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Le Pape défend la famille, surpris?

Pour le Synode, la crise de la famille doit être comprise comme une conséquence de la «crise de la foi». La particularité de ce document, quant aux solutions pour remédier à la situation, se trouve du côté de l'accent mis sur l'orientation missionnaire et la responsabilisation des familles elles-mêmes.
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La semaine dernière, lors d'une rencontre avec le mouvement ecclésial allemand Schoenstatt, le pape a prononcé des mots très durs à propos de ce qu'il appelle la culture du déchet et du provisoire qui « attaque la famille comme jamais ». Pour le pape François, «que la famille soit heurtée et qu'on la bâtardise en disant : « c'est une simple association... on peut donc appeler « famille » n'importe quoi, non ? » n'est pas à prendre à la légère. Laissant ce ton ironique, il poursuivit en disant : « Il y a une crise de la famille parce qu'elle est frappée de part en part et on la laisse blessée ». Ce langage que l'on pourrait qualifier de direct m'a surpris énormément puisqu'il m'a semblé en fort contraste avec ce que l'on a pu dire du Synode qui s'est terminé il y a deux semaines. Ayant moi-même assisté aux conférences de presse à Rome pour l'événement, j'ai eu le goût d'écrire, pour être original, une histoire « officielle » à partir du document final qu'est le document Relatio Synodi . En ce moment, le texte n'est pas encore traduit en français. Les citations sont donc mes traductions de l'original italien.

Comme je viens de le mentionner, je ne m'attarderai pas au document de mi-parcours dont la diffusion a « provoqué émotion et désarroi » chez plusieurs pères synodaux sans parler de son « style touffu, filandreux, excessivement verbeux et, donc, assez généralement, ennuyeux » (Circulus Gallicus A-B). Au contraire le texte final, en trois parties a réussi à rassembler les évêques les plus sceptiques. Il a pour but de poser « des questions et proposer certaines perspectives » (no 62) .

Des défis titanesques

Les problèmes de fond semblent reliés à une même racine soit l'individualisme exacerbé de la culture occidentale moderne. En effet, la première difficulté mentionnée est le phénomène de la solitude (no 1 & 6) considérée comme « l'une des plus grandes pauvretés de la culture actuelle ». En effet, ce « danger individualiste » a des conséquences psychologiques comme l'« affectivité narcissique, instable et changeante » (no10). La solitude peut également être subie. En ce sens, elle se manifeste chez les enfants lorsqu'ils sont « victimes d'une déchirure familiale » (no 8) ou chez les femmes lorsque « le don de la maternité vient souvent pénaliser plutôt que valoriser » (no 8). Le climat culturel hédoniste est décrié comme une menace puisque dans ce contexte « les familles se sentent abandonnées par le désintérêt et le peu d'attention de la part des institutions » (no 6) et sa conséquence gravissime qu'est la « chute démographique due à la mentalité antinataliste » (no 10). Devant ce sombre constat, le pape François a convoqué le Synode pour réfléchir sur la coopération que l'Église doit apporter. Pour ce dernier, correspondre à la grâce de Dieu signifie comprendre cette « dynamique entre miséricorde et vérité » (no 11).

Une action cohérente et ajustée

Comprendre la logique interne de l'Église suppose de connaître cette dernière et ne pas s'entêter à appliquer une grille d'analyse extérieure qui ne colle pas à la réalité. La deuxième partie du document reprend cette logique ecclésiale. En effet, la réflexion du Synode a porté, non pas sur les possibles modifications doctrinales, mais sur l'écoute et l'accueil de la Parole de Dieu. Pour ce faire, les évêques ont insisté sur la pédagogie divine à l'égard de l'humanité toujours centrée sur « le visage du Christ » afin d'imiter « sa patience et sa miséricorde dans l'annonce des exigences du Royaume de Dieu » (no 12). Cette contemplation permet de discerner cette pédagogie divine que les catholiques doivent s'approprier: celle « d'accompagner [...] les possibles étapes de croissance des personnes » (no 24). L'Église doit donc mettre davantage d'emphase sur l'action réelle de la Grâce dans la vie des gens en mettant en évidence les relations d'interdépendance entre « l'ordre de la création et de la grâce » (no 12). De cette manière, il sera possible de comprendre d'abord que « toute rupture du lien nuptial va à l'encontre de la volonté de Dieu » (no 24) et, ensuite, que l'indissolubilité du mariage humain n'est pas un « joug » (no 14) mais une conséquence de la grandeur de la dignité humaine. Enfin, les pères synodaux ont réitéré l'importance d'étudier et de s'approprier les documents des souverains pontifes sur la famille. Ainsi et seulement ainsi, tous les membres de l'Église pourront suivre l'exemple de Jésus qui « a mis en pratique la doctrine enseignée en manifestant ainsi la vraie signification de la miséricorde » (no 14).

Une conversion en famille

Pour le Synode, la crise de la famille doit être comprise comme une conséquence de la « crise de la foi » (no 32). La particularité de ce document, quant aux solutions pour remédier à la situation, se trouve du côté de l'accent mis sur l'orientation missionnaire et la responsabilisation des familles elles-mêmes (no 30). Selon les évêques, cette responsabilisation s'opérera par la reconnaissance de la « primauté de la Grâce » (no 31) qui permet de voir comment « l'Évangile est la réponse aux attentes les plus profondes de la personne humaine » (no 33). Cette « approche plus positive » (no 35) devra cependant s'accompagner d'une « franche dénonciation des conditionnements » (no 38) qui attaquent la famille de toutes parts. Cette participation de l'Église à la protection de la famille se concrétisera ainsi dans une plus « importante place faite à l'accompagnement » (no 46) rendu possible grâce à un état d'esprit sensible aux « souffrances de ceux qui ont subi injustement la séparation » (no 47) ainsi qu'aux enfants qui sont toujours les plus vulnérables. Sans oublier d'accompagner le « témoignage des personnes divorcées témoins de la fidélité matrimoniale » (no 50).

Cette année sera l'occasion pour les diocèses du monde de faire le point sur la réalité de la famille à partir du document dont nous avons fait une brève et incomplète synthèse. Cette réflexion se terminera en octobre 2015. Moment où aura lieu le Synode ordinaire qui mènera au document officiel (Exhortation apostolique post synodale) qui, cette fois-là, sera signé de la main du pape François. Parions que nous aurons beaucoup d'autres surprises d'ici là.

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