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En matière d’abus de pouvoir, la vraie question à poser ici est : est-ce la position de pouvoir de l’individu ou son état psychologique précaire est responsable de ses motivations et comportements déviants?
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Nous assistons en ce moment à une vague déferlante de révélations concernant les abus de pouvoir commis par des personnes qui détiennent l'autorité. Trop peu, trop tard diront certains. Enfin, diront d'autres. Quoi qu'il en soit, nous avons l'impression que le pouvoir et les conduites déviantes vont de pair et semblent indissociables. Mais est-ce vraiment le cas ? De toute évidence non. Plusieurs personnes qui occupent des positions de pouvoir n'exerceront pas de comportements abusifs au plan psychologique (dénigrement, intimidation) ou sexuel (exhibitionnisme, attouchement, etc.).

En matière d'abus de pouvoir, la vraie question à poser ici est : est-ce la position de pouvoir de l'individu ou son état psychologique précaire est responsable de ses motivations et comportements déviants? La réponse est fort probablement une combinaison des deux facteurs. D'un point de vue psychologique, nous savons que les agresseurs ont en eux-mêmes des caractéristiques personnelles particulières qui les prédisposent à agir de façon déviante. Si on ajoute alors une situation de pouvoir hiérarchique, ces derniers auront davantage tendance à en déceler une opportunité d'action. Abuser dans ces conditions offre peu de chance de représailles, car la victime risque de ne pas dévoiler l'abus compte tenu de sa position subalterne. Bref, chez les individus prédisposés à la déviance, la situation de pouvoir ouvre grande la porte à l'exercice de leur plein potentiel de mésadaptation. En ce sens, les caractéristiques psychologiques constituent assurément un préalable à l'abus de pouvoir.

Caractéristiques communes aux abuseurs

Les personnes qui exercent des abus de pouvoir au plan psychologique (dénigrements, dévalorisation, intimidation, remarques déplacées), physique (coups et blessures, négligence grave) et sexuel (remarques explicites, exhibitionnisme, attouchements, viol) ont des caractéristiques en commun. Ils sont généralement insensibles à la détresse de l'autre (par exemple, le maque d'empathie de Trump lors de l'appel à la veuve du soldat tué), ont un caractère impulsif et agressif (peu de capacité à contrôler leurs envies spontanées en se masturbant devant un inconnu comme l'a fait Salvail), affichent souvent des traits de personnalité narcissique (se sentent au-dessus de tout, ont un sens grandiose de leur importance, besoin de dominance) et sont de fins manipulateurs (savent recadrer la réalité à leur avantage par des lettres d'excuse, par exemple)

Nous savons également que cette forme de personnalité « dissociée » des autres n'apparait pas tout à coup alors que l'individu se retrouve en position de pouvoir, mais est généralement tributaire de traumatismes profonds.

Nous savons également que cette forme de personnalité « dissociée » des autres n'apparait pas tout à coup alors que l'individu se retrouve en position de pouvoir, mais est généralement tributaire de traumatismes profonds. En effet, les personnalités déviantes adultes ont souvent été des enfants maltraités au plan psychologique (négligence familiale, dénigrement scolaire, rejet des pairs, etc.) ou physique (abus physique ou sexuel). Or, une fois en position d'autorité, c'est comme si l'expression de leurs agirs déviants adulte était une forme de retour du balancier de leur vécu d'enfants rejetés. Bref, en ayant accès au pouvoir, ces adultes peuvent enfin se venger de leur passé douloureux (inconsciemment). Dans un élan défensif, ils peuvent alors extérioriser toutes leurs souffrances (souvent refoulées) en exerçant à leur tour les abus dont ils ont été victimes.

Cela est triste en effet, mais combien plus pour les victimes qu'ils agressent par la suite. Loin de vouloir victimiser ces agresseurs, il n'en demeure pas moins qu'ils sont des gens démunis. Démunis, mais déviants et responsables de leurs actes. Nous ne pouvons pas les accuser d'avoir eux-mêmes été malmenés dans leur enfance, mais nous pouvons les responsabiliser de ne pas avoir pris les moyens matures pour y remédier.

Avril 2018

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