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La Tunisie: un modèle pour le Moyen-Orient?

L'aide internationale devrait faire de la Tunisie une priorité. D'une part c'est là qu'a commencé le «printemps arabe», d'autre part c'est le seul pays de la région qui est sur la voie de la démocratie et des réformes, que réclamait la population.
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Je lisais le Huffington Post-Tunisie récemment et me disais que l'échantillonnage des articles et contributions était très semblable à celui que l'on peut trouver dans sa version québécoise. Articles locaux portant sur la politique, l'environnement, la société, la violence faite aux femmes etc. J'en ai conclu qu'il s'agissait d'un signe positif. Ce constat signifie-t-il cependant que ce petit pays d'Afrique du Nord soit sorti de la période trouble qu'il avait connue après s'être débarrassé de la dictature Ben Ali? Sans doute pas, mais on peut penser qu'il soit sur la bonne route, désormais.

Les partis travaillent pour assurer des assises politiques stables, le gouvernement cherche à créer ces emplois dont ont besoin les jeunes et la lutte contre le terrorisme semble porter ses fruits. Mais il reste beaucoup à faire. En outre la situation chez le voisin libyen reste chaotique et a eu tendance à déborder en Tunisie. Les djihadistes de Daech semblent cependant en perte de vitesse. L'influence de cette idéologie devrait donc diminuer chez les extrémistes tunisiens. Un retour à une vie citoyenne sécurisée est nécessaire pour attirer l'investissement étranger et faire diminuer le chômage. Dans ce contexte l'initiative «Tunisia 2020», une conférence internationale qui se déroulera à la fin novembre à Tunis, devrait contribuer à harnacher un appui des secteurs publics et privés au développement économique social et durable du pays. Le Canada est appelé à y jouer un rôle d'importance.

L'aide internationale devrait faire de la Tunisie une priorité. D'une part c'est là qu'a commencé le «printemps arabe», d'autre part c'est le seul pays de la région qui est sur la voie de la démocratie et des réformes, que réclamait la population. L'Égypte a retrouvé la dictature pure et dure et en Syrie c'est l'enfer comme au Yémen. Les pays du Golfe eux n'ont pas bronché.

La Turquie était jusqu'aux dérives autoritaires récentes du président Erdogan un exemple que certains espéraient voir se reproduire ailleurs.

Un succès en Tunisie pourrait confirmer qu'un pays musulman puisse progresser de manière démocratique. Il ne faudrait pas y voir un modèle que l'on peut copier/coller ailleurs, car le monde musulman est bien trop disparate, mais au moins il pourrait encourager ceux qui croient que le Moyen-Orient peut être autre chose que conflits, dictatures et pauvreté. Ce qui n'est pas rien par les temps qui courent. L'Occident devrait donc l'aider, sans imposer sa propre vision de ce que ce pays devrait être.

Mais il faut rester vigilant et ne pas hésiter lorsque des tendances peu démocratiques apparaissent. Non pas pour faire des remontrances, mais pour soutenir la démocratie, car les retours en arrière sont toujours possibles. La Turquie était jusqu'aux dérives autoritaires récentes du président Erdogan un exemple que certains espéraient voir se reproduire ailleurs. On constate aujourd'hui que ce n'était pas aussi simple. Il y avait clairement une grande partie de la population qui était prête à un retour du religieux sur la place publique.

Une des erreurs que les diplomates et les journalistes font parfois à l'étranger est d'avoir comme principaux interlocuteurs les représentants des élites locales. Ces derniers parlent souvent anglais ou français, se font accessibles. Malheureusement ils représentent les intérêts de leur classe et sont parfois coupés de la majorité de la population. Aucun, sinon très peu d'experts du Moyen-Orient avaient prévu le «printemps arabe» et surtout pas qu'il commencerait en Tunisie. D'où l'importance de sentir le pouls des populations. Les sondages d'opinion sont rares ou peu fiables dans la région, mais il faut réaliser que les populations savent de plus en plus ce qui se passe et n'hésitent pas à réagir parfois violemment quand elles n'en peuvent plus.

Cette région réserve toujours des surprises et il ne faut pas croire qu'elle est statique. Les développements sont peut-être plus lents, mais ils sont possibles. Il faut les soutenir à moyen et long terme. Le passage du discours fait le 17 octobre au CORIM par Stéphane Dion, ministre des affaires étrangères canadien, à l'effet que «nous aidons particulièrement les pays qui choisissent le chemin de la démocratie» http://www.international.gc.ca/media/aff/speeches-discours/2016/10/17a.aspx?lang=fra est une bonne nouvelle pour la Tunisie. Il faut espérer que d'autres partenaires feront de même.

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