Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Ce que j'ai dû faire pour couper le cordon

Depuis sa naissance, mon fils est très attaché à moi, émotionnellement et physiquement. C'est un bébé qui n'a voulu que mes bras pendant de longs mois, c'est un enfant qui me cherchait constamment du regard et pour qui mon absence provoquait toujours des pleurs.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Depuis sa naissance, mon little G est très attaché à moi, émotionnellement parlant bien entendu, mais également physiquement. C'est un bébé qui n'a voulu que mes bras pendant de longs mois, c'est un enfant qui me cherchait constamment du regard et pour qui mon absence provoquait toujours des pleurs.

Plus les mois passaient, plus ça s'accentuait avec un pic à 9 mois où la crise de la séparation a bien eu du mal à passer. Les pleurs ont redoublé de force, passer dans une autre pièce était impossible et même m'éloigner d'un pas provoquait des crises de larmes interminables. Je me suis sentie prise au piège, je ne savais plus comment gérer tout ça... Mais j'ai pris mon mal en patience, on m'a dit que ce n'était qu'une phase et que ça allait s'atténuer et ce fut le cas, mais pas tout de suite.

10 mois, 11 mois, 1 an... Toujours ce besoin viscéral de s'accrocher à moi, même si quelques progrès se dessinaient. Ce fut vraiment difficile, car je voyais bien que les autres enfants que je fréquentais étaient plus "détachés" de leurs parents, plus enclins à la découverte, à la curiosité. Quand j'étais en présence d'autres familles, toujours la même scène : aussitôt au sol, les enfants se munissaient de jouets et s'amusaient tranquillement pendant que leurs parents s'installaient plus loin. De mon côté, aussitôt le pied posé au sol, il s'agrippait à mes jambes et se mettait à pleurer pour que je ne m'éloigne pas d'un pas. Bon bah tant pis, je m'installe avec les parents et mon bébé sur les genoux et j'observe au loin cette scène qui me paraît totalement inconnue. Secrètement, je jalouse ces parents pour qui tout a l'air si simple et je suis aussi un peu gênée...

Le regard des autres n'a pas toujours été bienveillant

J'en avais d'ailleurs parlé dans mon billet appelé "Couper le cordon?". Je me suis sentie alors très seule et totalement incomprise, car je souffrais moi aussi de la situation, mais impossible de trouver une issue...

Car la seule issue possible à tout ça était, selon moi, de le rassurer, le rassurer constamment. S'il tend les bras vers moi, je le porte, s'il pleure quand je quitte la pièce, je lui explique que je reviens dans une minute. S'il se réveille la nuit, j'y vais, je l'embrasse et lui dit que tout va bien, que je suis à côté, qu'il peut se rendormir et qu'il est en sécurité. Croyez-moi, ce choix n'a pas été compris par tout le monde!

Mais que faire d'autre dans ces moments-là? J'ai pris le parti de penser que le rassurer et répondre à ses besoins étaient alors la seule façon de m'en sortir. Alors c'est ce que j'ai fait, jusqu'à l'épuisement, car oui c'est éprouvant tant physiquement que moralement. Les réflexions se sont faites de plus en plus nombreuses : "tu lui donnes de mauvaises habitudes, tu devrais lui dire non, laisse le pleurer, mais tu vois bien que c'est un caprice", etc. Chacun réagit à sa façon, mais j'ai toujours pensé qu'en comblant ses désirs/besoins je lui apporterai alors suffisamment de confiance en lui et de sécurité affective pour qu'il puisse un jour voler de ses propres ailes. Je vous avoue que cette théorie m'allait bien car, de toute façon, je n'aurais jamais pu le laisser pleurer ou lui tourner le dos quand il pleurait pour que je le prenne dans mes bras.

J'ai toujours pris le parti de la patience et je savais qu'un jour ça irait mieux, sans trop savoir quand, mais c'est arrivé

>2016-02-02-1454444745-8221219-MamanLouve_Prendsmoidanstesbrasmaman1024x768.jpg

Aujourd'hui, little G a 18 mois et ce changement s'est opéré il y a déjà plusieurs mois, mais je n'arrivais pas à le dire ni l'écrire de peur que ce ne soit qu'une phase. En fait, tout semble s'être apaisé avec la marche, à 15 mois. Je ne sais pas si c'est en lien avec ce changement, mais je pense que ça a pu y contribuer. En même temps qu'il a découvert la marche, il s'est alors séparé de moi et s'est mis en quête de découvrir le monde.

Aujourd'hui, il n'a plus peur, même en présence de beaucoup de monde, il vaque à ses activités et est de plus en plus autonome. Il y a quelques semaines, pendant un repas de famille avec beaucoup de personnes, je l'ai observé pendant de longues minutes. Il était à l'autre bout de la pièce, il jouait tranquillement avec un ballon, puis il s'est levé et a été voir les autres enfants, il a ensuite été dans la cuisine faire un tour, a fait un détour par la table pour chiper un petit truc à manger, et est revenu à son ballon. C'est rien, c'est tellement rien comme scène et pourtant au loin, depuis mon canapé, je me suis dit "ça y est, le plus dur est fait".

Je l'ai regardé et je l'ai senti si confiant, si serein, si à l'aise, il jouait tranquillement sans même me chercher du regard. Il était grand d'un coup, si grand, si bien dans ses chaussures que je me suis rendue compte que c'était là ma plus belle récompense. Tout ce que nous avons fait a payé, toutes ces heures à le porter et à le réconforter ont porté leurs fruits. J'ai aujourd'hui un petit garçon plein d'assurance et qui a décidé d'accepter enfin d'avoir de petites ailes dans son dos et de les laisser pousser.

Tout cela pour dire qu'il faut une sacrée patience pour réussir à combler toute cette insécurité, ses peurs et ses appréhensions, mais que ça finit par passer! Oui, j'ai toujours un enfant très sensible et ça fait partie de son caractère je pense, oui il aime toujours autant les bras de ses parents, mais ce n'est plus comme avant.

Ne jugeons pas trop vite les parents et n'enfermons pas trop hâtivement les enfants dans des cases. Pour que mon fils soit si libre aujourd'hui, il nous a fallu du temps, de la patience et beaucoup d'amour, et je ne regrette en rien ce par quoi nous sommes passés quand je vois le résultat sous mes yeux... Aujourd'hui, c'est une vrai bouffée d'air, et regarder ce bébé devenu un petit garçon plein d'assurance me bouleverse de jour en jour.

VOIR AUSSI :

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.