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Sortir le Bloc québécois du cul-de-sac étapiste

Le jour où l'on voudra nous passer un oléoduc de force au cœur et dans les veines de notre territoire, nous n'aurons pas le temps d'attendre un référendum gagnant pour agir.
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L'étapisme est une stratégie qui sépare la prise du pouvoir par un parti indépendantiste de l'enclenchement du processus de réalisation d'indépendance. Ainsi, un parti qui se présente aux élections avec cette stratégie demande le mandat de tenir un référendum tout en demeurant dans un cadre provincial, et ce tant qu'il n'obtient pas une deuxième victoire; la victoire électorale devant être doublée d'une victoire référendaire. Non seulement cette stratégie s'est-elle montrée inefficace, elle a par deux fois placé le Québec en position de faiblesse; la défaite de 1980 ayant permis à Trudeau père de parachever l'indépendance du Canada et le vol de 1995 ayant conduit au déploiement du Plan B d'Ottawa dont nous continuons de subir les effets encore aujourd'hui.

Cette réalité n'est pas étrangère au fait que tous les chefs péquistes depuis M. Parizeau ont préféré imaginer des formules pour toujours repousser un peu plus loin l'engagement de tenir un référendum, de peur de placer le Québec en position encore plus vulnérable. Malheureusement, ils ont tous choisi l'attentisme provincialiste à la place de se consacrer à la tâche de revoir le cadre stratégique du Parti Québécois et du mouvement indépendantiste québécois.

L'attentisme provincialiste du PQ aura été très pernicieux pour le Bloc Québécois, qui subit ses effets collatéraux de façon dramatique ayant perdu plus d'un million de votes en une vingtaine d'années: de 1,846,024 en 1993 à 816 669 en 2015. L'étapisme place le Bloc Québécois dans une position défensive, lui conférant le rôle de veiller aux intérêts du Québec dans le cadre du régime fédéral canadien, de contrer les charges du gouvernement d'Ottawa.

À la suite de la déroute électorale de 2011, des militants du Bloc Québécois ont bien tenté de redonner un second souffle au parti en le dotant d'un nouveau rôle, celui de faire la promotion de l'indépendance. Le tournant indépendantiste tant souhaité ne se refléta pas dans l'urne et malgré des efforts en ce sens, la chute se poursuivit. Le Bloc continua de voir ses appuis baisser et perdit 73 119 votes de plus entre 2011 et 2015.

Le prochain chef du Bloc Québécois a la mission de faire passer le parti de la parole aux actes, de lui donner un nouveau cadre stratégique, de le faire passer de la défensive à l'offensive, de la promotion publicitaire à l'action indépendantiste. Pendant que les libéraux du Québec déconstruisent l'État du Québec, que Trudeau fils tente de bâtir un État postnational de sa position à Ottawa et que les souverainistes du Québec préfèrent espérer une convergence dans l'attente, au Bloc Québécois il est plus que temps de se dépasser, de s'arracher du cadre dans lequel nous semblons fixés et d'imaginer une nouvelle façon de reprendre la marche vers la liberté.

Lors de l'élection de 2019, proposons aux Québécois de nous appuyer dans le rapatriement de pouvoirs qui sont essentiels au développement du Québec et à l'amélioration des conditions d'existence de notre nation.

Ainsi, j'en appelle à tous les militants bloquistes y compris le prochain chef et les députés du caucus, dans cette course à la chefferie et ensuite au cours de l'année de congrès national qui précédera l'élection de 2019 à nous doter d'un programme qui présentera aux Québécois une possibilité d'avancée pour notre État. Lors de l'élection de 2019, proposons aux Québécois de nous appuyer dans le rapatriement de pouvoirs qui sont essentiels au développement du Québec et à l'amélioration des conditions d'existence de notre nation. Dressons une liste de pouvoirs que nous voulons rapatrier pour le Québec dans un premier temps. Demandons aux Québécois de nous appuyer et bâtissons ensemble un puissant rapport de force qui nous permettra, avec une équipe de députés dont les rangs auront grossi, de passer à l'offensive à la chambre des communes, mais aussi en dehors des instances parlementaires et d'arracher du gouvernement d'Ottawa des compétences et des ressources qui au fond nous appartiennent.

Le jour où l'on voudra nous passer un oléoduc de force au cœur et dans les veines de notre territoire, nous n'aurons pas le temps d'attendre un référendum gagnant pour agir. Cessons de nous soumettre à un ordre constitutionnel qui n'est pas le nôtre. Provoquons les choses, accélérons l'histoire. Osons.

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