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Trump au pays de l'or noir

Les discours et postures du président Trump à Ryad confirment un retour à l'appui des dictatures et régimes non démocratiques de la région comme auparavant.
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Donald Trump a amorcé son premier voyage à l'étranger en visitant l'Arabie saoudite. Étrange choix quand on sait que ses prédécesseurs la réservaient traditionnellement au Canada ou au Mexique. Tant à Mexico qu'à Ottawa, on n'était sans doute pas triste de ne pas avoir à organiser pareille visite...

À Ryad, la monarchie locale a reçu le président avec tous les honneurs. Le roi Salmane à l'aéroport, remise d'une décoration et surtout contrats militaires «historiques» et promesses d'investissements aux États-Unis. Trump avait l'air rayonnant d'autant plus que cela lui permettait pour un temps de s'éloigner de ses problèmes domestiques.

Il a donné une impression «présidentielle» et n'a pas envoyé de tweets rageurs comme à son habitude. De leur côté, ses hôtes ont fait l'impasse sur les propos anti-musulmans pendant la campagne électorale et les mesures en matière de visas. Une image de bonne entente.

La nouvelle administration américaine est à détricoter les politiques et positions du président Obama que ce soit au plan intérieur (environnement, santé, fiscalité), mais aussi au plan extérieur. La visite en Arabie saoudite confirme que c'est le cas pour ses relations au Moyen-Orient.

Trump a déjà bombardé la Syrie, ce que le président Obama avait refusé de faire, par exemple. Les discours et postures du président Trump à Ryad confirment un retour à l'appui des dictatures et régimes non démocratiques de la région comme auparavant. Terminée la promotion des droits de la personne et de la démocratie. Place au «pragmatisme» mercantile et politique.

Trump ne tarit pas d'éloges par exemple sur le président égyptien al- Sissi qui emprisonne journalistes et opposants.

Mais surtout, Washington se range sans nuance derrière le monde sunnite dans ses tensions avec l'Iran, leader chiite.

Obama avait bien compris qu'un équilibre était requis dans le conflit séculaire entre sunnites et chiites afin de contribuer à la stabilité dans la région, en Irak notamment. Il avait conclu qu'il fallait d'aider à la réintégration de Téhéran sur la scène internationale. Cela passait par l'accord sur le nucléaire et l'appui aux «modérés» au pouvoir.

Dans les deux cas, il avait réussi. D'ailleurs, le président Rohani vient d'être réélu en Iran avec une forte majorité. Alors même que Trump se trouve louangé par un régime saoudien totalement réfractaire à la démocratie!

La nouvelle approche américaine sera peut-être profitable à court terme, car elle permet à Trump de prétendre qu'elle crée des emplois grâce aux ventes d'armes.

La nouvelle approche américaine sera peut-être profitable à court terme, car elle permet à Trump de prétendre qu'elle crée des emplois grâce aux ventes d'armes. De l'armement qui servira notamment contre la rébellion houthie au Yémen. Un conflit dont on parle peu, mais qui récolte son lot d'atrocités et d'exactions au droit humanitaire. Il servira aussi à soutenir la minorité sunnite au Bahreïn.

Il faut se rappeler que les Saoudiens ont été utilisés à de nombreuses reprises par les Américains comme fournisseurs d'armes pour aider des groupes comme les talibans en Afghanistan à une certaine époque et pour des groupes d'opposition au régime Assad actuellement.

Ce changement de stratégie devrait aussi être bien reçu par le gouvernement israélien qui est obsédé par l'Iran.

Les Saoudiens sont pourtant ceux qui appuient les courants les plus conservateurs de l'islam inspirant ou finançant des groupes djihadistes un peu partout, à coup de pétrodollars.

Trump et les Saoudiens se sont bien compris. Pour eux, c'est l'argent qui compte. Le premier cherche toujours à en faire plus pour lui et sa famille et malgré les chutes du prix du pétrole, dont les Saoudiens sont responsables, ces derniers en ont beaucoup. Ils vont en saupoudrer les États-Unis et des pays arabes, particulièrement l'Égypte, ce qui n'est pas nouveau d'ailleurs.

Les monarchies du Golfe, fragiles sur le plan intérieur, ont besoin de se rassurer en comptant sur le «parapluie» militaire américain en cas de conflit. L'invasion du Koweït par Saddam Hussein en 1990 a été un précédent révélateur.

Ceci dit, le retour à la politique d'avant le printemps arabe et l'appui aux régimes répressifs et la mise à l'écart des droits de la personne ne sont pas de bonnes nouvelles. Il ne fera qu'encourager un statu quo que les populations voudront renverser un jour ou l'autre et un accroissement des tensions avec les Iraniens et chiites de la région.

De bien mauvais présages. Mais Trump promet des développements dans le dossier palestino-israélien!

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