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Les transhumanistes face à la crise écologique

Le transhumanisme, consacré à l'amélioration humaine grâce aux technologies, peut-il offrir une alternative aux crises écologiques contemporaines?
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Le transhumanisme, mouvement d'idées consacré à la promotion de l'amélioration humaine grâce aux sciences et technologies émergentes, ressemble à première vue à une nouvelle version de l'idéologie d'un progrès débridé; fort peu capable d'offrir une alternative aux multiples crises écologiques contemporaines.

Produits d'une pression croissante des activités humaines sur les ressources naturelles et les écosystèmes, ces crises ouvrent également la possibilité d'une prise de conscience de la finitude de l'action humaine et de la nécessité d'inventer de nouvelles valeurs et d'expérimenter de nouveaux modes de vie plus adaptés à ces nouvelles contraintes.

Mais comment les transhumanistes, en tant que personnes portant et construisant ce mouvement d'idées, se positionnent-ils vis-à-vis de ces brûlantes questions environnementales? Accompagné d'une infographie, notre articleModifier l'espèce humaine ou l'environnement? Les transhumanistes face à la crise écologique explore cette question, bien plus complexe qu'il n'y paraît.

En analysant certains textes importants du corpus transhumaniste, et en invitant quelques-uns de ses militants à réagir aux thèses qu'ils contiennent, nous montrons d'abord qu'il n'y a pas une pensée transhumaniste homogène, mais bien des transhumanismes, entre lesquels la critique est conséquente et permanente. Les transhumanistes diffèrent non seulement sur la façon d'agir et de réagir face aux problèmes environnementaux, mais ne s'entendent également pas sur l'identification des responsabilités de cette situation - plus précisément sur le rôle de l'humain dans la déplétion des ressources naturelles et le réchauffement climatique.

L'exploration de ces désaccords, à propos desquels les transhumanistes restent souvent très discrets, sont riches d'enseignements sur certaines ambiguïtés internes au transhumanisme, relativement à la capacité d'action et aux désirs de puissance de l'humain qu'il est supposé promouvoir. Nous suggérons que ce mouvement d'idées oscille entre une modestie surprenante (voire paresseuse) et un interventionnisme peut-être effrayant mais restant bien spéculatif et orienté vers un futur indéfini (par exemple dans les domaines de la géo-ingénierie ou plus encore du moral enhancementhttp://ieet.org/index.php/tpwiki/moral_enhancement que nous examinons).

En regard de ces transhumanismes contrastés, nous proposons de faire travailler certaines positions écologistes, en particulier autour du concept d'Anthropocène et de sa popularité croissante, en tant que nouveau nom pour une époque géologique marquée par l'impact prédominant de l'activité humaine. Nous montrons que les schémas narratifs transhumanistes et écologistes peuvent parfois présenter un certain nombre de points communs; invitant à redoubler d'efforts pour penser l'émancipation et la contrainte, le poids du passé et l'urgence du futur, ou encore l'irréversibilité de l'action humaine.

Que l'on considère l'espèce humaine comme une force géologique appelée à un sursaut de modestie, ou comme sur le point de transgresser les limites imposées par sa finitude biologique, son destin semble n'avoir jamais été aussi dramatiquement ambigu. Si de nombreux acteurs et auteurs s'accordent sur l'urgence de la situation écologique, nécessitant de nouvelles pensées, des innovations sociales, politiques et économiques, nous insistons sur l'urgence non moins brûlante d'approfondir la pensée des objets techniques dont le discours transhumaniste et sa critique sont saturés.

Plutôt qu'un positionnement pour ou contre le transhumanisme, qui nous semble bien pauvre sur le plan heuristique, notre article s'ouvre sur un appel à une mise en débat large et fine des relations que nous nouons toutes et tous avec les objets techniques, aujourd'hui comme hier. Alors que les discussions et hésitations internes au transhumanisme font voir le caractère non stabilisé de ces relations, la focalisation sur le futur entrave souvent la capacité des militants transhumanistes à innover sur le plan normatif et à proposer de nouveaux agencements de valeurs et de pratiques.

En esquissant une confrontation entre deux grands enjeux contemporains qui ne sont que très rarement envisagés ensemble, nous espérons contribuer à enrichir le débat de nouvelles approches capables de critiquer symétriquement l'imposition d'un futur univoque dans deux familles de pensée que tout semble opposer à première vue. Notre réflexion s'ouvre sur un appel à décontracter les sentiments d'urgence et d'irréversibilité pour tenter d'aménager une écologie capable d'accueillir non seulement la nature et les humains, mais également les objets techniques.

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