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Bravo les autodidactes!

Est-ce que l'école est un frein au développement du génie?
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Je vais encore prêcher pour ma paroisse. Enfin, pas tout à fait, puisque j'ai obtenu quelques diplômes à force de perdre mon temps. Je me sens pourtant autodidacte de corps et d'esprit.

Vous aurez compris que j'aborderai le thème de l'autodidactie au cours des prochaines lignes.

Tout ce que j'admire dans la vie se tient dans la marge. J'ai peut-être trop dessiné dans les marges de mes cahiers d'écolier à force de m'ennuyer dans des cours magistraux soporifiques.

Louis Armstrong était un autodidacte de la trompette. Il n'a jamais su lire la musique. Il pouvait reproduire tout ce qu'il entendait avec son instrument. Il a inventé de nouvelles sonorités qu'aurait sans doute reniées un chef d'orchestre englué dans une vieille pratique s'apparentant à un tic nerveux.

Jack London fut le plus grand écrivain de son temps et le plus drôle dans tout ça, c'est qu'il n'a jamais étudié en littérature. Il a fréquenté assidûment les bibliothèques, a travaillé à la dure dans toutes sortes de métiers, puis a couché sur le papier ses récits devenus légendaires. Des tas d'écrivaillons diplômés ne lui arrivent pas à la cheville et ne réussissent qu'à fabriquer des discours inutiles, pour paraphraser l'écrivain René Daumal. Ils ne peuvent que se lire et se complimenter entre eux.

Un certain Christian Mistral, plus près de nous, n'est jamais allé à l'université et démontre une meilleure maîtrise de sa plume que bien des tâcherons bardés tout autant de diplômes qu'enveloppés d'ennui.

Les frères Wright étaient des réparateurs de bicyclettes. Plusieurs physiciens de leur temps avaient conclu qu'il était impossible à un engin plus lourd que l'air de s'envoler de sa propre force. Ils croyaient que le ballon chargé d'un gaz plus léger que l'air était la seule manière de s'élever vers les nuages. Les frères Wright, purs autodidactes, leur firent ravaler leur râtelier. À peine quelques décennies plus tard, l'Homme marchait sur la Lune.

Albert Einstein était un obscur employé de l'Office des brevets de Berne. Il s'est forgé une carrière de physicien en parfait autodidacte. Il lui était impossible de se conformer aux singeries académiques. L'école lui pesait sur l'esprit comme une prison. On lui doit des avancées phénoménales dans la physique moderne. Notre compréhension de l'univers connu et inconnu s'est accrue sous l'influence d'un décrocheur scolaire...

Steve Hill, un virtuose de la guitare que j'ai le bonheur de connaître un tant soit peu, se faisait reprocher par ses professeurs de musique du cégep de ne pas faire ses accords barrés comme il se doit. Il les fait encore de la même manière et gagne sa vie mieux que tous ceux qui se sont laissés décourager par ces pédants pontifiant sur l'art de tenir une guitare.

Des exemples semblables, j'en ai des milliers, dans presque tous les domaines.

Des écrivains, des peintres, des inventeurs, des traducteurs, des musiciens, des cuisiniers, alouette!

Et maintenant, voici la question qui tue: est-ce que l'école est un frein au développement du génie?

Sans aucun doute. Et comme le génie est rare, on n'aura certes pas fini de s'intéresser aux apparences plutôt qu'aux fondements de la sapience. À vrai dire, le savoir importe peu. C'est même un obstacle pour faire partie d'une institution. On veut un outil, pas une nouvelle façon de faire. On veut du silex pour faire du feu, pas un briquet...

Quand on me dit le mot école, je pense invariablement au Magicien d'Oz.

Il y a souvent de la sagesse dans les contes d'enfants, et le Magicien d'Oz nous démontre qu'il ne suffit que de remettre un diplôme à un épouvantail pour qu'il se sente tout de suite investi de savoir.

On reprochera aux autodidactes de manquer de méthode et de n'accorder aucune importance aux écrans de fumée.

On leur reprochera de ne pas connaître le solfège ou bien la quadrature du cercle.

Par contre, on continuera de juger l'arbre à ses fruits.

Les fruits seront bien plus mûrs et bien plus juteux dans l'arbre de ceux qui plongent leurs racines dans des terres profondes et jamais fréquentées.

Ils seront petits et secs dans les arbres rachitiques des grands salons de ces courtisans qui ne font qu'ânonner leur petit catéchisme de diplômés sans génie.

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Mai 2017

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