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Pauline, le PQ et l'amiante

Pauline Marois est une travailleuse acharnée, une survivante et une administratrice redoutable. Mais ce n'est pas une penseure. Ce n'est pas quelqu'un qui a une vision claire de comment changer la société. En plus, elle est à la tête d'un parti qui est écartelé entre la gauche et la droite, entre les indépendantistes purs et durs et les sociaux-démocrates. Bien qu'elle a eu le mérite de mettre les radicaux au pas, en prenant la direction du PQ, elle tarde d'imposer un leadership clair, renouvelé.
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PC

Ce billet est inspiré d'une chronique radio présentée par Francine Pelletier à l'émission C'est Bien Meilleur le Matin (Radio-Canada) et dont le sujet était la réaction tardive du PQ face à la décision de réinvestir dans l'amiante.

Encore une fois, le PQ est déchiré sur la question de l'amiante, ce qui est devenu presque une marque de commerce. À sa défense, il faut rappeler que le PQ traîne tout un passé vis-à-vis l'amiante. À la fin des années 70, le Québec était le premier producteur d'amiante au monde. René Lévesque et Jacques Parizeau avaient en tête de nationaliser l'industrie. Après l'hydro-électricité, il s'agissait d'un second fer de lance économique pour le Québec. Donc, vu ces assises, il y a peut-être un certain attachement de la part du PQ.

Tout comme pour la question de la hausse de droits de scolarité, bon nombre de péquistes se retrouvent assez proches de la position défendue par le gouvernement Charest. En 2009, le député de Québec Solidaire, Amir Khadir, avait suggéré la tenue d'une consultation publique pour examiner les prétentions de l'industrie concernant l'amiante chrysotile, la forme exploitée au Québec, apparemment moins nocive que d'autres. M. Khadir s'engageait à entrer dans le rang le moindrement que des doutes surgiraient à l'égard du consensus médical sur le bannissement de ce type d'amiante.

Ni péquistes ni libéraux n'ont voulu jouer le jeu. Selon le député de QS, ils ont préféré se retrancher derrière "la propagande de l'industrie", à savoir qu'on est capable au Québec d'exploiter cette ressource de façon sécuritaire. C'est faire fi évidemment du fait que 50 pays au monde, dont presque la totalité des pays industrialisés, ont banni l'amiante, quelque soit sa forme. Et qu'au Québec, presque 100% de l'amiante est exporté ailleurs. On est prêt à exploiter la ressource, mais pas à s'exposer soi-même à ses dangers.

Quant à la décision de Jean Charest d'aller de l'avant avec cette décision aussi hardie, pour ne pas dire effrontée, il n'y a qu'une explication, et ce n'est pas les quelques 6,000 votes (population d'Asbestos) que Charest pourrait espérer gagner dans la région.

C'est que l'offensive tous azimuts du gouvernement Charest face à la crise étudiante, incluant la publicité négative de Pauline Marois battant mollement de la casserole, semble l'avoir ragaillardi passablement. On peut difficilement imaginer Charest prenant une telle décision il y a 6 mois alors qu'il était au ras les pâquerettes dans les sondages.

Charest est convaincu qu'il détient une carte maîtresse pour les prochaines élections en maintenant la ligne dure vis-à-vis les étudiants et, du même coup, en accusant Pauline Marois d'avoir du "jello dans la colonne vertébrale" et l'acculant au désordre de la rue, alors qu'il se présente, et son gouvernement, comme le gardien de l'ordre et des institutions.

La manoeuvre est peu subtile et il n'est pas dit qu'elle réussira, surtout si les jeunes décident de se pincer le nez et d'aller voter en masse. En même temps, Charest a une cible parfaite (malheureusement) en Pauline Marois.

Tout le problème de Pauline Marois se voit dans la fameuse publicité du PLQ à son égard. C'est vrai qu'elle est drôlement efficace cette pub et ce n'est pas parce que, comme le voudrait Jean Charest, Mme Marois à manquer à ses devoirs de parlementaire en descendant dans la rue ou, comme on dit certains éditorialistes, elle démontre qu'elle ne sait que faire avec une casserole. Bref, qu'elle s'enfarge dans sa bourgeoisie.

La pub frappe dans le mille parce qu'il est clair que Mme Marois ne sait pas où donner de la tête. Elle est visiblement mal à l'aise parce qu'elle n'est pas sûre de ce qu'elle pense.

Pauline Marois est une travailleuse acharnée, une survivante et une administratrice redoutable. Mais ce n'est pas une penseure. Ce n'est pas quelqu'un qui a une vision claire de comment changer la société. En plus, elle est à la tête d'un parti qui est écartelé entre la gauche et la droite, entre les indépendantistes purs et durs et les sociaux-démocrates. Bien qu'elle a eu le mérite de mettre les radicaux au pas, en prenant la direction du PQ, elle tarde d'imposer un leadership clair, renouvelé. Beaucoup de gens, dont moi la première, voudraient voir une femme PM. Il serait plus que temps, mais Mme Marois est loin d'incarner ce dont on parle beaucoup en ce moment, la "nouvelle façon de faire de la politique".

Le meilleur exemple: le projet de loi sur l'amphithéâtre à Québec, parrainé par le PQ. Une erreur monumentale, à mon avis, dont trop peu de gens au PQ se sont préoccupés, et qui confirme une façon trop souvent opportuniste de faire de la politique.

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