Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.
M. Charest fait un très mauvais calcul. On voit déjà ce que cette loi va donner: plus de pouvoirs aux policiers, moins aux étudiants, plus de manifestations dans la rue et moins de négociations en cabinet privé. En fait, il n'y aura plus aucune négociation, encore moins de médiation. Loin d'amener une pause et rétablir le calme, la loi fait craindre le pire.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
CP

Devant le conflit étudiant qui s'éternise, êtes-vous partisan de la ligne dure, d'une attitude musclée et sans compromis? Ou avez-vous, comme Pauline Marois, "du jello à la place de la colonne vertébrale"?...

À la 14e semaine de mobilisation et sous férule désormais d'une loi spéciale, on sent de plus en plus deux courants qui se dessinent: les durs et les mous, les faucons et les colombes. Ceux qui, à l'instar de notre pitbull en chef, Jean Charest, croient que la loi doit être respectée coûte que coûte et ceux qui, comme la leader de l'opposition, une femme de béton soudainement transformée en kleenex mouillé, à en croire le PM, croient que la paix sociale passe par la négociation, ou un moratoire s'il le faut.

En imposant cette loi, Jean Charest jouait le dernier acte de sa "vaste pièce de théâtre politique", pour reprendre les mots de Léo Bureau-Blouin. Depuis le début, M. Charest utilise ce conflit pour nous faire croire à son leadership et sens des responsabilités, et ainsi gagner des points auprès de l'électorat.

M. Charest fait un très mauvais calcul. On voit déjà ce que cette loi va donner: plus de pouvoirs aux policiers, moins aux étudiants, plus de manifestations dans la rue et moins de négociations en cabinet privé. En fait, il n'y aura plus aucune négociation, encore moins de médiation. Loin d'amener une pause et rétablir le calme, la loi fait craindre le pire.

Le plus mauvais moment de théâtre est venu quand la nouvelle ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, a affirmé qu'elle voyait un "durcissement" de la part des étudiants. Sachant que la loi spéciale se préparait déjà au moment de rencontrer les étudiants, la veille, et qu'au moins un d'entre eux (Léo Bureau-Blouin) a proposé une modification qui allait dans le sens du gouvernement, ce n'est pas seulement de la mauvaise foi, c'est carrément du mensonge.

On sait aussi que certains membres du cabinet Charest souhaitent une loi plus musclée encore. Hier, les durs étaient bel et bien derrière les micros de l'Assemblée nationale, pas dans la rue. Sitôt nommée pour remplacer Line Beauchamp, Mme Courchesne s'est d'ailleurs découvert une "colonne" comme Jean Charest les aime. Vue encore tout récemment comme plus conciliatrice par les étudiants, la voilà tout à coup raide comme une barre de fer.

On commence à comprendre pourquoi Line Beauchamp arborait cet air éploré de lièvre pris dans les phares d'une auto, et pourquoi elle a soudainement pris ses jambes à son cou. Jean Charest, toujours le premier à rappeler combien son gouvernement fait place aux femmes, les envoie au front, une après l'autre, pour faire sa sale besogne. Une femme, après tout, ça fait moins peur; donc, ça passe mieux.

On a vu que Line Beauchamp était particulièrement mal outillée pour la job. Elle n'a pas tellement le ton militaire, d'abord, en plus de n'avoir jamais surmonté le choc des lunettes cassées de sa réceptionniste, lors de l'occupation de ses bureaux. Michelle Courchesne joue décidément mieux le rôle de la femme macho, même si les rumeurs circulent qu'elle aussi n'épouse pas tout à fait la politique hardcore de son chef.

Ce n'est pas tant du théâtre, que fait le gouvernement Charest, qu'un show de marionnettes.

Pendant ce temps, de plus en plus de groupes sociaux, d'artistes, de syndicats, de partis politiques prennent position en faveur des étudiants. On est de plus en plus nombreux à dire que ce n'est pas la hausse des droits de scolarité qui est le vrai problème, c'est la façon qu'on est gouverné. Jean Charest se leurre s'il croit que l'été suffira à faire oublier autant de basses manoeuvres.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.