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Un synode pour discuter de la famille

Depuis son élection le 13 mars 2013, la conversion missionnaire de l'Église a clairement été identifiée par le pape François comme étant une priorité de son pontificat. La convocation du Synode extraordinaire d'octobre prochain peut être lue à la lumière de cette orientation.
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Depuis son élection le 13 mars 2013, la conversion missionnaire de l'Église a clairement été identifiée par le pape François comme étant une priorité de son pontificat. La convocation du Synode extraordinaire d'octobre prochain peut être lue à la lumière de cette orientation. Beaucoup de choses ont été écrites et dites sur les discussions qui auront lieu du 5 au 19 octobre prochain. Pour s'y retrouver la lecture de l'Instrumentum Laboris (document préparatoire aux travaux synodaux) est vraiment incontournable. Rappelons les grandes lignes de ce qui sera la base des travaux de cette institution consultative qu'est le Synode des évêques.

Comme tous les documents de l'Église, il dresse un portrait de la réalité traitée à la lumière de la loi naturelle et de la Révélation. Ainsi, dans un premier temps, il présente la réalité de la famille dans le cadre de la Révélation en la plaçant d'emblée comme une institution voulue et créée par Dieu avec une intention bien déterminée c'est-à-dire de permettre à l'homme et la femme « d'être les collaborateurs de Dieu dans l'accueil et la transmission de la vie » (no.1). C'est cependant dans la plénitude de la Révélation qu'est Jésus-Christ que la famille trouve son sens le plus complet puisque c'est « en révélant pleinement la divine miséricorde, [qu'Il] permet à l'homme et à la femme de récupérer le « principe » selon lequel Dieu les a unis en une seule chair (cf. Mt 19, 4-6) par lequel -grâce du Christ - ils deviennent capables de s'aimer fidèlement pour toujours » (no.2).

Sans tomber dans le romantisme humain et spirituel (no 44), le document poursuit en présentant la famille dans ce contexte christologique. En effet, rappelant les différents défis liés à la « culture du déchet » (no15) ainsi qu'à la « privatisation » (no 33) de la famille, il explique qu'elle est la cellule première de la société. Pour bien réaliser sa mission dans le monde, la famille a besoin de la Grâce se déployant dans une vie à l'imitation de « la famille de Nazareth » (no 36). C'est dans cette perspective qu'il sera possible à tous les membres de la famille d'accueillir le chemin d'amour propre qui lui est destiné. De plus, puisqu'elle est le lieu du développement intégral de la personne (no 43), elle pourra ainsi être le milieu privilégié de la reconnaissance et de l'acceptation de la « beauté des différences » (no 39). C'est dans ce cadre salvifique que peuvent être compris tous les enseignements de l'Église sur la vie et la famille.

Ensuite, le document est plus explicite et énumère de manière assez exhaustive les différents défis que les familles d'aujourd'hui doivent affronter afin de permettre à la lumière du Christ de transparaître de manière plus efficace à travers elles. En effet, nous retrouvons une liste de problématiques internes dont les familles font l'objet de nos jours : difficulté de communication (no 64), fragmentation (no 65), culture de mort (no 65), violence (no 66), dépendance de toutes sortes (no 68) et une succession de pressions négatives externes (no70) comme la mauvaise gestion du travail, l'émigration (no 72), la pauvreté (no 73), le consumérisme (no 74), les scandales dans l'Église (no 75), etc. Encore une fois, bien que le document associe les problèmes externes et internes dans la perspective d'une « crise de la foi » (no 62), il ne traite pas les familles comme des patients devant leur médecin, mais comme des partenaires responsables.

L'Instrumentum Laboris souligne les modes de régularisation des séparations (no 90-91) ainsi que « la souffrance causée par le fait de ne pas recevoir les sacrements ». Chez certains fidèles, ce sentiment est souvent accompagné d'une perception erronée des raisons pour lesquelles ils se voient refuser l'Eucharistie. En effet, « certains ne perçoivent pas que c'est leur propre situation irrégulière qui constitue le motif de l'impossibilité à recevoir les sacrements; ils estiment plutôt que c'est la faute de l'Église qui n'admet pas ces circonstances ».

Devant un tel état de fait, l'Instrumentum Laboris fait mention, d'un côté, d'une « préoccupation » devant ce qui est appelé une « mentalité revendicative vis-à-vis des sacrements » (no 92) et, de l'autre, la préoccupation de « se doter d'instruments pastoraux permettant d'ouvrir la possibilité d'exercer une plus vaste miséricorde, clémence et indulgence ». On peut aussi noter l'apparition d'un enjeu souvent absent des débats de ces dernières années. Il s'agit des personnes « divorcées non remariées fidèles au lien nuptial » (no 97) et qui sont reconnues comme de « nouveaux pauvres » (no 87). Enfin, on mentionne que durant les « années soixante et soixante-dix du siècle dernier, il y a eu un fort conflit générationnel » ce qui a amené à des « fragilités chez des adultes » et ainsi « ils apparaissent beaucoup plus prudents pour pousser leurs enfants à la pratique religieuse ». Tous ces éléments feront l'objet de débat durant le Synode extraordinaire d'octobre prochain.

Devant ces défis de l'éducation intégrale de la personne dans toutes ses dimensions, incluant sa dimension spirituelle, le synode orientera ces discussions sur les modes de transmission. En ce sens, le document propose une nouvelle insistance sur « l'expérience de l'amour » et, ce, dans toutes les relations familiales (père-fils, époux-épouse, etc.). L'école est également mentionnée comme jouant « un rôle important » dans la transmission de la foi et explicite le besoin qu'elles ont d'être promues spécialement là « où l'État est particulièrement envahissant dans le processus éducatif, en cherchant à évincer la famille de sa responsabilité éducative ».

Le prochain synode extraordinaire, qui est le premier d'une série de deux, sera un lieu de débat où des évêques, mais également plusieurs couples mariés pourront s'exprimer. Le fruit de ces discussions murira durant la prochaine année jusqu'à la tenue du Synode ordinaire en octobre 2015 et qui sera suivi, un an plus tard, de la publication d'une exhortation post synodale présentant les priorités pastorales reliées à la famille. Ce thème sera donc au centre de la vie de l'Église dans les années à venir.

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