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Une difficile cohabitation

Sauf lors des grands événements touristiques et festivals qui se déroulent au Québec, peut-on vraiment nous qualifier en général de peuple accueillant?
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Les événements malheureux survenus récemment à Paris amènent plusieurs personnes à remettre en question la pertinence de recevoir des migrants syriens chez nous.

Cette remise en question de la pertinence de partager son pays avec des étrangers n'est pas un phénomène nouveau. Que ce soit la cohabitation des hommes blancs et des Autochtones depuis le début de la colonie en Amérique du Nord, des Canadiens français et des Canadiens anglais, des Noirs et des Blancs aux États-Unis, des Serbes et des Croates, il y a eu et il y a encore des difficultés d'adaptation et d'acceptation.

Les Juifs vivent ce problème d'adaptation ou d'intégration dans plusieurs pays. Les Arabes qui sont maintenant omniprésents à l'extérieur de leurs pays d'origine ne se sentent pas non plus toujours bienvenus dans leurs pays d'accueil.

La crainte soulevée par l'arrivée imminente des nombreux migrants syriens au Canada peut s'expliquer par le nombre annoncé (25 000), mais aussi par le fait que les attentats majeurs survenus au cours des dernières années à plusieurs endroits sur la planète ont toujours été l'œuvre d'extrémistes.

Aussi, les médias véhiculent des informations qui poussent certains à affirmer que d'autres pays arabes ne participent pas à l'accueil des migrants. Ces informations non vérifiées créent une difficulté à accepter de devoir faire sa part alors que l'on entend que le Qatar, l'Arabie saoudite et le Koweït n'auraient pas ouvert leurs portes à leurs frères arabes migrants qui quittent leurs pays respectifs pour fuir la guerre et trouver un monde meilleur. L'Allemagne, de son côté, y a pourtant vu dès le départ du positif en identifiant une opportunité de recevoir des travailleurs bien formés, qui accepteraient des salaires modiques et qui pourraient contribuer à la hausse de la population.

Sauf lors des grands événements touristiques et festivals qui se déroulent au Québec, peut-on vraiment nous qualifier en général de peuple accueillant? Même entre nous, l'intégration n'est pas évidente. Un de mes bons amis de longue date, originaire de Farnham, a fait ses études et a débuté sa carrière dans la ville de Québec avant d'aller vivre et travailler pendant une dizaine d'années au Saguenay. Pourtant, même après dix ans là-bas, ses voisins à Chicoutimi l'appelaient encore «le gars de Montréal».

L'Ordre des médecins du Québec est aussi très protectionniste et ne reconnaît pas d'emblée les diplômes des médecins formés ailleurs. Un médecin marocain arrivé ici s'est fait dire que son diplôme en médecine serait accepté pour devenir ambulancier, mais pas comme médecin au Québec. Nous n'avons pourtant pas un surplus de médecins pour traiter nos malades. Une situation similaire a été rapportée dans les médias concernant une infirmière spécialisée formée en France à qui on refusait d'œuvrer ici dans sa spécialité. Elle est repartie chez elle, ne se sentant pas bienvenue dans la terre d'accueil où elle souhaitait apporter une contribution.

Comme professeur en «Lancement d'une entreprise», j'avais régulièrement une clientèle importante provenant des pays du Maghreb. Je me disais au début que le commerce et, surtout, la négociation étaient partie intégrante de leur culture, mais en fouillant plus loin j'ai constaté que ce qui motivait leur présence dans nos classes reposait sur le fait que les employeurs d'ici ne les embauchaient pas malgré leurs qualifications souvent supérieures à celles des candidats recrutés. La peur était-elle une explication plus plausible du refus de les engager? Peut-être. Après tout, il est indéniable que les musulmans ne sont pas tous terroristes, mais que 100% des terroristes en vue actuellement seraient musulmans.

Cette crainte du changement est cependant surprenante de la part d'un peuple qui s'intéresse beaucoup aux autres cultures. Nombreux sont les Québécois qui voyagent à travers le monde dans des destinations très variées, même au Moyen-Orient. Comment alors expliquer cette réticence à recevoir et à côtoyer des gens de ces mêmes cultures, chez nous?

Certains exemples prouvent que la cohabitation est possible. Prenons l'exemple des Asiatiques qui s'installent chez nous. Il est vrai qu'ils se regroupent dans leurs quartiers qui comptent, entre autres, de nombreux médecins vietnamiens ou propriétaires de dépanneurs et de restaurants d'origine chinoise. Mais ils sont en général très appréciés ici. À Montréal, les Portugais, les Grecs et les Italiens ont choisi leurs quartiers de prédilection et œuvrent aussi dans des secteurs d'activités où ils excellent en général. Tous ces gens ont contribué à améliorer notre société.

Pourquoi les musulmans ne feraient-ils pas de même? Pourquoi ne pourraient-ils pas s'adapter à nos modes de vie et à nos règlements, comme l'ont fait et le font encore les gens originaires des autres peuples cités plus haut? Le succès de la cohabitation semblerait plus accessible si les quelques nouveaux arrivants à tendance plus extrémiste acceptaient de mettre de côté leur insistance à nous faire changer.

Après tout, il serait temps que les nouveaux arrivants de quelque groupe que ce soit réalisent que «le passé est un lieu de référence, pas un lieu de résidence» (auteur inconnu).

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