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Quand on veut être avocat de la défense

Pas de sots métiers, mais des métiers honteux, leen connaît. L'avocat de la défense est au coude à coude avec le politicien dans le fond du baril de la confiance populaire; des profiteurs qui n'ont, à en croire la rumeur, rien de mieux à faire que de regarder le monde brûler à petit feu et nourrir leur soif de puissance.
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Il y a peu de temps, j'ai terminé mes examens de l'école du Barreau. Oui, je crois que ça s'est bien passé. Dans quel domaine je veux pratiquer? En droit criminel.

Ces trois mots créent souvent des malaises.

- « Tu vas défendre des méchants? », sur un ton mi-sourire, mi-accusateur.

- « Ah moi ce serait contre mes valeurs ».

C'est le genre de scène classique qu'on peut vivre dans un party de Noël lorsqu'on s'intéresse au système de justice pénale. Ce que l'on sous-entend, dans cet échange, c'est que mes « valeurs » supportent la défense des viols, meurtres et autres perfidies humaines. Inconsciemment ou non, l'interlocuteur agit comme s'il fallait avoir honte de ce choix de carrière.

Il n'y a pas de sot métier, dit-on. C'est le discours du bon citoyen qui ne dénigre ni l'artiste, ni l'éboueur, pas plus que le vendeur de sandwichs ou le pompiste. Pas de sots métiers, mais des métiers honteux, le bon citoyen en connaît. L'avocat de la défense est au coude à coude avec le politicien dans le fond du baril de la confiance populaire; des profiteurs qui n'ont, à en croire la rumeur, rien de mieux à faire que de regarder le monde brûler à petit feu et nourrir leur soif de puissance.

J'exagère à peine.

Il y a très longtemps, nous avons collectivement décidé que nous étions présumés innocents devant la justice. Nous avons décidé que nous avions droit au silence et que nous avions le droit d'être représentés par un avocat lors d'une accusation criminelle. Nous avons décidé que, malgré toute la volonté du monde, les corps de police ne sont pas parfaits. Nous avons décidé que l'erreur est humaine et que l'erreur judiciaire brise des vies. Nous avons décidé qu'un coupable en liberté vaut mieux qu'un innocent en prison.

L'avocat de la défense est le gardien de ce système. Il ne juge pas, il ne questionne pas. Il écoute la défense de l'inculpé et le représente devant les tribunaux. Il est la voix de l'accusé et évite ainsi au justiciable d'être avalé par les rouages complexes et grinçants du système de justice canadien. Il protège nos institutions démocratiques et s'assure que le bon citoyen ne soit pas condamné à tort.

Ce système, pour qu'il fonctionne, doit être sans cesse attaqué, confronté et testé pour éviter que les enquêtes policières se relâchent; pour éviter que, collectivement, on accepte qu'un innocent en prison soit un mal nécessaire.

C'est pour ça que ce Noël, je continuerai de dire que je veux être avocat de la défense. J'en ferai sourciller plus d'un, je le sais. Je suis cependant certain que chaque fois qu'un oncle par alliance me juge, un bon citoyen serre chaleureusement la main de son avocat de la défense.

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