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Vas-y pas, Louise!

Il y a toujours un look maman/matronne/ma tante chez les femmes en politique avec lequel Louise Beaudoin, et ses airs de garçonne espiègle, juraient avec bonheur. Je n'ai d'ailleurs jamais trop compris pourquoi, au moment de passer le flambeau à une femme, ce n'est pas elle qui en a hérité. Enfin. Il y a toutes sortes de raisons de penser que Louise Beaudoin devrait retourner au PQ dont, évidemment, les derniers sondages qui permettent d'espérer une victoire lors des imminentes prochaines élections. C'est précisément pourquoi elle ne devrait pas remettre les pieds dans cette galère : l'opportunisme avec un grand O
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Louise Beaudoin songe à réintégrer les rangs du Parti Québécois. Elle consulte actuellement les membres de sa circonscription (Rosemont) pour en avoir le coeur net.

J'entends d'ici ce qu'on lui dit: les députés avec son expérience, sa rigueur, son franc parler ne courent pas les rues. C'est vrai. Combien d'élus péquistes peuvent prétendre avoir suivi le parti du tout début à aujourd'hui? Louise Beaudoin est championne en ce domaine; elle était au parti avant même Pauline Marois, c'est pour dire. Et puis, de toutes les femmes qui ont gravi les échelons du parti, elle a été (à mon humble avis) la plus intéressante. La seule à qui on avait envie de s'identifier, vraiment.

Il y a toujours un look maman/matronne/ma tante chez les femmes en politique avec lequel Louise Beaudoin, et ses airs de garçonne espiègle, juraient avec bonheur. Je n'ai d'ailleurs jamais trop compris pourquoi, au moment de passer le flambeau à une femme, ce n'est pas elle qui en a hérité. Enfin. Il y a toutes sortes de raisons de penser que Louise Beaudoin devrait retourner au PQ dont, évidemment, les derniers sondages qui permettent d'espérer une victoire lors des imminentes prochaines élections.

C'est précisément pourquoi elle ne devrait pas remettre les pieds dans cette galère : l'opportunisme avec un grand O. Les trois célèbres démissionnaires, Pierre Curzi, Lisette Lapointe et Louise Beaudoin, ont claqué la porte du PQ il y a seulement neuf mois. Ils avaient au moins une bonne raison de le faire : l'infâme projet de loi privé sur l'amphithéâtre de Québec. (Pour le reste, l'atmosphère "irrespirable", la soi-disant arrogance de la direction... ça ressemble beaucoup à du crêpage de chignon). C'est Louise Beaudoin, d'ailleurs, qui était la plus perturbée par cette entente qui allait contre tout bon sens social-démocrate, l'autre raison d'être du PQ, faut-il le rappeler.

"Comment pouvons-nous accepter de protéger contre toute contestation judiciaire les contrats à venir (...), contrats que personne n'a vus, puisqu'ils ne sont pas encore rédigés? Ce doit être la fille de juge en moi qui se rebiffe", a-t-elle fait valoir.

On pourrait ajouter: comment prétendre arrêter la collusion, les conflits d'intérêts, les passe-droits, qui pullulent dans le milieu de la construction, mais aussi partout où les intérêts y sont suffisamment puissants, comme s'est fait fort le PQ l'automne dernier, tout en pavant la voie à une entente plus ou moins secrète entre le King de la concentration de la presse PKP et le maire de Québec? Tout ça parce qu'on pense gagner des votes à Québec?!...

C'est un accroc aux principes tellement crasse que le Parti Québécois méritait de perdre les élections pour cette raison uniquement. Plus de concertation, de vote libre pour les députés, des élections à date fixe ou encore, les "référendums d'initiative populaire" ne compensent absolument pas pour une telle bévue. Parmi toutes les carottes qu'offre aujourd'hui la chef du PQ aux démissionnaires, il n'y a aucun mea culpa, que je sache, concernant l'enjeu principal, le projet de loi 204. Que sont les principes devenus?...

C'est l'autre raison pour ne pas rentrer au bercail. "Faire de la politique autrement", ce dont Madame Beaudoin se préoccupe beaucoup, veut aussi dire ne pas changer d'idée (et/ou de parti) à tour de bras. Ce comportement de girouette nourrit le cynisme ambiant tout autant que le manque de causes sociales, de valeurs affichées, qui caractérisent la politique, même soi-disant plus à gauche, aujourd'hui.

Je comprends tout à fait que Louise Beaudoin veuille finir sa carrière politique en beauté, ne veuille pas décevoir ses supporters et, même, qu'elle voit plus d'ouverture au sein du Parti Québécois. Mais entrer dans le rang pour ces raisons, c'est aussi faire croire que le problème initial a été réglé. Le choix le plus courageux n'est pas de prétendre, à peine 9 mois plus tard, que tout va pour le mieux. Le choix courageux c'est de rester vigilant.

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