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Quelle convergence pour l'indépendance du Québec?

Dans les mois à venir, le Parti québécois devra s'atteler à renforcer cette convergence tant voulue par celles et ceux qui la croient réalisable.
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Mon arrière-grand-père est né colonisé.

Mon grand-père est né colonisé.

Mon père est né colonisé.

Je suis né colonisé.

Mes ainés ont libéré ma patrie, mais il m'a fallu 40 ans et

L'exil pour savourer un semblant de liberté.

Trois principes pour une convergence acceptée

La course à la chefferie du Parti québécois aura tenu en haleine bien des observateurs, des analystes, des journalistes et le commun des mortels au Québec et dans the Rest of Canada (RoC). Au final, Jean-François Lisée aura été élu, en toute démocratie par une majorité éclatante de militants du Parti québécois. Bien des indépendantistes voient en lui le chef en mesure de battre les libéraux lors des prochaines joutes électorales, mais d'autres ne croient pas qu'il fera le pas vers l'indépendance du Québec avant 2022. Qui a raison? Qui a tort?

Par principe, je suis pour l'indépendance du Québec, mais je ne suis qu'un observateur venu de ma lointaine Algérie et il m'est arrivé de proposer à discussion quelques-unes de mes réflexions sur ce sujet. Elles n'ont pas toujours l'assentiment de toutes et de tous, mais elles intéressent bien du monde concerné directement ou indirectement par l'autodétermination des peuples.

Retour sur une mémoire d'enfance

J'avais à peine cinq ans lorsque mes aînés ont déclenché la Révolution algérienne un jour de la Toussaint. Une révolution qui a sonné le glas des colonisations en Afrique. Cela s'est passé le 1er novembre 1954, au lendemain de Diên Biên Phu, cette grande bataille qui a mis aux prises les révolutionnaires Indochinois et les troupes coloniales françaises. Au cours de cette bataille bien des Algériens se sont retrouvés comme «sujets français» du côté des occupants et bien d'autres, qui s'étaient rebellés, ont pris le parti des Vietnamiens (quelques-uns sont même revenus au pays accompagné d'une Vietnamienne).

Quelque six mois plus tard (novembre 1954), de jeunes militants du mouvement national algérien avaient analysé les effets de Diên Biên Phu et en ont déduit que c'était l'heure de changer les méthodes d'action et de militance pour chasser le colonisateur français et libérer le pays. Leur vraie première action a été la réflexion et de celle-ci en est sortie la rédaction de la proclamation du 1er novembre 1954. Le contenu de ce projet révolutionnaire allait être pris à bras le corps par tout un peuple dans une guerre de libération nationale qui sonna le glas du colonialisme.

Ce qui en est advenu par la suite est une autre affaire qui pourrait être examinée en temps voulu. Pour l'heure, les historiens s'attellent à nous en écrire des pans jusqu'à ce jour occultés.

Trois principes pour une convergence partagée: participation, réalisation, intégration. En tout état de cause, ce dont je me rappelle, c'est ce grand principe partagé par tous et qui a mené ces révolutionnaires algériens du siècle dernier jusqu'à la victoire finale: l'indépendance de l'Algérie.

Ce principe se lit comme suit : «celles et ceux qui veulent participer à la réalisation de cet idéal sont invités à intégrer les rangs du Front de libération nationale (FLN) à titre individuel et en accepter les règles». Une des règles énoncée et acceptée par toutes et par tous était l'adhésion par toutes et tous «à l'unicité de direction qui aussi paradoxale que cela puisse paraître était collégiale» (le conseil révolutionnaire d'union et d'action - CRUA - était composé de six membres).

Bien entendu, avant de poursuivre et avant que les libéraux et les fédéralistes ne commencent à s'offusquer, à s'étrangler et à crier à qui veut les entendre que mon propos est une hérésie et que le Québec est une province du Canada qui est un grand pays démocratique... Je tiens à souligner que la Belle Province ne se trouve pas dans le même environnement politique et est encore moins soumise au même type de colonisation.

Les monarchies au-dessus de l'Écosse, la Catalogne, le Québec

Cependant, il reste que la coquille dans laquelle sont enfermées la société, l'identité et la culture québécoises, n'est pas du tout à l'aise sachant que l'épée de Damoclès est toujours suspendue et bien tenue par les fédéralistes, toutes obédiences politiques confondues, et qui plus est, sont tous monarchistes. Comment l'Écosse et la Catalogne sont-elles arrivées à mobiliser toutes leurs citoyennes et tous leurs citoyens? La réponse pourrait se résumer de la sorte: c'est en parlant le même langage, au-delà des divergences et des perspectives. C'est aussi en acceptant le principe unique qui est : faisons l'indépendance et nous verrons après.

La situation est certes différente pour le Québec, mais n'est-il pas déjà admis par toutes et par tous que cette province est un grand pays à part, avec une société à part, une identité et une culture distinctes en Amérique du Nord? Alors, il est tout à fait normal que ce pays, sa société, son identité et sa culture puissent s'exprimer sans contraintes et sans être soumis comme sujets d'un gouvernement supranational exogène dans un Canada à jamais monarchiste et non indépendant, par conséquent que la chance soit donnée ou arrachée pour s'autogouverner serait tout à fait approprié et opportun.

Dans les mois à venir, le Parti québécois devra s'atteler à renforcer cette convergence tant voulue par celles et ceux qui la croient réalisable.

De quelques principes de la convergence

Ce qui est suggéré? C'est que le Parti québécois avec Jean-François Lisée et sa direction en cours de formation, ne doivent plus être seulement ceux des péquistes, mais ceux de tous les Québécois de quelques origines que ce soit. C'est la démarche suivie par l'Écosse et la Catalogne, le ralliement des forces vives de la société civile : jeunes, femmes, immigrants, ainés, francophones, anglophones, hispanophones, Européens de l'est, Nord-africains, Arabes du Moyen-Orient, etc. Celles et ceux qui ne veulent pas se rallier, grand bien leur fasse. Viendra le jour où les circonstances et la conjoncture les pousseront à le faire. En Algérie, ces militants du schisme et de l'attentisme avec l'égo démesuré se sont ralliés au lendemain du cessez-le-feu, le 19 mars 1962, à peine trois mois avant (le 4 juillet 1962) la proclamation d'indépendance.

Alors se posent les questions suivantes, pour le Québec: le Parti québécois est-il en mesure avec Jean-François Lisée de rallier toutes et tous les indépendantistes, les vrais, pas les assimilés? Le projet de convergence sera-t-il opérationnel entre 2018 et 2022?

Dans les mois à venir, le Parti québécois devra s'atteler à renforcer cette convergence tant voulue par celles et ceux qui la croient réalisable. Si elle est probable, des principes à respecter et à faire accepter sont nécessaires pour franchir l'étape du ralliement: il s'agit d'abord du maintien dans les rangs de toutes celles et de tous ceux qui s'y trouvent au 7 octobre 2016, ensuite il faudra veiller à augmenter le nombre de militants en allant chercher encore plus de Québécoises et Québécois toutes origines confondues. Cela devrait être suivi d'une explication de ce que sont la convergence et le ralliement à l'interne et ainsi faire des militants des vecteurs de rassemblement.

Par ailleurs, la convergence ne doit pas être faussée par un énoncé illisible. Il doit être clair et limpide dans la définition et les étapes, les valeurs et les règles participatives. Cette convergence doit être codifiée et pour cela un projet de plateforme ou de proclamation doit être conçu et publié afin de donner la chance à toutes et à tous d'en prendre connaissance et d'y adhérer ou de l'ignorer en assumant les conséquences qui en découleront. Enfin, la convergence doit être consacrée autour du grand principe du ralliement de toutes et de tous et sans condition.

Est-ce possible dans ce Québec?

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