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Pourquoi je n'aime pas le Canada

RÉTRO 2013 - Dans mon coin, ça fête fort le Canada: à Deux-Montagnes le 1er juillet, la ville est rouge de monde, le Parc Central est bien rempli pour le spectacle bilingue et pour le feu d'artifice. Mais moi, je n'ai pas envie de fêter. Pourquoi je n'aime pas Canada alors que c'est le pays où je vis?
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Ce que mes amis et moi appelons «le temps des fêtes» bat son plein. Cette période, qui commence à la Saint-Jean-Baptiste et qui va jusqu'à la fête nationale française du 14 juillet, comprend le 4 juillet, l'Independence Day des Américains. Le Canada aussi célèbre durant cette période, ainsi le 1er juillet c'est le Canada Day, mais moi je ne fête pas, même que je préfère partir dans l'bois pour ne rien voir de ces célébrations. Surtout que dans mon coin, ça fête fort le Canada: à Deux-Montagnes le 1er juillet, la ville est rouge de monde, le Parc Central est bien rempli pour le spectacle bilingue et pour le feu d'artifice, pas des pétards de terrain de camping, on parle d'un spectacle pyrotechnique de la qualité de ceux de La Ronde. Pourquoi n'ai-je pas envie de fêter? Pourquoi je n'aime pas le Canada alors que c'est le pays où je vis?

La Confédération

Je vais y aller sans détour, le Canada est selon moi une imposture; le Canada n'est pas une confédération, pas au sens du mot selon le dictionnaire Larousse en tout cas:

«Association d'États indépendants qui ont délégué l'exercice de certaines de leurs compétences à un pouvoir central, constitué par un organisme de coordination dont presque toutes les décisions doivent être prises à l'unanimité des États membres.»

Les provinces canadiennes ne sont pas des États indépendants et elles ne participent pas aux décisions du gouvernement d'Ottawa qui agit unilatéralement, au-dessus de tout. Le Canada est plutôt une fédération centralisée, plus centralisée encore que son voisin américain. Si le Canada était une confédération, il ne tenterait pas de garder des membres de force, il n'aurait pas volé le référendum de 1995 à coup de commandites et de manipulations de la liste électorale du Québec. Si le Canada était une confédération, les provinces seraient des États libres, des pays comme la France, l'Italie ou la Norvège qui font partie d'une confédération: l'Union européenne.

Le bilinguisme

La confédération de 1867 devait établir un pacte entre deux nations: les Canadiens-français et les Canadiens-anglais. Or, ce pacte n'a jamais existé. Le poids des francophones n'a jamais cessé de diminuer, la Nation métis se meurt au Manitoba, les Acadiens se dissipent en parlant franglais et Montréal, la métropole des Québécois, s'anglicise à vitesse grand V. Le bilinguisme imposé par Trudeau ne fait rien pour protéger le fait français au Canada. Ce bilinguisme, c'est aux francophones qu'il est exigé. Ainsi, 57% des Canadiens bilingues viennent du Québec. En comparaison, 42% des Québécois sont bilingues alors que 6,2% des Albertains le sont. Au Québec, la seule province francophone du Canada, le français recule. Nous avions une loi 101 pour tenter de protéger notre langue, mais la Cour suprême du Canada l'a rendue inefficace par ses décisions biaisées. Le bilinguisme tel que nous le vivons présentement au Canada ne protège pas le fait français - pas même au Québec -, et il crée des frustrations et du ressentiment envers les francophones dans le ROC.

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Chinois (non spécifié)

Les 25 langues les plus parlées à la maison par les immigrants au Canada (2013)

Le multiculturalisme

Le multiculturalisme canadien contrairement à ce que l'on pourrait penser n'est pas une idéologie basée sur l'ouverture et l'intégration, c'est plutôt un modèle d'intégration des immigrants basé sur la fermeture et la ségrégation. Ainsi, il n'y aurait pas de culture majoritaire au Canada et les différentes communautés se regrouperaient dans des ghettos culturels et linguistiques de telle sorte que les immigrants pourraient continuer de vivre exactement comme s'ils n'avaient pas immigré.

C'est donc un modèle qui ne favorise pas les rapprochements et la cohésion sociale. De plus, le multiculturalisme canadien relègue les Canadiens-français et les Premières Nations au niveau de n'importe quelle autre communauté ne tenant pas compte du fait que ces peuples vivaient ici, en paix, longtemps avant le Canada. Le modèle d'intégration québécois est à l'opposé du multiculturalisme canadien. Au Québec nous prônons l'interculturalisme, un modèle qui ressemble beaucoup plus au «melting pot» américain, un modèle où tous les citoyens contribuent à façonner une identité commune, un modèle où la culture historique joue un rôle important et où des gens venus de partout enrichissent une identité déjà bien affirmée. Le multiculturalisme canadien est basé sur une charte qui fait primer les droits individuels sur les droits collectifs (pensons à l'affaire des turbans sur les terrains de soccer). Un peu comme pour la langue, le Canada empêche le Québec de se définir d'un point de vue national en ce qui à trait à l'intégration des immigrants.

La monarchie

En 1776, les Américains se sont débarrassés de la monarchie britannique, en 1789 les Français en ont fait de même avec leur Roi. Les Patriotes de 1837-1838 voulaient eux aussi s'affranchir du pouvoir monarchique et instaurer une République. Mal leur en pris, ils furent battus, incarcérés, pendus, déportés, exilés, leurs villages furent incendiés avec les récoltes, leurs femmes furent violées et humiliées. La monarchie britannique a commis un véritable crime de guerre à l'endroit de nos aïeux il y a à peine 175 ans. C'est sur la base de cette répression que s'est construit le Canada monarchique. Aujourd'hui encore la Reine est chef de l'État et des armées canadiennes, son visage est toujours sur nos pièces de monnaie, les immigrants qui deviennent citoyens du Canada doivent lui prêter serment et quiconque veut devenir député doit en faire autant... Et on s'étonne que certains élus aient un comportement douteux, pourtant ils ne prêtent pas serment au peuple ou à la Nation, mais bien à la couronne.

Un Canada impossible

Le Canada est peut-être le pays rêvé pour bien des Canadiens, mais pour moi, en tant que Québécois, républicain et démocrate, c'est un cauchemar qui se poursuit tous les jours. Pour que je devienne un jour fier du Canada, il y faudrait d'improbables changements. D'abord, le Canada ne devrait plus avoir un pouvoir central au-delà des provinces devenues États avec un grand É. Le gouvernement d'Ottawa n'existerait plus et le nom Canada serait devenu une référence continentale comme le nom Europe ou encore comme le nom Scandinavie. Le Canada devenu une confédération d'États souverains n'aurait plus le choix que d'être bi-national ou même multinational, chacune des ses composantes ayant le choix de vivre selon son histoire, sa culture et son identité. Ainsi le Québec pays serait résolument français, le Nunavut pays serait le reflet des Premières Nations qui y vivent et l'Alberta n'aurait plus à subir le bilinguisme. Certains États du Canada pourraient choisir le multiculturalisme comme modèle d'intégration, ce serait sans doute le choix de l'Ontario et de la Colombie-Britannique. Le Québec pourrait quant à lui enfin choisir et implanter son propre modèle d'intégration, il n'y aurait plus d'ambiguïté pour les nouveaux arrivants. Finalement, la monarchie britannique et ses symboles seraient renvoyés d'où ils viennent, à Londres.

Le Canada serait une confédération de Républiques libres, mais c'est un Canada complètement impossible, alors faisons donc la République du Québec, cela servira d'exemple au ROC, car le gouvernement d'Ottawa est une mauvaise chose d'un océan à l'autre.

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