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Quel amer sentiment a jailli chez le ministre Lisée pour qu'il fasse publiquement part de son pessimisme concenrant la souveraineté? La lassitude a-t-elle jeté son dévolu sur monsieur Lisée? A-t-il perdu confiance en la réalisation de son projet, de son rêve? A-t-il mal vieilli?
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« Et franchement, moi, j'ai toujours été optimiste sur la souveraineté, mais j'ai rarement été aussi pessimiste que maintenant »

C'est ce qu'a déclaré Jean-François Lisée au lendemain du second débat télévisé des chefs, lors duquel la première ministre n'a pas flanché sur sa position vaseuse de déclencher un référendum uniquement lorsque les Québécois seront prêts. Comme cela commence à être une habitude, madame Marois a tenté de modérer les paroles de son ministre, se disant quant à elle plutôt optimiste.

Quel amer sentiment a jailli chez le ministre Lisée pour qu'il fasse publiquement part de son pessimisme? C'eût été si facile de s'en tenir au sempiternel mantra de la première ministre. La lassitude a-t-elle jeté son dévolu sur monsieur Lisée? A-t-il perdu confiance en la réalisation de son projet, de son rêve? A-t-il mal vieilli?

Comprenons-nous bien. J'utilise l'expression « mal vieillir » pour désigner ceux qui ont perdu la foi en la souveraineté simplement avec l'âge, comme on accumule les rides ou que l'on perd des cheveux. Je ne vise pas les fédéralistes convaincus, mais ceux qui ont cessé d'y croire, abattus.

Qui sont ces hommes, ces femmes qui, avec le temps, ont renoncé? Citons à cet effet trois visages connus du paysage politique québécois :

• François Legault a été député du Parti Québécois de 1998 à 2009. En 2005, monsieur Legault avait rédigé un budget du Québec souverain, dans lequel il affirmait qu'un Québec indépendant dégagerait un surplus de cinq milliards. Faisant maintenant dos à son passé de souverainiste, monsieur Legault, désormais chef de la Coalition Avenir Québec, entretient un flou auquel l'actuelle question d'un éventuel référendum n'a rien à envier. Il affirme qu'il voterait non à un référendum à court terme, mais qu'il enfourcherait à nouveau son vieux cheval de bataille dans une dizaine d'année, lorsque le Québec serait enrichi.

Monsieur Legault, moi je crois que vous avez cessé d'y croire.

• Maria Mourani est devenue députée d'Ahuntsic sous la bannière du Bloc québécois en 2008. Le 18 décembre dernier, après avoir dénoncé avec verve le projet péquiste d'interdiction du port des symboles religieux chez les fonctionnaires, non sans avoir claqué la porte du caucus du Bloc, madame Mourani indique ne plus être souverainiste et se considère désormais comme fédéraliste. Elle affirme alors croire que l'appartenance au Canada est plus en mesure de protéger l'identité québécoise.

Quant à vous, madame Mourani, je me demande même si vous y avez déjà cru. Quoi qu'il en soit, il appert certainement que vous n'y croyez plus, que ce soit par orgueil ou découragement.

• Raymond Bachand a travaillé pendant un an et demi dans le camp du Oui aux côtés de René Lévesque lors du référendum de 1980. On le connait pourtant pour sa carrière au Parti Libéral de 2005 à 2013, un parti résolument fédéraliste.

Dans votre cas, je ne sais ce qui s'est passé. Avez-vous perdu l'enthousiasme souverainiste après la première défaite du Oui? Avez-vous vraiment changé d'idée ou vous avez préféré ignorer l'indépendance? Visiblement, vous n'y croyez plus.

Ce sont les premiers noms qui me sont venus à l'esprit. Il y en a d'autres et, au risque de paraître défaitiste, il y en aura d'autres.

Que peut-il arriver pour qu'un changement aussi majeur, aussi drastique, s'opère chez quelqu'un? Comment en arrive-t-on à se réveiller un bon matin pour s'apercevoir qu'on n'y croit plus?

L'espoir d'un pays fait partie de mes convictions les plus profondes. Je n'ose penser qu'un jour cela pourrait changer. Ces acteurs politiques pensaient-ils qu'ils cesseraient d'être souverainistes? J'ai peur de mal vieillir. J'ai peur de sortir de mon lit un matin et de croire que le Canada n'est « pas si pire que ça finalement » et qu'il s'agit d'un vieux débat essoufflé.

***

Et si le ministre Lisée avait plutôt lancé un défi aux Québécois? Se peut-il qu'il ait adopté une très vieille astuce qui a fait ses preuves chez les enfants :

- J'te gage que t'es même pas capable de faire ton lit tout seul!

- Ben oui j'capable! de répondre le gamin, se saisissant alors des couvertures.

Je me surprends à espérer qu'il ne s'agisse que d'une puérile provocation, que le ministre Lisée ne commence pas à mal vieillir, mais qu'il utilise au contraire le cœur d'enfant de certains Québécois, ceux qui réagiront au défi, ceux qui croient encore à la souveraineté, ceux qui n'ont pas mal vieilli.

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