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L'acerbe leçon

L'homme est un animal social. Il éprouve un profond sentiment d'appartenance à l'égard de ses semblables. Son instinct le pousse à valoriser un trait distinctif de sa personne qui, d'une part, le lie à ses congénères et, d'autre part, les différencie ensemble de leurs rivaux.
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Pro-Russian protesters burn Ukrainian symbols in front of the regional administration building after clash with police in Donetsk, Ukraine, Thursday, May 1, 2014. Anti-government demonstrators in Donetsk have stormed the local prosecutor's office. The clash came after a march by several hundred people carrying flags of the Donetsk People's Republic, a movement that seeks either greater autonomy from the central government, or independence and possible annexation by Russia. (AP Photo/Evgeniy Maloletka)
ASSOCIATED PRESS
Pro-Russian protesters burn Ukrainian symbols in front of the regional administration building after clash with police in Donetsk, Ukraine, Thursday, May 1, 2014. Anti-government demonstrators in Donetsk have stormed the local prosecutor's office. The clash came after a march by several hundred people carrying flags of the Donetsk People's Republic, a movement that seeks either greater autonomy from the central government, or independence and possible annexation by Russia. (AP Photo/Evgeniy Maloletka)

L'homme est un animal social. Il éprouve un profond sentiment d'appartenance à l'égard de ses semblables. Son instinct le pousse à valoriser un trait distinctif de sa personne qui, d'une part, le lie à ses congénères et, d'autre part, les différencie ensemble de leurs rivaux. De la famille à la nation, en passant par le clan et la tribu, le nombre d'individus que rassemble une communauté évolue en fonction de leur niveau de développement économique et du succès démographique qui en résulte. Le législateur éclairé reconnaîtra donc l'importance que les humains accordent à leurs particularités, car toute tentative de bâtir un pays sans tenir compte de la spécificité de ses habitants se solderait, de façon inéluctable, par un échec retentissant.

Il existe deux types de nationalisme. Le premier, caractérisé par un délire de persécution collectif, se manifeste dès qu'une population homogène se trouve en situation minoritaire à l'intérieur d'une vaste structure étatique; l'élargissement des frontières politiques entraîne un rétrécissement de l'identité nationale. Le second, attisé par une ardente ferveur patriotique, survient lorsqu'une ligne de démarcation juridictionnelle divise de manière arbitraire l'étendue géographique occupée par un groupe culturel quelconque ; le fractionnement de l'espace national alimente la mégalomanie des conquérants en herbe.

Le XXe siècle fut le théâtre d'un conflit idéologique opposant les républiques aux entités de nature fédérales ; c'est-à-dire, un affrontement mettant aux prises une vision philosophique selon laquelle un peuple souverain exerce le pouvoir par l'entremise d'institutions légitimes, et une conception de la souveraineté définie par la capacité d'un État à asseoir son autorité sur un territoire délimité à cette fin. Tandis que la démocratie représente le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, les fédérations multiethniques, quant à elles, ne constituent que les vestiges d'un impérialisme aujourd'hui désuet.

Quiconque cultive la dualité linguistique répand les semences de la discorde. Seule une paire de scénarios diplomatiques parvient à justifier un mariage de raison entre sociétés distinctes ; à savoir : la formation permanente d'une alliance défensive afin de se prémunir contre les agressions d'un adversaire mutuel, ou bien, l'érection ponctuelle d'une coalition offensive dans le but d'assaillir un ennemi commun. Aux partisans de l'union envisagée incombe la tâche de désigner la cible de leurs machinations et d'expliquer l'objectif stratégique de la combinaison des forces qu'ils préconisent.

Si l'Homo sapiens tolère la présence d'étrangers dans son environnement quand abondent les ressources nécessaires à sa subsistance, une pénurie de vivres l'incite, au contraire, à débarrasser son voisinage de compétiteurs encombrants. Rien de plus efficace que la misère pour ternir le lustre de la civilité. Un effondrement aussi subit que malencontreux de l'ordre établi risque de laisser libre cours à toutes les inimitiés. Nul ne ressemble davantage à un barbare qu'un citoyen en uniforme d'anarchiste. L'Histoire nous enseigne que les luttes fratricides s'avèrent fréquemment les plus meurtrières ; partout les victimes de la balkanisation jonchent le sol des provinces récalcitrantes. Par conséquent, mieux vaut séparer les antagonistes par mesure préventive que s'escrimer à départager les belligérants une fois les hostilités déclenchées.

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