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Le vivre ensemble n'est pas un luxe

Le vivre ensemble est et sera nécessaire plus que jamais. Il sera grandement avancé quand les Québécois réaliseront que les « musulmans, c'est du monde comme nous autres ».
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L'attentat de la mosquée de Québec a provoqué de très nombreuses réactions. Après la condamnation et les condoléances de rigueur, les chroniqueurs, politiciens, leaders religieux et simples citoyens ont commenté, fait leur mea-culpa, apporté des pistes de solution. Il semblerait que les réseaux sociaux aient aussi été fort actifs, colportant pas mal de messages d'intolérance. J'imagine que cela était à prévoir. Toute médaille a son revers.

Cette terrible tragédie a ramené le projecteur sur la communauté arabo- musulmane d'ici. Comme on le sait, la présence moyen-orientale au Québec ne date pas d'hier. Des Levantins sont arrivés dès la fin du 19 siècle, fuyant la pauvreté et les tensions religieuses. D'autres groupes d'immigrants ont suivi: Égyptiens dans la foulée de la prise du pouvoir par Nasser, Libanais dans le contexte de la guerre civile, algérienne et maintenant syrienne. Le gouvernement du Québec a, au cours des dernières années, sélectionné des immigrants du Maghreb, notamment pour leur connaissance du français.

La présence musulmane s'est donc faite plus visible ici, mais pas que du Moyen-Orient. Des ressortissants de l'Inde, du Pakistan, du Bangladesh et de l'Afrique notamment sont venus grossir les rangs de cette communauté. Davantage de voiles, de mosquées (ou plus pudiquement appelées centres culturels) et de langues différentes parlées dans les rues et les commerces de Montréal.

Maintenant que l'émotion est quelque peu retombée, il s'agit d'aller de l'avant. Les leaders musulmans ont passé leurs messages et demandes. Nos gouvernants ont fait des promesses et actes de contrition. En fait, le plus difficile reste à faire, probablement.

Nos dirigeants politiques doivent concrétiser leurs discours sans cependant brusquer ceux dans la population qui, pour toute sorte de raisons, ont des problèmes face à l'arrivée d'immigrants de cultures différentes de la nôtre.

Nos dirigeants politiques doivent concrétiser leurs discours sans cependant brusquer ceux dans la population qui, pour toute sorte de raisons, ont des problèmes face à l'arrivée d'immigrants de cultures différentes de la nôtre. En effet comme certains semblent l'avoir découvert il y a une mouvance raciste et islamophobe chez certains de nos concitoyens.

Le phénomène n'est pas que québécois. On n'a qu'à voir ce qui se passe chez nos voisins du sud et en Europe pour constater que le nombre accru de musulmans (pas nécessairement arabes) soulève des tensions, souvent ancrées dans l'ignorance et les préjugés.

Elles sont stimulées par des politiciens de droite pour leurs propres objectifs de pouvoir.

Une approche posée, mais ouverte de la part de nos gouvernements est requise. Elle ne devrait cependant pas se traduire par une acceptation aveugle de toutes les revendications.

La société québécoise se doit de mettre cartes sur table et défendre ses valeurs. De même que de promouvoir et aider à l'intégration, qui passe par la francisation et l'accès au marché du travail. Pour tous les immigrants.

Des compromis seront requis de part et d'autre. Les leaders musulmans doivent aussi faire un travail d'éducation. L'ouverture au public de certaines mosquées montréalaises ces derniers jours est une excellente initiative pour désamorcer des idées préconçues. Ils doivent continuer publiquement de se distancer du djihadisme qui est source d'amalgames regrettables .

Certains vont essayer de profiter de la période actuelle pour obtenir des avantages pour leur communauté. Certaines requêtes sont tout à fait légitimes, d'autres plus farfelues. Il faut que le gouvernement fasse preuve de sagesse et ne donne pas des arguments qui pourraient alimenter certains extrémistes.

Nous devons faire un constat réaliste: l'immigration en provenance de pays pauvres, particulièrement musulmans va se poursuivre tant et aussi longtemps qu'on y trouvera des conflits et que leurs économies se détérioreront.

Les gens migrent rarement par plaisir, mais par obligation. Et de la façon dont la situation évolue au Moyen- Orient il ne faut pas s'attendre à un changement. Au contraire.

Le vivre ensemble est et sera nécessaire plus que jamais. Il sera grandement avancé quand les Québécois réaliseront que les « musulmans, c'est du monde comme nous autres ».

Comme au fil des ans avec les Italiens, les Grecs, et j'en passe...

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Mai 2017

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