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Jusqu'à la remise en question par certains du consensus social, les associations étudiantes étaient les seules à qui on reconnaissait le droit de grève politique et de solidarité. Mais lorsque ce droit de grève se décide dans les tribunaux, c'est qu'il est temps de légiférer.
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Pour Québec solidaire, « l'éducation doit préparer à une citoyenneté critique, solidaire et active. (...) Elle développe le sens critique qui permet aux citoyens et citoyennes de participer activement à la démocratie. » L'école est non seulement un microcosme de la société, mais, par le bouillonnement d'idées qui s'observe dans les cégeps et les universités, elle contribue à son développement. À ce titre, il est normal que la population étudiante prenne part à la lutte contre l'austérité et toute autre cause politique et sociale qui lui paraît digne d'intérêt. On ne devrait pas se surprendre, mais plutôt se réjouir de voir ces citoyennes et ces citoyens à qui on enseigne le fonctionnement de la société agir et prendre la rue, ou toute autre action concrète pour participer à la démocratie. Rappelons que la démocratie s'exerce de diverses façons, bien au-delà d'un papier dans l'urne, une fois aux quatre ans.

De facto, il n'existe pas à ce jour de droit de grève pour les associations étudiantes, a contrario des organisations syndicales qui évoluent dans le monde du travail. Depuis les années 1960, la légitimité des mandats de grève dans le milieu étudiant repose en fait sur un consensus social. Or, de plus en plus de voix s'élèvent pour souligner qu'il a peut-être atteint ses limites.

Si on débat aujourd'hui plus que jamais de la nécessité d'encadrer le mouvement étudiant, c'est que certains individus font pression, notamment à travers la Fondation 1625, cofondée par un militant et aspirant candidat pour le Parti conservateur du Canada, pour contester la légalité des mandats de grève dans les cégeps et les universités. Cette judiciarisation du conflit place les droits collectifs en opposition avec les droits individuels.

Ne nous leurrons pas cependant, car l'objectif des anti-grève est plus profond et va au-delà de la question de l'accès aux cours: une certaine droite souhaite tout bonnement que le mouvement étudiant disparaisse et que les associations étudiantes soient réduites à des comités organisateurs pour les fêtes de mi-session. La question de la reconnaissance du droit de grève, c'est aussi la lutte pour la reconnaissance du droit de grève politique et de solidarité.

Jusqu'à la remise en question par certains du consensus social, les associations étudiantes étaient les seules à qui on reconnaissait le droit de grève politique et de solidarité.

Que celles et ceux qui souhaitent saper le pouvoir d'initiative des associations étudiantes ne se fassent cependant pas d'illusions. Ils peuvent faire appel aux tribunaux si ça leur chante: en 2012, une certaine loi spéciale n'a pas empêché le plus grand mouvement de protestation du Québec moderne de fleurir. L'indignation se nourrit des inégalités. Tant que persistera un fort sentiment d'injustice, des gens seront portés à le souligner.

Lorsque le droit de grève se décide dans les tribunaux, c'est qu'il est temps de légiférer. En 2011, Québec solidaire a adopté, à majorité, deux propositions visant à reconnaître le droit des associations étudiantes de débrayer: reconnaître dans la Charte des droits et des libertés le droit à l'association en syndicats, le droit à la négociation et le droit à la grève. Ainsi que reconnaître à toutes et tous (y compris les étudiantes et les étudiants) le droit de grève politique (qui vise à influencer le gouvernement) et de solidarité (en appui à d'autres travailleuses et travailleurs ou étudiantes et étudiants en grève). À ce jour, il demeure le seul parti politique à l'inclure dans son programme.

Bien que plusieurs s'entendent sur le fait qu'il faut définir le droit de grève étudiante, les moyens de légiférer sont divers. Si l'un des trois scénarios envisagés par Guillaume Rousseau devait s'appliquer, nous croyons qu'il est primordial que les étudiants soient partie prenante des décisions qui les concernent. Ces trois scénarios comportent leur part de risque de dérives ce qui pourrait compromettre le droit de grève et peut-être plus. Québec solidaire est le seul parti à proposer la reconnaissance du droit de grève politique et que le droit de grève soit inclus dans la Charte des droits et libertés.

Néanmoins, le débat reste ouvert. Nous voulons que la population étudiante dispose des moyens d'action dont elle a besoin pour s'exprimer démocratiquement auprès du gouvernement, c'est donc à elle que revient la responsabilité de proposer une voie qui lui convient.

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