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Le cycliste se doit d'être constamment à l'affût pour sauver sa vie avant d'admirer le paysage et de se remplir les poumons d'air frais.
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L'accident dont a récemment été victime Isabelle Richer, journaliste et chroniqueuse judiciaire de Radio-Canada, m'a touché. En y réfléchissant bien, il me fait réaliser que le vélo présenté comme un équipement d'exercice physique et un outil de mise en forme est en réalité un équipement de sport extrême.

Je ne parle pas ici d'un BMX, soit ce vélo utilisé par des acrobates pour faire des sauts et des tourniquets, mais du vélo en général. En effet, force est de constater que d'enfourcher le vélo est devenu un risque constant. Tout comme le joueur de hockey professionnel dont la mission première en sautant sur la glace est de sauver sa vie pour ensuite lancer vers le but s'il touche à la rondelle, le cycliste se doit d'être constamment à l'affût pour sauver sa vie avant d'admirer le paysage et de se remplir les poumons d'air frais, parfois pur, dépendant de l'endroit où il pratique son sport.

Il ne suffit pas de se rappeler l'accident tragique ayant causé la mort de trois cyclistes fauchés par un conducteur somnolent à Rougemont en 2012, ou de la mort tragique de Mathilde Blais, écrasée par un mastodonte sous un viaduc à Montréal en allant travailler à vélo. Pensons aux accidents bêtes dont ont été victimes Pierre Karl Péladeau et son collègue Sylvain Gaudreault, tous deux blessés en vélo, le premier parce qu'il a heurté un obstacle et le second à cause de la route endommagée.

Combien d'entre nous connaissent aussi des cyclistes victimes de mésaventures. Je me souviens trop bien de cette belle jeune femme début vingtaine, promise à une belle carrière à la fin de ses études universitaires, mais morte écrasée sous un autobus à Montréal. Sa mère, ma secrétaire à l'époque, ne s'en est pas remise.

Plus récemment, un confrère de curling me montrait une photographie de lui au lendemain de son accident de vélo, un face-à-face avec un camion qui a foncé sur lui parce que le conducteur distrait ne l'avait pas vu. William avait le visage complètement tuméfié, mais ce qui frappait surtout, c'est que son visage était plat: il n'avait plus de nez. On a en effet dû lui reconstruire un nez.

Il a survécu malgré les fractures, et certaines personnes le taquinent amicalement en lui disant qu'il a un nez plus mince et plus élégant qu'auparavant, mais les douleurs persistent et surtout, il est gêné d'aller manger au restaurant avec ses amis parce qu'il a appris depuis son retour à la vie normale que son nez en plastique coule sans qu'il s'en aperçoive lorsqu'il est exposé au-dessus d'un plat de soupe chaude ou de tout autre mets chaud. Aussi, les sports d'hiver sont devenus plus difficiles pour les mêmes raisons. Donc, des séquelles permanentes découlent d'un sport pratiqué dans le but de garder et d'améliorer sa condition physique.

Est-ce que les conducteurs québécois pourraient faire leur part et développer le civisme? Ce message est difficile à faire passer. Qu'est-ce qui justifie cette course effrénée? Pourquoi toujours être si pressé qu'il faille prendre des risques et en faire prendre aux autres? Ce n'est pas drôle d'être constamment stressé et de toujours se sentir obligé d'arriver rapidement et le premier, même s'il n'y a pas un enjeu important à destination.

Les médias se doivent de continuer à nous rappeler le triste accident de madame Richer et ceux du même genre, mais il serait peut-être plus convaincant de montrer le conducteur non pas comme coupable, mais comme individu rongé par le remords (en souhaitant que tel soit le cas) qui a aussi de la difficulté à se pardonner et qui prône un changement de comportement des conducteurs pour qu'is ne deviennent pas des conduc-tueurs.

Souhaitons à Isabelle Richer de récupérer totalement de cette mésaventure et de revenir en ondes rapidement, mais, surtout, espérons que cet événement servira à éveiller l'attention des conducteurs qui constamment mettent à risque la vie des cyclistes, et aussi l'attention des cyclistes qui, par leurs comportements erratiques à vélo, suscitent la hargne et parfois la haine des conducteurs.

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