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«Je te hais, maudit autiste!»

Il y a 6 mois, j'ai fait mon coming-out d'autiste sur ce blogue. J'ai à nouveau besoin de te parler.
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Il y a 6 mois, j'ai fait mon coming-out d'autiste sur ce blogue. J'ai à nouveau besoin de te parler.

Rebonjour cousin humain.

Comme toi, je suis au bout de mon rouleau et j'ai besoin de me reposer. Ça va trop vite, la vie.

Mais comme toi, je continue d'avancer, parce que je ne veux pas être le premier à tomber.

En toute honnêteté, j'attends que tu trébuches avant moi. Je me retiens encore juste un peu, je suis capable. Écrase avant moi s'il vous plait, car c'est toi que les rapaces et les oiseaux de proie vont déchiqueter.

Quand tu t'effondreras, je pourrai faire comme tes autres cousins humains et te juger (en silence). Je pourrai te traiter de faible (en silence). Je te haïrai (en silence) d'avoir eu le courage de te laisser faillir, tout en signant ta carte de prompt rétablissement en maudissant (en silence) ton nom.

Sois rassuré, toi le faible. Mon visage affichera toute la compassion nécessaire à ton endroit, mais sans plus. J'ai autre chose à faire.

Mais comme je suis bien élevé (dressé, conditionné, programmé), je n'oserai jamais dire à haute voix que ton échec me permettra de prendre ta place. D'arriver au sommet avant toi. De gagner!

Yeah!

Mais gagner quoi, au juste?

* * *

Dans quel gâchis sommes-nous plongés, dis donc!

* * *

Cousin humain, je t'ordonne d'arrêter!

Arrête-toi!

Sérieusement.

Maintenant.

Oui, cousin humain, toi - en train de lire ces quelques lignes. Ne bouge plus.

Je vois que tu as déjà le doigt sur le bouton «précédent» pour revenir à ta page Facebook et continuer à défiler ton fil de nouvelles en boulimique par crainte de ne rien manquer.

N'appuie pas. Reste avec moi. J'ai besoin que tu me lises jusqu'à la fin.

Arrête-toi. NOW!

Oui, c'est à toi que je parle, l'ami! À qui d'autre?

Pourquoi n'as-tu pas envie de passer les prochaines secondes avec moi?

Je te fais le plus beau cadeau du monde: je te donne la permission de vivre le moment présent. Je te déculpabilise de t'arrêter. Je te parle directement dans les yeux. Je me confie. Je suis honnête et tu hésites encore à rester ici, avec moi...

C'est triste non?

Je fais exactement ce que tu exiges des autres et pourtant, tu as envie de me laisser tomber pour retourner à ton fil Facebook.

Je suis tout à toi! Maintenant! Je fais tout ce que tu exiges de moi: je parle au «je», j'exprime mes sentiments, je suis vulnérable, je me suis fait beau pour toi. Je fais exactement ce que tu exiges des autres et pourtant, tu as envie de me laisser tomber pour retourner à ton fil Facebook.

Pire encore, ton pouce se prépare à me donner un swing vers le bas pour te rendre à ma conclusion et te laisser croire que tu as tout compris mon propos.

Arrête-toi... Retire le doigt de ton écran.... Ne touche à rien.

Cousin humain, je t'ordonne de fermer les yeux.

Oui. Maintenant.

Je laisse même quelques lignes vides, pour que tu me croies quand je te dis que tu as le droit de fermer les yeux et respirer.

...

...

...

L'as-tu fait?

Non.

Tu m'as jugé, hein?

Tu as déjà réfléchi au commentaire sombre et ténébreux, au hate que tu vas écrire en commentaire ou en partageant mon blogue.

Tu maudis mon nom parce que j'ai osé dire que je suis «un autre ostie d'autiste qui se cherche une façon d'encaisser des crédits d'impôt et des subventions du gouvernement en se justifiant d'être paresseux».

Tu me condamnes parce que je t'ai fait réfléchir et que je t'ai fait ressentir une émotion désagréable.

Tu me méprises parce que j'ai été honnête avec toi.

Tu me hais parce que j'ai raison.

Mais c'est correct. Au moins, tu me détestes en silence... C'est mal de laisser paraître tes zones d'ombres.

Heureusement, tu pourras te gaver en lisant tous les commentaires laissés par les (méchants et pathétiques) autres. Tu te feras du bien à la conscience en dénonçant (à haute voix) tout ces autres messages, ce hate-porn que les z'internautes-z'incultes auront osé écrire à mon sujet.

Je te pardonne. Je fais la même chose, cousin humain.

Je suis autiste, mais je ne suis pas con.

* * *

À ceux qui ont sauté tout le texte pour ne lire que la conclusion:

Aimons-nous quand même...

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