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Les enfants oubliés

Avec un grand soupir de découragement, on ne peut que conclure que nos enfants ne sont rien dans le grand échiquier gouvernemental, et ce, depuis des décennies.
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Je déambule dans les corridors de l'hôpital Sainte-Justine depuis plus de 20 ans. Tantôt en tant que tante qui va visiter la petite nièce atteinte d'une paralysie cérébrale, puis comme la sœur qui rend visite à la nouvelle maman et au nouveau neveu plein de vie, tantôt comme la maman qui apprend que son enfant est atteint d'un cancer fulgurant et, plus souvent encore, comme la bénévole qui accompagne des enfants malades et leur famille...

Bref, je connais presque tous les racoins de l'hôpital et inutile de vous dire que j'ai l'institution tatouée sur le cœur, tout comme le personnel clinique, les chercheurs, les préposées et les infirmières.

Durant toutes ces années, j'ai été témoin des efforts presque surhumains pour sauver les enfants, pour améliorer leur qualité de vie, pour leur assurer un avenir avec un grand «A». Rien n'est laissé au hasard: la vie d'un enfant n'a pas de prix! En appui à cette institution, il y a une panoplie de fondations, des milliers de collectes de fonds, de gigantesques téléthons pour que des millions de dollars soient ainsi amassés, année après année. Il suffit de mettre un petit enfant au crâne dégarni devant une foule ou sur un écran de télévision et hop!, tout le monde sort son chéquier! Le but ultime: guérir nos enfants, amoindrir leurs souffrances et leur permettre de rêver, de vivre leur insouciance et devenir ainsi de jeunes adultes qui bâtiront notre société et assureront l'avenir de notre peuple... Quelle fierté!

Je dirais aussi: bullshit de société! Parce que, durant ce temps à l'extérieur, nos enfants ne valent rien! Nous ne sommes même pas foutus de les protéger contre les vautours qui envahissent notre société. La pédophilie sévit et nous avons du mal à réagir. Le dernier cas à avoir fait les manchettes du monde entier: une jeune fille d'à peine 12 ans qui accouche d'un bébé dont le père présumé a 32 ans! L'homme de Trois-Rivières a été accusé en lien avec cette sordide affaire, puis on a appris que d'autres accusations pourraient être déposées parce qu'il aurait fait au moins une autre victime. Imaginez si votre fille de 12 ans donnait naissance à un bébé! Ben, voyons donc!

Qu'est-ce qui arrive dans les sociétés civilisées lorsqu'une épidémie prend d'assaut le peuple? On développe des vaccins, on cherche des solutions, on tente de réduire le nombre de victimes; on agit rapidement, point! Alors, dites-moi pourquoi ici rien n'est fait? Pourquoi laisse-t-on ces microbes s'en sortir avec des sentences complètement ridicules, sans aucune conséquence ou si peu? Nos enfants sont devenus des jouets que tout le mode peut utiliser à leur guise! Honte à nous!

La semaine dernière, les statistiques des signalements à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) ont été publiées: les signalements sont en hausse de 4,8%. Sur 86 861 signalements, 34 693 cas ont été retenus. Qu'est-ce qu'il advient des 52 000 autres cas rejetés? Est-ce qu'on a refermé le dossier sans trop regarder parce qu'on n'a pas les moyens financiers, pas les ressources, pas de temps à leur consacrer? Pourtant, quand un enfant martyr fait la une des journaux, tout le monde est sous le choc et prêt à faire passer le bourreau sur la chaise électrique!

Je ne mentionne même pas de tous ces enfants qui vivent bien au-dessous du seuil de la pauvreté, tous ceux qui sont atteints de maladies mentales et qui n'ont accès à aucune ressource, faute d'argent, ce maudit argent... Et pourtant tout le monde répète que la vie d'un enfant n'a pas de prix!

Et si nous parlons d'éducation, force est de constater qu'à moins de faire partie de la classe des biens nantis, la qualité de l'éducation est en déclin constant, encore une fois parce qu'on n'a pas les moyens ou, plutôt, parce qu'on ne veut pas se donner les moyens! Nous ne sommes même pas gênés d'envoyer nos enfants s'asseoir sur des bancs d'école infectés de champignons et de les faire étudier avec des dictionnaires datant de 1997!

Avec un grand soupir de découragement, on ne peut que conclure que nos enfants ne sont rien dans le grand échiquier gouvernemental, et ce, depuis des décennies!

À quand un ministère des Enfants? Pas un ministère de la famille, un ministère des Enfants, qui chapeauterait une brigade solide ayant comme seule mission de faire respecter les droits de tous les enfants, à tous les niveaux!

Si notre société s'inspirait directement de nos hôpitaux pédiatriques, dont le seul objectif est de sauver nos enfants et leur permettre de grandir avec l'insouciance de l'enfance, en toute sécurité? Je sais, je sais, je rêve!

Faut croire que nous ne sommes pas encore un peuple suffisamment grand pour véritablement accomplir les grandes choses qu'il faudrait!

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