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ALENA: quand Donald Trump influence la négociation

L'étapisme utilisé par les Américains dans la renégociation de l'ALENA constitue une stratégie machiavélique.
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Il faut se rappeler que tout ce processus de renégociation a été mis en place parce que Donald Trump l'a exigé en se disant outré de l'entente signée par ses prédécesseurs.
Christinne Muschi / Reuters
Il faut se rappeler que tout ce processus de renégociation a été mis en place parce que Donald Trump l'a exigé en se disant outré de l'entente signée par ses prédécesseurs.

Une autre séance de négociations de l'ALENA a débuté à Montréal le dimanche 21 janvier. Or, à chaque séance antérieure, peu de progrès aurait été réalisé. De plus, à chaque occasion, les Américains se sont présentés avec des exigences supplémentaires comme on pouvait le lire dans le Journal de Montréal sous le titre « ALENA : offensive américaine dans l'industrie automobile » (. Aussi, chaque fois, ils n'ont montré aucune intention d'assouplir leur position de départ.

Il faut se rappeler que tout ce processus de renégociation a été mis en place parce que Donald Trump l'a exigé en se disant outré de l'entente signée par ses prédécesseurs. Il l'a maintes fois qualifiée de très désavantageuse pour l'économie de son pays, malgré les démonstrations contraires faites par le gouvernement canadien et sans tenir compte des réserves de certains gouverneurs d'États américains pour qui l'entente génère des échanges commerciaux importants avec le Canada.

Il est évident que la position très ferme des Américains à la table de négociation vise à faire plier les représentants canadiens et mexicains face à leurs exigences.

Il est évident que la position très ferme des Américains à la table de négociation vise à faire plier les représentants canadiens et mexicains face à leurs exigences. Cependant, on peut aussi se demander si les Américains n'ont pas mis sur pied un processus de pression parallèle sur la négociation avec le Canada.

En effet, l'imposition de droits compensateurs sur les produits canadiens destinés aux États-Unis (bois d'œuvre, avions de la C SERIES de Bombardier et papier journal) pourrait être considérée comme d'autres exigences de nos voisins du Sud en vue de maintenir une entente d'échanges commerciaux entre nos pays. Ces droits illustrent le protectionnisme à vitesse grand V mise de l'avant par Donald Trump.

En contestant les droits imposés par le département du Commerce américain auprès de l'Organisation mondiale du commerce, le Canada peut espérer qu'ils soient un jour amoindris ou éliminés, cependant, le délai avant d'en arriver à un tel jugement pourrait être si long que plusieurs entreprises auraient éventuellement fermé leurs portes en étant incapables de survivre dans un marché appliquant de tels droits compensateurs.

L'étapisme utilisé par les Américains dans la renégociation de l'ALENA constitue une stratégie machiavélique.

L'étapisme utilisé par les Américains dans la renégociation de l'ALENA constitue une stratégie machiavélique. En retardant les progrès des discussions et en imposant en parallèle des droits compensateurs, les Américains sont en train de nous faire voir comment leur président veut rendre son pays « Greater again ».

L'étouffement imposé aux entreprises canadiennes voulant faire affaire aux États-Unis aura irrémédiablement pour conséquence de détériorer notre économie ou de faciliter l'acquisition de nos entreprises par les Américains pour leur donner le privilège de continuer à vendre leurs produits aux États-Unis sans avoir à crouler sous le fardeau des droits compensateurs.

C'est ce qui semble être récemment arrivé au Groupe Canam de la Beauce qui a cédé une majorité de ses actions à des Américains comme le rapportait ICI Radio-Canada sous le titre : Groupe Canam passe sous le contrôle américain. Cela permettra de continuer à recevoir des appels d'offres pour les grands projets chez l'oncle Sam.

Parlant de l'oncle Sam, cette désignation sympathique du pays de Donald Trump est de moins en moins utilisée parce que ce dernier est loin d'être sympathique. Partout, ses représentants jouent du coude pour imposer les vues du vilain Donald.

Ce que prône le président Trump peut ressembler à sa façon de diriger son entreprise alors qu'il aurait quasi égorgé des fournisseurs.

Nous sommes loin du libre-échange. Ce que prône le président Trump peut ressembler à sa façon de diriger son entreprise alors qu'il aurait quasi égorgé des fournisseurs. En rendant le commerce Canada-États-Unis invivable, il semble penser rendre son pays plus fort après avoir absorbé nos entreprises.

Qui va faire réaliser aux Américains et au monde entier que Trump ment en reprochant aux entreprises canadiennes de drainer l'économie américaine? Pourquoi laisserait-on les Américains drainer notre économie? Les procédures déloyales utilisées par les Américains sous la férule de leur mégalomane en chef doivent être dénoncées, reprochées et il faut y mettre un terme. Ce n'est pas une négociation, c'est l'imposition de ses vues.

C'est de l'hypocrisie de la part des Américains que de reprocher au gouvernement canadien d'aider ses entreprises en laissant entendre que leur gouvernement ne le fait pas.

C'est de l'hypocrisie de la part des Américains que de reprocher au gouvernement canadien d'aider ses entreprises en laissant entendre que leur gouvernement ne le fait pas. Rappelons-nous le sauvetage des banques américaines par leur gouvernement en 2008. Rappelons-nous les milliards de dollars injectés par le gouvernement des États-Unis à la même époque pour assurer la survie des géants de l'auto.

Qui croirait que les villes et états américains n'offrent pas d'avantages financiers à Amazon pour pouvoir accueillir son deuxième siège social? Est-ce à dire qu'il n'y a pas que les vilains Canadiens qui aident financièrement les entreprises?

Il faut éviter de faire trop de concessions et se montrer trop conciliants devant des vis-à-vis de mauvaise foi dans le processus de renégociation de l'ALENA.

Avril 2018

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