tous les citoyens s'unissent pour faire en sorte que l'on demeure des moteurs de développement social et économique, qui contribuent à la prospérité de l'ensemble des Québécois. » À Québec solidaire, nous espérons que ce cri du cœur sera entendu par le gouvernement actuel.

Mines

Pour Québec solidaire, le tout-au-privé a fait son temps dans le domaine minier. La solution d'avenir est de devenir maîtres de nos ressources minérales stratégiques, comme nous l'avons fait pour Hydro-Québec. Le gouvernement du Québec doit devenir actionnaire majoritaire dans les projets miniers d'avenir. L'objectif : sortir de la logique du profit à court terme qui écrème une ressource non renouvelable pour plaire aux actionnaires de ces multinationales.

Il est également fondamental de revoir le régime de redevances minières pour les augmenter et, surtout, de les utiliser pour diversifier l'économie des régions minières. Le gouvernement Marois a fait le choix douteux d'investir les redevances minières dans... le remboursement de la dette. Développement durable, vous dites ?

Hydrocarbures

Après une décennie de crise forestière et la fin du boom minier, c'est l'industrie des hydrocar-bures qui défraie les manchettes et sème la zizanie sur son passage: Longueuil, Sherbrooke, Iles de la Madeleine, sans parler du reste du Canada et des États-Unis. Alors qu'un déversement sur-vient à tous les dix jours dans le fleuve St-Laurent, n'est-il pas temps d'agir en conséquence? Ces pratiques d'exploitation sont dangereuses. Le bulldozer de l'industrie du gaz de schiste a laissé sa place au lobby pétrolier, qui veut imposer des projets de pipelines et lancer l'exploitation pétrolière sur Anticosti, dans le Golfe du St-Laurent et en Gaspésie.

Ce n'est pas avec un « maître » comme le ministre Heurtel que l'environnement sera protégé. Il est incapable d'exiger de Transcanada les détails du projet Énergie Est, qui permettraient au BAPE d'effectuer une étude d'impact environnemental. M. Couillard dit être favorable au projet avant même d'en connaître les détails. C'est inquiétant.

La saga des gaz de schistes et celle du pipeline de TransCanada démontrent jusqu'où l'industrie des hydrocarbures est prête à se rendre pour imposer ses plans d'affaires : bousculer et diviser les communautés et manipuler l'opinion publique pour induire la population en erreur.

Nous devons sortir des hydrocarbures plutôt que de nous y enfoncer. Le pétrole et le gaz que renferme le sous-sol québécois sont essentiellement des formes extrêmes de ces hydrocarbures, non rentables, polluantes et très risquées. Le pétrole de schiste d'Anticosti et ceux de la Gaspésie et de Old Harry, dans le golfe du St-Laurent, sont des projets très risqués qui feront reposer le risque sur les communautés avec des retombées économiques minces, voire inexistantes.

Eau

Avec 3% des réserves mondiales d'eau potable, le Québec est très riche en eau. Cette richesse publique est menacée par toutes sortes de projets industriels comme les forages pour des projets d'hydrocarbures, mais aussi par le transport du pétrole, que ce soit par des pipelines, par bateau ou encore par train.

Non seulement cette ressource vitale est empoisonnée par les déversements, mais les redevances exigées pour son embouteillage sont risibles : 70$ pour un million de litres d'eau. Dit autrement, un dollar pour près de 15 000 litres ! On parle souvent de l'eau comme de l'or bleu, essentiel à la vie. Mais nous vendons cette richesse à un prix dérisoire alors que l'or se maintient à une valeur de près de 50000$ pour un kilo. Ces redevances doivent connaître une hausse substantielle.

Forêts

Les forêts publiques et privées sont en crise et le demeureront encore longtemps si la même attitude demeure : privilégier la vision à court terme, négliger la protection de l'environnement et renier les promesses électorales d'appuyer la sylviculture, qui est pourtant la voie de l'avenir. Après des décennies de surexploitation des forêts publiques et de sous-exploitation des forêts privées, le gouvernement libéral nous maintient dans ces ornières.

Les forêts doivent être redonnées aux communautés avec la mise en place de forêts de proximité. Tout le monde le dit, mais les gouvernements ne suivent pas. Au nom de l'austérité et face au lobby des multinationales, l'appui de Québec ne suit pas. L'exemple le plus criant : pourquoi ne pas utiliser le marché des bâtiments publics pour utiliser au maximum le bois, un matériau écologique ?

Dans tous ces secteurs, les mêmes principes doivent guider le Québec. Maximiser les retombées sur le long terme, respecter autant les communautés et l'environnement et, surtout, utiliser nos outils collectifs pour reprendre le pouvoir et, comme le disait Jean Lesage, être enfin «maîtres chez nous».

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Avril 2018

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