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Les candidats seront-ils enfin questionnés sur les véritables enjeux de vie ou de mort?

Le taux de tabagisme au Québec stagne à près de 24 % depuis 6 ans. Autrement dit, l'industrie parvient à remplacer chaque client qui meurt ou qui arrête par un nouveau fumeur. N'est-il pas temps de demander qui, parmi les chefs de partis, s'engagera à prioriser la lutte contre cette catastrophe de santé publique?
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L'un des enjeux soulevés lors du premier débat des chefs, et presque quotidiennement dans le cadre de la campagne électorale, est l'engorgement du système de santé, reflétant ainsi la première préoccupation des Québécois : l'accès aux soins et aux services médicaux. Le Parti québécois propose ainsi de multiplier le nombre de groupes de médecine familiale (GMF), alors que le Parti libéral promet d'augmenter le nombre de super-infirmières et de super-cliniques.

Or, bien que ces mesures puissent contribuer à améliorer la situation, il s'agit d'une approche unidimensionnelle qui mise uniquement sur les soins de santé. Comme d'habitude, ni les chefs, ni les journalistes n'ont songé un instant à parler des risques évitables qui contribuent à l'engorgement du système de santé. C'est-à-dire, pourquoi y a-t-il autant de Québécois qui nécessitent ces soins et comment peut-on réduire le nombre de malades?

En effet, il est déplorable de parler de désengorgement et de réduction des coûts de santé sans mentionner que le tiers (32,6 %) des coûts associés aux journées complètes d'hospitalisation et plus du quart (27 %) des ressources infirmières liées aux hôpitaux sont accaparés par le tabagisme.

À Montréal seulement, on recense 27 000 visites annuelles aux urgences pour des maladies pulmonaires obstructives chroniques (MPOC), soit la plus importante cause d'hospitalisations et de visites à l'urgence au pays. La principale cause de ces maladies respiratoires? Le tabac. Faut-il rappeler que chaque réduction de 1 % du taux de tabagisme épargne à l'État 41 millions de dollars par année en soins de santé?

Mais pourquoi les chefs s'attarderaient-ils à la prévention du tabagisme ou à d'autres facteurs de risques alors que les journalistes les confrontent rarement sur ces enjeux ? À quand remonte la dernière fois qu'un journaliste a demandé à un candidat : « Pourquoi ne proposez-vous rien pour réduire le nombre de malades, alors que les trois quarts des maladies chroniques - cancers, maladies cardiaques, maladies pulmonaires - sont entièrement évitables? »

Le tabagisme, malgré la réduction observée au cours des dernières décennies, demeure le tueur numéro un des Québécois, occasionnant 28 décès tous les jours.

Mais soyons honnêtes, il est beaucoup plus « sexy » de parler de GMF et de super-infirmières que de mesures de prévention du tabagisme, telle l'interdiction d'ajouter des saveurs sucrées ou fruitées aux produits du tabac, ce qui favorise l'initiation chez les jeunes. En bout de ligne, on se retrouve avec plus de fumeurs, et donc plus de malades à soigner tôt ou tard.

Les mesures antitabac ont aussi un impact sur le système de santé à très court terme. Par exemple, le fait de minimiser l'exposition des enfants à la fumée de tabac réduit les visites chez le médecin ou à l'urgence pour des otites ou crises d'asthme aggravées. Contrairement à toutes les autres provinces canadiennes, le Québec n'a même pas encore interdit de fumer dans les voitures en présence d'enfants!

Le taux de tabagisme au Québec stagne à près de 24 % depuis 6 ans. Autrement dit, l'industrie parvient à remplacer chaque client qui meurt ou qui arrête par un nouveau fumeur. Hélas, les 30 000 jeunes qui s'initient au tabagisme chaque année - en moyenne à 12,7 ans - ne font jamais l'objet d'importants débats politiques.

N'est-il pas temps de demander qui, parmi les chefs de partis, s'engagera à prioriser la lutte contre cette catastrophe de santé publique?

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