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Pourquoi les partis souverainistes doivent tenter de converger en 2018 (1/2)

À la veille de 2018, on se retrouve à la case départ avec le même mode de scrutin désuet, le PLQ en avance dans les intentions de vote depuis des mois et une opposition qui recueille, à quelques points, près les mêmes pourcentages qu'à l'élection précédente.
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En 2012, après 9 ans de régime libéral (accusations de corruption, hausses drastiques des droits de scolarités, mauvaise gestion de la grève étudiante, etc.), le Front Uni a été créé. Ce mouvement citoyen militait pour un projet de convergence entre les trois partis souverainistes (QS, PQ, ON), souhaitant qu'ils collaborent dans le but de détrôner les libéraux du pouvoir. En quelques jours, le mouvement a recueilli plus de 10 000 appuis. Les partis concernés ont entendu le message et ont tenté de discuter d'une possible entente de convergence. On rapporte qu'il y a eu un début de négociation entre les trois partis, mais aucune entente à trois n'a été conclue pour l'élection de 2012. On ne saura jamais vraiment ce qui a fait échouer la discussion. En 2016, lors d'un débat sur la gauche au Québec organisé par le journal Le Devoir, Jean-François Lisée, du PQ et Françoise David, de QS ont abordé le sujet, mais ils ne s'entendaient pas sur la cause de l'échec de ces négociations. Ils semblaient par contre s'entendre sur une chose: le résultat de cet échec a fait perdre la majorité aux souverainistes.

Quelques années après ces événements, on peut dire que l'échec de la convergence en 2012 a eu des conséquences majeures sur la suite de l'histoire du Québec. Les souverainistes auraient pu prendre le pouvoir ensemble, le PQ avec le plus de députés des trois et QS probablement avec la balance du pouvoir. Les partis souverainistes auraient pu en profiter pour remplacer le mode de scrutin uninominal à un tour par un mode proportionnel mixte, mettre de l'avant un certain nombre de mesures progressistes et écologistes, appliquer les recommandations de la Commission Bouchard-Taylor, faire avancer la souveraineté, etc. Il aurait fallu que chaque parti fasse d'importants compromis, et qu'ils fassent passer le bien commun avant leurs ambitions partisanes. Mais l'histoire en a décidé autrement.

À la veille de 2018, on se retrouve à la case départ avec le même mode de scrutin désuet, le PLQ en avance dans les intentions de vote depuis des mois et une opposition qui recueille, à quelques points, près les mêmes pourcentages qu'à l'élection précédente.

Le peuple québécois a élu un gouvernement péquiste minoritaire avec les suites que l'on connaît: un gouvernement aux mains liées, plusieurs erreurs stratégiques de la part du PQ, la charte des valeurs, l'élection de 2014, un gouvernement majoritaire libéral, les politiques d'austérité, le démantèlement de l'état québécois, le recul du projet souverainiste, etc. Et à la veille de 2018, on se retrouve à la case départ avec le même mode de scrutin désuet, le PLQ en avance dans les intentions de vote depuis des mois et une opposition qui recueille, à quelques points, près les mêmes pourcentages qu'à l'élection précédente.

Mais, heureusement, l'idée d'une forme d'alliance ou de pacte électoral est abordée par les politiciens indépendantistes, ce qui est rapporté dans les médias et fait l'objet de débats sur les réseaux sociaux. En prévision des votes importants qui seront tenus dans les instances des partis souverainistes au cours des prochains mois, voici un résumé des principales raisons pour lesquelles les partis souverainistes ne doivent pas faire la même erreur qu'en 2012, et doivent tenter de négocier une entente de convergence pour l'élection de 2018.

Le problème de la division

La première raison de converger est que, dans la politique québécoise actuelle, les partis souverainistes se divisent le vote des indépendantistes et des progressistes, ce qui avantage des partis fédéralistes plus à droite de l'échiquier. Les résultats électoraux de 2012 et 2014 nous disent que, dans environ 15 à 20% des 125 comtés, la somme des votes souverainistes (QS + PQ + ON) excède le nombre des votes obtenus par le député fédéraliste (CAQ ou PLQ) qui a remporté le comté. L'élection partielle qui a eu lieu en décembre dernier dans Verdun illustre ce phénomène: le PQ, QS et ON ont respectivement obtenu 27%, 18,5% et 0,8% du suffrage pour un total de 46% des votes, alors que la candidate libérale a remporté l'élection avec 35,5% des voix. Si rien n'est fait d'ici 2018, la division du vote des souverainistes nous fera encore perdre minimalement 10 à 15 comtés aux mains de la CAQ et du PLQ. Comment les souverainistes peuvent-ils penser reprendre le pouvoir avec 8 à 12% des comtés perdus d'emblée par cette division aux mains des fédéralistes, alors qu'il faut avoir plus de 50% des comtés pour former un gouvernement majoritaire?

La deuxième raison de tenter la convergence, c'est qu'elle pourrait atténuer le problème de la division et favoriser ainsi l'élection d'un plus grand nombre de députés souverainistes. Bryan Breguet, analyste de la politique et des sondages et auteur du blogue Too close to call, a publié un article sur le site de la revue L'Actualité en mai 2016. Il y affirme que, même si un certain nombre d'électeurs souverainistes refusaient d'appuyer un candidat unique d'un autre parti indépendantiste que celui qu'ils appuieraient normalement, la grande majorité des souverainistes seraient prêts à appuyer une telle entente en votant pour le représentant indépendantiste qui se présente dans leur comté. En utilisant des résultats des sondages de CROP et Léger, il en est venu à la conclusion suivante: si le PLQ a environ 33 à 35% d'appuis; le PQ, 26 à 30%; la CAQ, 21 à 23% et QS, 10 à 14%, les projections en termes de comtés remportés par chacun des partis sont les suivantes:

PLQ PQ + QS CAQ

Sans convergence: 56 48 + 3 (= 51) 18

Avec convergence: 52 64 9

De ces projections, on peut conclure qu'une entente de convergence pourrait avoir l'effet de changer un gouvernement minoritaire libéral (sans convergence) en gouvernement souverainiste péquiste minoritaire, où QS aurait fort probablement la balance du pouvoir (avec convergence). Bien sûr, une entente de convergence ne garantit pas une victoire assurée aux partis souverainistes; plusieurs scénarios sont possibles. Il en augmente par contre significativement la possibilité, en favorisant l'élection d'un plus grand nombre de députés indépendantistes. L'objectif idéal à viser serait que le PQ obtienne environ 50 à 55 comtés; QS, 10 à 15 (de 3 à 5 fois sa députation actuelle!), et ON, s'il n'est pas fusionné avec QS, au moins un député pour le représenter à l'Assemblée nationale. La convergence pourrait transformer un contexte nuisible politiquement pour les souverainistes et les progressistes en une situation favorable pour eux.

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