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J'ai déjà inhalé de la marijuana et j'ai aimé ça

Légalisons la marijuana au plus vite et passons à autre chose.
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Oui, je l'avoue: j'ai déjà inhalé de la marijuana, au mépris des lois et des conventions, comme un vulgaire criminel. J'ai roulé des tas de gros joints. J'ai aspiré la fumée verte à pleins poumons pour planer d'aplomb. J'ai même mangé des biscuits au beurre de cannabis. Et j'ai tâté d'autres drogues dont on ne se vante pas parce que je me foutais royalement de la morale hypocrite de nos lois en matière de consommation de psychotropes. Je suis allé bien au-delà des portes de la perception et je n'ai même pas fréquenté un centre de désintoxication pour cesser de consommer de la drogue. J'ai tout arrêté ça tout seul, comme un grand garçon. Comme si j'étais allé au bout de mes expériences. Je ne consomme plus que du café et un peu de vin de temps à autres. Je suis sobre à 99,987 %.

Je n'ai éprouvé aucune honte à consommer du cannabis. Je me suis offert ce plaisir coupable avec délectation. Un plaisir que j'aurai partagé avec des gens de toutes conditions: des assistés sociaux, des travailleurs, des hommes d'affaires, des avocats et même des politiciens. Je ne nommerai personne. Je me contenterai de m'accuser moi-même d'avoir déjà fumé du pot. Et si je puis enfin vous le dire, c'est bien parce que je n'en fume plus. Aucun risque de me faire prendre avec un sac de cannabis chez moi. Je puis enfin m'exprimer librement sur cette liberté qui m'était jadis refusée.

D'autres États américains se sont ajoutés cette semaine à la liste de ceux qui autoriseront désormais l'usage récréatif ou médical du cannabis. La Californie et le Massachusetts favoriseront l'usage récréatif de la marijuana. Ils s'ajoutent au Colorado, au Nevada, à l'Oregon, à l'État de Washington et à l'Alaska. Fumer du pot pour le plaisir de le faire n'est plus susceptible de vous conduire vers un séjour en prison. L'argent récolté par l'État pourra servir à traiter les toxicomanes ou bien à financer des terrains de jeux pour les enfants. Tout le monde y gagnera en fin de compte. Et je parie qu'il n'y aura pas plus de fumeurs de cannabis pour autant. Il y a plus de fumeurs de pot en France, alors que ça y est interdit. Il y en a moins aux Pays-Bas, là où on l'autorise. C'est tout dire.

Les psychotropes, qu'on le veuille ou pas, font partie de toutes les cultures de l'humanité. Cela va de l'alcool à la feuille de coca en passant par l'amanite tue-mouches, la marijuana, le thé ou le café. La liste est longue des moyens qu'ont pris les hommes pour modifier leur état de conscience. Les animaux eux-mêmes se saoulent à l'occasion en mangeant d'énormes quantités de fruits trop mûrs produisant de l'alcool par fermentation. Les chevreuils peuvent eux aussi ravager une plantation de marijuana. Bref, cela fait partie de l'ordre naturel, voire surnaturel des choses.

Il se vend de la corde à la quincaillerie. Certains vont en acheter pour attacher des trucs. D'autres pour se pendre. Allons-nous interdire la vente de cordes?

La marijuana a été interdite dans les années trente aux États-Unis par un décret de la Food and Drug Administration (FDA). Ce ne sont pas des critères strictement scientifiques qui ont mené à cette interdiction, mais bel et bien des critères racistes. La marijuana était la drogue de prédilection «des Mexicains et des Nègres» (sic!), disaient péjorativement les promoteurs de l'interdiction. Ils utilisaient cette drogue pour faire leur musique satanique qui pouvait ensuite leur servir à débaucher les honnêtes filles blanches de l'Amérique. L'alcool, cette drogue bien européenne, fut à peine prohibée quelques années pour se rendre compte que son interdiction avait donné naissance à la mafia. L'alcool de contrebande a contribué à mettre des mitraillettes entre les mains d'Al Capone et d'autres scélérats.

L'usage récréatif de l'alcool a été rétabli aux États-Unis sans que l'on ne remette en question l'interdiction reliée à l'usage de la marijuana. On a continué à emprisonner des millions de gens aux États-Unis, depuis les années 1930, pour avoir osé fumer cette «marijuana», cette vilaine drogue d'hispanophones malpropres et dangereux...

Ici, au Québec, vous pouvez vous procurer en toute impunité de l'alcool à 94 % sans vous faire sermonner par qui que ce soit. Vous pouvez boire huit bouteilles d'affilée et mourir aveugle s'il le faut. John A. McDonald buvait comme un trou. Churchill aussi. C'est donc une drogue de gentlemen.

Par contre, si vous vous faites pincer avec un plant de marijuana, vous êtes mieux d'avoir une prescription du médecin. Sinon, on vous fera payer cher d'avoir osé défier une politique discriminatoire envers la drogue de prédilection des non-Blancs. L'alcool, c'est bon pour les Vikings. Le pot, c'est pour les métèques et les marginaux. Pour ceux qui ne veulent pas travailler et qui se promènent avec des fleurs dans les cheveux.

***

Je peux enfin parler de la marijuana. Je n'en consomme plus depuis deux ans. Et je n'ai pas l'intention de m'y remettre. Je peux affirmer sans crainte de me faire pincer que je suis pour l'usage récréatif de la marijuana. On ne trouvera pas un brin de cannabis chez moi. On en aurait trouvé entre sept et quatorze grammes à une autre époque de ma vie.

J'aimais fumer, non pas pour me guérir d'une quelconque douleur physique, mais tout simplement pour planer. Je planais devant mon clavier, devant mes pinceaux et mes toiles, avec ma guitare, mes tamtams et mes harmonicas. Un joint et j'oubliais tout ce qui pouvait m'embêter dans la vie. Je devenais l'homme le plus compréhensif du monde. Je n'avais plus aucun ressentiment. Toutes les actions humaines me semblaient théâtrales. Je voyais derrière chaque humain quelque chose que lui-même ne voyait pas. Quelque chose comme sa vraie nature, sa fragilité camouflée, sa douceur. C'est donc dire que la marijuana est une drogue dangereuse. Elle ne vous fait plus prendre conscience du danger. Et, pire encore, elle vous fait aimer la guitare et l'harmonica.

Si je ne fume plus, cela me regarde. Je n'ai même pas l'envie de vous embêter avec ça.

Il se vend de la corde à la quincaillerie. Certains vont en acheter pour attacher des trucs. D'autres pour se pendre. Allons-nous interdire la vente de cordes à la quincaillerie pour le mauvais usage qu'en font les désespérés?

Il y aura toujours des drogues dans la société. Il ne sert à rien de jouer à l'autruche.

Il est sans doute nécessaire de s'assurer de la qualité du produit, mais on ne le fait pourtant pas pour les petits fruits bourrés de pesticides cancérigènes qui ont fait des abeilles une espèce en voie de disparition... Il y a toujours deux poids deux mesures avec la drogue. De plus, si l'État s'était trompé, imaginez les poursuites judiciaires des consommateurs de cannabis incarcérés injustement. Viendra-t-elle au Canada et au Québec la légalisation du cannabis? J'en doute encore, quoi qu'ait pu prétendre Justin Trudeau. L'hypocrisie a encore de belles années devant elle.

Je suis en faveur de l'usage récréatif du cannabis. Je suis en faveur de décriminaliser les consommateurs de toutes les drogues. Il ne sert à rien de frapper sur les victimes. Il ne me viendrait pas à l'idée de foutre en prison un type qui s'est acheté de la corde à la quincaillerie pour se pendre. Cette sagesse que nous avons pour la corde, on devrait aussi l'avoir pour les drogues. On doit cesser une fois pour toutes de jouer aux vierges offensées avec cette dope que nous ne voulons pas voir et qui fait largement partie de nos vies du petit matin jusqu'au soir, ne serait-ce que via l'usage médical de produits pharmaceutiques tout aussi euphorisants que douteux.

Légalisons la marijuana au plus vite et passons à autre chose.

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